La Cardiopathie Congénitale est une anomalie du cœur et des vaisseaux qui survient au moment de la gestation, c’est-à-dire au moment de la vie ultra utérine, au moment de l’androgénèse. Il existe deux types de cardiopathie congénitale : la classification structurelle (anatomique) et la classification physiologique. Pour ce qui est de la classification anatomique, on distingue trois (3) catégories de cardiopathie congénitale : des cardiopathies congénitales avec ‘’shunt gauche-droit’’, des cardiopathies congénitales avec ‘’shunt droit-gauche’’ et des cardiopathies congénitales sans ‘’shunt,’’ c’est-à-dire de sténose. Les cardiopathies congénitales avec shunt gauche droit sont non ‘’cyanogènes’’ c’est-à-dire qu’il n’y a pas de coloration bleutée des lèvres et des téguments. Les cardiopathies congénitales droit-gauche avec cyanogènes, c’est-à-dire avec coloration bleutée de lèvres et des téguments, et les autres sans coloration bleue des téguments.
Selon les explications de Dr. Moussa Assoumane, cardio-pédiatre au service de cardiologie à l’Hôpital Général de Référence, le ‘’shunt’’ est un court-circuit. Parce que, normalement, la circulation du cœur est une circulation en série. Il n’y a pas de communication entre les cavités droites et les cavités gauches. Mais, dès qu’il y a une communication, on parle de ‘’shunt’’. Parlant des cardiopathies congénitales avec ‘’shunt gauche-droit’’, il a cité par exemple la Communication Intra Ventriculaire (CIV), la Communication Inter Auriculaire (CIA) ou le canal artériel. « L’enfant peut les avoir sans qu’on ne voie la coloration bleue. Alors que de l’autre côté, les cardiopathies congénitales avec ‘’shunt droit gauche’’, la plus grande ou la plus connue des pédiatries cardiaques, c’est ‘’la Tétralogie de Fallot’’ (TDF), ou bien transposition des gros vaisseaux ou ventricule unique. Et, si on part au niveau des cardiopathies sans ‘’shunt’’, c’est des sténoses c’est-à-dire un rétrécissement au niveau des vaisseaux. S’il y a un rétrécissement de la perte pulmonaire, ça diminue le niveau du sang qui part vers le poumon et ça renforce l’activité du muscle cardiaque droit », a-t-il fait savoir.
De par la littérature scientifique, dans 90% des cas, les cardiopathies congénitales ont des causes idiopathiques, c’est-à-dire non connues, mais il y a des facteurs favorisants. Il s’agit notamment des facteurs infectieux, les virus de la rubéole, mais également l’exposition à certaines irradiations. Il y a des irradiations chromosomiques et des causes d’origines génétiques. C’est-à-dire que c’est la nature même de l’individu ou de deux individus qui se sont croisés qui provoque la cardiopathie à surveiller pour éviter les complications. Certaines malformations génétiques prédisposent à avoir des malformations cardiaques. « Par exemple, dès qu’il y a trisomie 21, on doit s’attendre à avoir le canal atrio-ventriculaire », souligne le praticien.
S’agissant des manifestations chez les enfants, de manière générale, explique le cardio-pédiatre, les cardiopathies congénitales se manifestent chez les enfants surtout par l’absence de prise de poids. La maman va remarquer, d’un côté, que l’enfant ne prend pas du poids et, de l’autre, il y a la fatigabilité. « Très tôt, le nouveau-né a des problèmes à téter. Il se fatigue facilement. Et dès la naissance, on remarque la couleur bleue au niveau des lèvres et des téguments. On doit forcément se poser des questions. Il y a aussi la ‘’dyspnée’’, qui est une difficulté respiratoire, un bruit qui n’est pas normal dans le fonctionnement du cœur. Cela interpelle les gens d’investiguer pour voir s’il n’y a pas une malformation congénitale », a ajouté Dr Moussa Assoumane.
