Le secteur de l’artisanat est un des leviers du développement socioéconomique de notre pays, non seulement en termes de génération de revenus, de réduction de la pauvreté, de création d’emplois, de valorisation des produits locaux mais aussi de conservation de notre patrimoine et de nos valeurs culturelles. Notre compatriote vivant aux Etats-Unis, M. Soumana Saley a bien compris cette philosophie. C’est pourquoi il a pris l’initiative personnelle de créer en septembre 2015 l’ONG DIMA (Dispositif d’Initiatives pour les Métiers de l’Artisanat).
Pour M. Soumana Saley, c’est aussi sa façon à lui d’apporter de l’aide aux jeunes issus des familles en difficultés, en leur offrant l’occasion de se former gratuitement sur la filière de leur choix entre maroquinerie, tissage et couture. L’ONG DIMA a débuté ses activités avec 50 apprenants qui ont d’abord été suivis par une maitresse pendant 6 mois pour apprendre à lire, à écrire et à dessiner. Ils ont aussi suivi pendant 3 mois, une formation en couture avant d’être scindés en deux groupes selon leurs choix (maroquinerie et couture).
Les filles ont plus porté leur choix sur la couture, mais les formateurs et les membres de l’ONG ont fait des efforts pour que ces dernières apprennent la maroquinerie en leur faisant comprendre que la maroquinerie, le tissage, la bijouterie sont aussi des filières porteuses au même titre que la couture et que les produits artisanaux bien faits peuvent être facilement écoulés tant au Niger qu’à l’extérieur. Le début a, certes, été difficile pour celles qui ont opté pour la maroquinerie, mais avec le temps elles ont pris goût et font même leur propre création. Ainsi, elles confectionnent des sacs, des pochettes, des porte-monnaie, des tapis, des boites à bijoux, des portes papiers et bien d’autres articles.
Les apprenants de la première promotion ont reçu leurs attestations de fin d’étude le 15 juillet 2021, après trois ans de formation. Le président de l’ONG était venu spécialement des Etats-Unis pour assister à la cérémonie. Aussi, DIMA a eu à former, en partenariat avec une ONG Internationale de la place 25 réfugiés maliens dont 22 filles et 3 garçons qui sont tous actifs aujourd’hui dans le métier de la couture.
Un grand intérêt a été accordé au tissage qui a été introduit en 2021 pour assurer la disponibilité qualitative de ressources humaines et garder l’identité culturelle qui fait la fierté du Niger. Pour développer cette filière, le président Soumana Saley met un accent particulier sur deux types de formation, à savoir le tissage traditionnel et moderne. C’est pourquoi il a apporté des machines modernes, nouvelle génération pour faciliter le travail à ces tisserands. Aussi, une professionnelle américaine est venue former pendant 14 jours les formateurs sur le tissage moderne.
Actuellement, le centre compte 70 apprenants pour la 2ème promotion. Ils sont répartis comme suit : 30 apprenants dont 28 filles et 2 garçons pour la filière couture ; 30 apprenants dont 25 filles et 5 garçons au niveau de la maroquinerie et 10 au niveau de tissage (8 garçons et 2 filles). Les meilleurs de la promotion sont toujours gardés pour continuer à travailler au compte de l’ONG. Pour encourager ces apprenants et connaissant la situation du pays, le président de l’ONG DIMA a pris leur transport en charge en mettant à leur disposition deux minibus qui font la navette entre le centre et les différents quartiers.
«J’ai créé cette ONG après une longue réflexion sur la modeste contribution que je peux apporter à mon pays qui m’a tout donné. Dieu merci, j’ai osé et avec l’aide des membres qui ont tout donné pour rendre mon rêve une réalité ; l’effort est en train de porter ses fruits ; mon ambition est d’aller plus loin car, j’ai de bonnes intentions pour mon pays», se réjouit M. Soumana Saley. En tant qu’artisan de formation qui a passé toute sa jeunesse à faire de l’artisanat et connaissant son importance et sa valeur, il voulait faire profiter à ces jeunes de son talent et de son savoir pour qu’ils arrivent aussi à voler de leurs propres ailes. «Je garde jalousement ma culture et je fais tout, même étant aux Etats-Unis pour garder notre identité qui fait notre fierté. C’est pour cela que j’ai ouvert un centre du métier d’art et d’artisanat aux Etats-Unis», a-t-il soutenu.
Par Aïchatou Hamma Wakasso (onep)