Entant qu’ancien agent du Ministère de l’Hydraulique, de l’Assainissement, ayant passé plus d’une décennie aux implantations des forages d’eau ou à sa recherche en zones de socle granitique zones difficiles par essence où l’eau circule dans des fractures et fissures et dans ce milieu l’eau est de moindre qualité car souvent chargée d’éléments chimiques nuisibles pour la santé, il est de notre devoir d’apporter un certain éclairage dans ce domaine pour amplifier le débat.
Il n’est pas de trop de rappeler que la ville de Zinder est ancrée sur un socle granitique ancien qui était fracturé d’où les conditions du drainage des eaux étaient possibles à l’époque. Malheureusement, l’injection ou la remonté des granites jeunes ou ‘’younger granits’’ dans les fractures est venue colmater ces fractures drainantes. Ces failles /fractures primaires, injectées/colmatées des matériaux magmatiques, constituent la cause essentielle de déficit en eau souterraine, dans la ville de Zinder et ces alentours.
L’approvisionnement en eau potable de la ville de Zinder est donc tourné vers les nappes des formations sédimentaires notamment alluviales de Gogo Machaya, avant de s’orienter vers le Nord à Aroungouza situé à 25 km de Zinder et à Ganaram plus loin. Tous ces champs ont montré leur limite.
Versons à ce chapitre aussi l’explosion démographique qui n’est pas sans conséquence sur les efforts que l’Etat et les partenaires déploient pour juguler cette situation.
A mon humble avis cette situation chronique et récurrente d’approvisionnement en eau de boisson réside à plusieurs niveaux dont principalement un manque d’étude approfondie documentaire et intégrée car d’autres informations pertinentes sont dispersées ou disséminées dans différentes institutions de l’Etat et sans doute au niveau des archives de l’ex AOF à Dakar sur la recherche d’eau pour la ville de Zinder.
Par exemple localement à la Direction régionale de Zinder une fois de passage j’ai vu et consulté
– un levé géo électrique sous forme de profil électrique, réalisé par la Compagnie Générale de Géophysique (CGG) de direction Nord-Sud, probablement parti du pied de Massif de l’Air au pied du Massif de Zinder visant des horizons capables de renfermer des ressources potentielles.
L’interprétation et l’exploitation des résultats de ce profil, s’il existe encore peut contribuer à la recherche d’un champ de captage si ce profil n’a pas encore été utilisé dans ce cadre.
– En 2004-2005, le Ministère des Mines et de l’Energie de l’époque, a commandé une étude de levé géophysique aéroporté et héliporté par une compagnie canadienne FUGRO dans le Damagaram et ses environs dans le cadre de la recherche minière.
Les résultats de cette étude peuvent être valablement utilisés pour la recherche d’eau.
– De 2017 à 2019, le Millenium Challenge Corporation Account MCA Niger, a commandé une Etudes pour le développement d’outils pour la planification de la gestion des ressources en eaux souterraines et le renforcement des capacités au Niger (télédétection, étude hydrogéologie, et renforcement des capacités) utilisant le système WATEX (Water Exploration) réalisée par le consultant Alain Gachet).
Cette étude aussi qui a couvert une partie de la région de Zinder peut servir d’appui documentaire.
– L’Etude sur les ressources en souterraines réalisée par Mr Greigert en 1978 Atlas des eaux souterraines du Niger est encore une source d’inspiration.
-Recueillir des informations auprès de la population dans la zone à étudier pourrait être fort utile.
– La documentation du Niger dans les archives de l’Afrique Occidentale Française (ex AOF) basée à Dakar, pourrait aussi être consultée si elle est encore disponible et exploitable, etc.
Les deux (2) levés aéroportés et satellitaires (FUGRO et WATEX) évoqués plus haut, doivent être contrôlés/vérifiés au sol par d’autres levés complémentaires tels que la géophysique au sol.
