La communauté musulmane de notre pays a célébré dans la nuit du 7 au 8 octobre 2022, correspondant au 12ème jour du mois lunaire de Rabi’ulawwal de l’an hégirien ou musulman, l’anniversaire de la naissance du Prophète Mohammad (Paix et Salut sur Lui) communément appelée Mouloud (Al-Mawlid Al-Nabawi). Cette l’édition de 2022 a été célébrée autour du thème ‘’paix, solidarité et cohésion sociale’’. Comme à l’accoutumée, les fidèles ont massivement convergé vers la commune rurale de Kiota Mayaki dans le département de Boboye (région de Dosso), fief de la confrérie des Tidjaniya au Niger, pour célébrer cette événement à travers des prières et de méditation. La cérémonie a enregistré la présence du gouverneur de la région de Dosso, des députés nationaux, du préfet de Birni N’Gaouré, des chefs de canton et des chefs traditionnels du Nigeria, de plusieurs hautes personnalités mais aussi et surtout des fidèles musulmans venus de toutes les contrées du Niger, ainsi que de plusieurs pays d’Afrique et du monde.
Kiota Mayaki, cette bourgade située à 150 km au nord-est de Niamey et à une soixantaine de km au Nord du département de Birni N’Gaouré dans le Boboye a été envahie par une foule incommensurable venue de plusieurs horizons. La circulation est devenue très difficiles à causes des embouteillages humains depuis une semaine avant la date du Mouloud d’après un témoin. Déjà, la veille du mouloud, les ruelles sont remplies par de fidèles qui viennent marquer leur soutien au comité d’organisation de l’évènement, mais aussi, pour contribuer en tant qu’adeptes à la réussite de la fête.
Le Mouloud de 2022 est la 70ème édition que la ville de Kiota a organisée. Pendant, cet événement, la ville vibre au rythme du zikr et des invocations à la mosquée des grandes prières située en face du domicile du Khalif, Cheikh Moussa Aboubacar Hassoumi. Durant toute la nuit, les fidèles ont manifesté leur amour pour le Prophète (PSL) en rappelant sa vie et en implorant Allah, le Tout Puissant pour qu’il descende sa miséricorde sur toute la communauté musulmane et particulièrement sur le Niger.
Une attention particulière à la dimension spirituelle de la fête
Dès le début de la soirée, jeunes et moins jeunes, femmes et hommes, tous se sont rendus à la mosquée de Kiota dans une grande bousculade débordant la sécurité appuyée par les ‘’Agagi’’ ou les agents de sécurité du comité d’organisation. En effet, la célébration de la naissance du prophète apparaît dans l’islam sunnite au 8ème siècle. Le Mouloud est accepté par la majorité des érudits de l’islam comme une bonne coutume (sunna) alors qu’une minorité, attachée à une lecture littéraliste des textes fondateurs, le Coran et les traditions prophétiques, en critiquent soit le fondement légal, soit les pratiques qui s’y déroulent. Selon Cheikh Tidjani Aboubacar, rencontré à Kiota, les fidèles font, durant toute la soirée, des invocations sans interruption afin d’implorer le pardon divin. Il a salué la constance des fidèles. «Nous pensons qu’après le décès du Cheikh Aboubacar Hassoumi Kiota, les fidèles de la confrérie Tidjaniya vont abandonner. Mais, c’était le contraire. Aujourd’hui, ça fait ma 35ème année que je viens à Kiota. Dieu merci, la fête ne fait que s’agrandir. Des milliers de religieux viennent ici surtout ceux qui l’ont connu et qui s’inspirent encore de ses enseignements, de sa probité morale, de sa foi, de sa générosité et de son sens de la tolérance. Ces qualités font qu’il incarne un modèle parfait de leadership religieux et ont fait que la fête a pris une dimension internationale», a confié l’octogénaire venu du Ghana.