Par rapport aux cardiopathies congénitales à ‘’shunt’’ gauche droit, la hantise des cardio-pédiatres c’est d’aboutir à une hypertension artérielle fixée. « Normalement, le poumon ne doit pas recevoir trop de sang à travers les vaisseaux. S’il y a cette communication, et que la communication est large, trop de sang part de gauche à droite. Le fait qu’il y a trop de sang dégrade les vaisseaux des poumons. Ce qui, à long terme, peut constituer un ‘’poumon ciment’’, c’est-à-dire où le sang ne coule pas comme ça se doit », souligne-t-il.
D’autres conséquences sont liées à l’absence de croissance, une infection parfois avec abcès du cerveau. Selon le Médecin, le fait que le sang se mélange entraine une réaction qui donne plus de globule rouge que la normale. Et ces globules rouges peuvent aller parfois se bloquer au niveau des micro-vaisseaux du cerveau et entrainer un accident vasculaire cérébral (AVC). « Mais, nous les pédiatres, notre hantise c’est d’éviter d’aboutir à un syndrome d’hypertension artérielle fixe qui conduit à la mort », précise-t-il.
Dans les pays développés, la prévalence de la cardiopathie congénitale tourne autour de 7 à 8 pour 1000 naissances vivantes. Au Niger, il n’y a pas une étude qui a été diligentée au plan national. Mais, quand même, quelques études ont été réalisées en 2011 au niveau du service de cardiologie de l’hôpital Amirou Boubacar Diallo qui ont relevé un pourcentage de 12,34 %. « Personnellement, je n’ai pas eu connaissance d’une enquête nationale sur l’ampleur au plan national de la maladie », affirme le spécialiste.
Dr Moussa Assoumane a souligné que cette maladie est prise en charge chez les pédiatres, les cardio-pédiatres, les psychologues et chez les chirurgiens cardiaques. Les pédiatres, en général, cherchent à prévenir la survenue des complications. « Si un enfant à une CIV, le pédiatre doit faire en sorte, dès qu’il y a une infection cutanée, des boutons sur le corps ou le rhume, de traiter efficacement en donnant des antibiotiques. Il ne faut pas que les germes aillent agrandir le shunt », précise-t-il. Chez les cardio-pédiatres, s’il y a une augmentation de pression au niveau des poumons, c’est de rabaisser ses mouvements en donnant des diurétiques. « S’il y a des cardiopathies qui s’accompagnent d’un problème électrique au niveau du cœur, il doit donner les bloquants pour éviter que le cœur ne batte plus que la normale », ajoute-t-il.
Chez le psychologue, on prépare la maman à la chirurgie. « Un enfant qui doit être opéré de cœur, et parfois à cœur ouvert, il faut préparer la maman, lui expliquer que ce sont des choses qui se font très bien et qui donnent de bons résultats. La mère ne doit pas paniquer, afin de donner son accord », dit-il. Il ajoute que, chez le chirurgien, c’est la chirurgie soit à cœur ouvert ou bien à cœur fermé, ou une autre technique qu’on appelle ‘’ cathétérisme’’, c’est-à-dire qu’on ne charcute pas mais on envoie une sonde qui permet d’aller « patcher » le trou sans commettre un dommage vasculaire ou autre chose.
Dr. Moussa Assoumane a enfin rassuré, que par rapport à la prise en charge des cardiopathies congénitales, au Niger en matière de diagnostic, l’avancée est certaine. « On arrive à diagnostiquer, on a des moyens échographiques et cliniques. Nos médecins sont pertinents. La seule chose qui est en retard, c’est le plateau technique. Et Dieu merci, le plateau technique, on a déjà commencé, puisqu’on opère bien. Aujourd’hui, le canal s’opère ici à l’Hôpital Général de Référence. C’est déjà une avancée. La machine qui permet de faire une circulation externe corporelle est déjà commandée. Il y a une volonté d’aller de l’avant. Mais, le véritable défi est que la chirurgie cardiaque coûte excessivement chèr, et les patients sont pauvres. D’où l’intérêt de faire un plaidoyer pour qu’un fonds national de soutien soit alloué à ses patients. On peut soutenir pour sauver l’enfant et sauver l’honneur de la famille », a-t-il conclu.
Farida. A. Ibrahim (ONEP)