Des sondages de reconnaissance s’en suivront pour confirmer les éventuelles structures et vérifier les performances des paramètres hydrodynamiques des nappes rencontrées. Fort de toutes ces informations l’exécution des forages d’exploitation d’eau peut démarrer sous l’œil vigilant d’un hydrogéologue chevronné.
Ainsi le croisement de toutes ces informations compilées et combinées, contribuera à trouver, je l’espère un champ de captage potentiel et pérenne, en mesure de couvrir les besoins à long terme ou peut être définitivement de Zinder et ses environs.
Dans l’exécution de cette phase d’étude, l’implication des compétences nationales car elles existent, est déterminante pour le succès de cette phase. Les réserves en eau possibles et même probables de la région, seraient beaucoup plus au Nord, peut-être plus loin du champ actuel de captage de Ganaram. Cette exploitation des données disponibles évoquées plus haut sera complétée par une nouvelle acquisition des données aérospatiales et terrestre.
Si les recherches antérieures de nouveaux champs de captages (Aroungouza et Ganaram) ont été faites sans lever aérospatial, à mon avis il est fortement recommandé d’expérimenter cette méthode dans la mesure du possible qui permet de couvrir de vaste surface en si peu de temps.
L’avantage de ce levé est de couvrir une vaste zone loin du socle granitique offrant plus d’opportunité de mettre en évidence des structures géologiques telles des bassins hydrogéologiques, hydrologiques des failles drainantes ou même des fossés d’effondrement ou grabens pouvant stocker des réserves d’eau insoupçonnées.
Ce levé aérospatial de reconnaissance et de détail permettrait de cibler les zones potentiellement favorables susceptibles de répondre aux besoins espérées. Les résultats obtenus contribueront à renforcer la Base des données de la Direction régionale de Zinder.
Cette démarche est à expérimenter, et si elle s’avère concluante, elle pourra venir à bout de du spectre de recommencement des cycles des projections ou de prévisions à court et moyen terme d’épuisement des réserves, sans occulter la croissance démographique facteur omniprésent.
Autres possibilités
Ailleurs dans le monde, au Sénégal et en Libye pour ne citer que ces (2 pays), ce sont les eaux de surface et souterraines qui sont mobilisées sur des centaines de kilomètres. Eh oui des centaines de kilomètres pour l’approvisionnement en eau de des populations pour l’agriculture le maraichage ou pour verdir le désert.
Par exemple la ville de Saint Louis du Sénégal confrontée au problème d’approvisionnement en potable, l’eau a été tirée à partir de 400 kilomètres pour desservir cette ville et ceci s’il vous plait avant les indépendances.
Le fleuve artificiel que le Feu Colonel Kadhafi a réalisé de plusieurs centaines de kilomètres dans le désert libyen pour des activités agricoles. C’est dire qu’à cœur vaillant tout est possible.
Outre la ville de Zinder et environs, plus loin, la ville de Mainé Soroa dont l’eau n’est pas de bonne qualité, la ville de Gouré en plein socle granitique souffre d’insuffisance de ressource en eau, et sans oublier d’autres gros villages sur l’axe Diffa Zinder qui sont en déficit hydrique.
N’est-il pas envisageable de transporter de l’eau du bassin de Lac Tchad à Zinder et du coup résorber tout le déficit de l’ensemble des habitants le long de cet axe ?
Il en est de même pour la ville de Téra où le projet de desserte en eau à partir de Gotheye était en bonne voie désenclavant du coup tous les gros villages situés sur le socle granitique du Liptako, où les ressources en eau souterraines sont rares et de moindre qualité tels que Kakassi, Dargol, Hondobon Boura Banjo, etc.
Ces solutions sont possibles et même faisables t avec les perspectives nouvelles qui s’ouvrent au pays les retombées pétrolières, et celles des ressources minières et autres tel que le cheptel etc.
Par Harouna Elhadji Garba Ing. Géophysicien 96278294/92365987