La préexistence de la lumière prophétique
Selon les fidèles de la confrérie Tidjaniya, la célébration actuelle de la fête du Mouloud, montre que dans la conscience de la majorité des musulmans le Prophète est bien plus qu’un être humain, un simple envoyé et fondateur d’une communauté. Il est la lumière à l’origine de la création du monde, l’intercesseur universel, proche en particulier de ceux qui prient sur Lui. «Le Prophète (PSL) est une figure de miséricordieux et intercesseur présente dans le Coran et la Sunna et élaborée par les mystiques dans des textes doctrinaux d’accès difficile pour le commun des croyants», a déclaré Cheikh Barham lors de sa conférence présentée sur la vie du Prophète à la veillée nocturne.
Le menu renvoie au thème principal des récits de la naissance du Prophète en prose ou en rimes déclamés ou chantés à cette lumière (Nour Muhammad) à partir de laquelle Dieu créa le monde. Les fidèles assis autour des tables formées en carré récitent des versets du Saint Coran et des chants religieux. Des conférences ont également été animées par des grands ulémas du Niger et des pays voisins venus pour la circonstance. Selon le président du comité d’organisation, Cheik Barham Cheik Aboubacar, l’édition de 2022 a mobilisé plusieurs milliers de personnes. «Des fidèles sont venus du grand voisin le Nigeria, mais aussi du Ghana, d’Algérie, d’Egypte, du Soudan, du Cameroun, du Benin, du Togo, de la Côte d’Ivoire etc.», a-t-il confié.
La mobilisation des fidèles à la célébration
Chaque année, le nombre des fidèles ne fait qu’augmenter. Selon certains, le Mouloud est une occasion de retrouvailles annuelles entre les frères musulmans sunnites de même confrérie. «Nous faisons ensemble les prières et Zikr jusqu’à l’aube. Je participe à chaque fois au Mouloud, j’ai constaté que les fidèles ne font qu’augmenter. Ça fait ma 30ème année de Mouloud, mais je n’ai jamais assisté à une aussi forte mobilisation des fidèles comme celle de l’édition de 2022. Ceci montre que, le Mouloud connait des progrès avec l’engouement de la communauté musulmane, particulièrement la Tidjaniya. Que la Paix et le Salut de Dieu soient sur notre prophète», a confié Elhadj Barham Tayyabou.
Les différents Cheikh et érudits ont donné des récits sur la naissance de Mouhammad. Durant toute la nuit, les fidèles ont fait des prières et invocations pour la paix, la sécurité et la cohésion sociale. Après la prière du Fadjr coïncidant l’arrivée du prophète au monde, il est demandé à tous les fidèles de se tenir au débout et prononcer des invocations.
A la fin de la cérémonie plusieurs personnalités ont pris la parole pour s’adresser aux fidèles. C’est ainsi que, Zarmakoye Harikanassou, le représentant du président de l’Assemblée nationale, le gouverneur de Dosso ont transmis les félicitations et les encouragements des plus hautes autorités du pays aux organisateurs et à l’ensemble des participants. Le gouverneur de Dosso a par la suite rappelé la situation que notre pays traverse sur le plan sécuritaire et de la campagne agricole. Il a demandé à l’ensemble des fidèles de prier pour qu’Allah, le Tout Puissant descende sa miséricorde et de sa clémence sur le Niger. Il faut en outre souligner que cette année, le dispositif sécuritaire a été considérablement renforcé au niveau de la ville. Aussi, l’accès à la mosquée à partir de la porte officielle était devenu un parcours de combattant pour déficit organisationnel de la commission sécurité.
Prenant la parole au petit matin, le Cheikh Khalifa Moussa Aboubacar a d’abord salué les fidèles, tout en les a appelant à cultiver, au plus profond d’eux, l’amour de Dieu ainsi que les valeurs de paix et de cohésion au sein de notre pays. Le mouloud est aussi l’occasion de sceller des mariages entre les couples amoureux. Ainsi, le Cheikh Khalifa Moussa Aboubacar a célébré l’union de 34 couples. Il a aussi demandé au petit fils du Cheikh Ahmad Tidjani, fondateur de la confrérie Tidjaniya, venu d’Algérie de dire une Fatiha. Enfin, une thèse de Doctorat a été remise au Khalifa Moussa par Docteur Moussa Ibrahim de Zinder qui a fait un travail de recherche sur la vie du Cheikh Ibrahim Niass de Kaolak. Le document sera archivé dans la bibliothèque de Kiota
Seini Seydou Zakaria(onep), Envoyé spécial à Kiota