Décédé le lundi 31 octobre 2022, le Sultan de Dosso Maïdanda Saidou Djermakoye a été inhumé le jeudi 3 novembre 2022 dans le palais royal. Il rejoint ainsi dans le même cimetière son père et son frère Issoufou à qui il a succédé. La cérémonie a été rehaussée par la présence du président de l’Assemblée nationale, M. Seini Oumarou, du Haut représentant du président de la République, M. Foumakoye Gado, des députés nationaux, de plusieurs membres du gouvernement, des chefs traditionnels et de plusieurs personnalités civiles et militaires. Les marchés, les boutiques de la ville de Dosso étaient fermés pour la circonstance.
Après la levée du corps à la morgue du centre hospitalier mère et enfant, la dépouille a été ensuite transportée à la grande mosquée pour la prière mortuaire au cours de laquelle une fatiha a été prononcée pour le repos de l’âme de l’illustre disparu. La tradition veut qu’après le décès d’un chef le tambour résonne, cette fois encore le tambour a résonné devant le palais du sultan consacrant ainsi un rituel de cette chefferie. Plusieurs interventions ont été prononcées à cette circonstance. Au nom des pharmaciens nigériens, Dr Alio Amadou Maïga, président du Conseil national de l’ordre des pharmaciens du Niger a rendu un hommage à leur grand chef, le regretté Dr Maïdanda Saidou Djermakoye. «Homme affable, il a connu un parcours élogieux. Le sultan de Dosso était un homme de conviction», a précisé Dr Alio Amadou Maïga.
Prononçant l’oraison funèbre, le chef de canton de Kiota Harikanassou, M. Amadou Seyni a longuement fait la biographie du défunt sultan de Dosso Maïdanda Saidou Djermakoye. Premier sultan de Dosso, Djermakoye Maïdanda Hamadou Saidou est né le 8 mars 1923 à Dosso. Il entra à l’école primaire en 1931 et admit à l’école de Médecine et de Pharmacie de Dakar en 1943, il obtint le diplôme de Pharmacien africain avec mention exceptionnelle en 1947. Après avoir servi comme pharmacien à l’Institut Pasteur de Dakar de 1947 à 1954, il va à Paris pour passer le baccalauréat 1ère et 2ème partie supérieure. Résolument progressiste et panafricaniste, il se rend avec sa famille aux côtés de 198 intellectuels africains en Guinée en septembre 1958. De retour au Niger en 1962, il s’attèle à la création de l’Office National des Produits Pharmaceutiques et Chimiques en implantant des pharmacies populaires.
Député en 1989, il fut rappelé à l’ONPPC au titre de Président du Conseil d’Administration (PCA) jusqu’au 12 octobre 2000 veille de sa nomination au prestigieux poste de chef de province de Dosso Djermakoye. Chevalier de l’ordre national du Niger, officier de la légion d’honneur française, il est le 25ème Djermakoye, le 13 octobre 2000. Il devient enfin en 2010 le premier Sultan d’une nouvelle page de l’histoire de la Chefferie de Dosso. Depuis 2015, Djermakoye Maïdanda Saidou assurait les fonctions de président de l’Association des Chefs Traditionnels du Niger (ACTN) à l’issue de la 10ème assemblée générale de l’association.
Le sultan de Dosso était marié et père de trois enfants (Aminata, Mariama et Ibrahim).
Intervenant au nom de l’association nationale des chefs traditionnels, le chef de canton de Hamdallaye l’honorable Mayaki a indiqué qu’avec la disparition de Maïdanda Saidou, c’est un baobab qui est tombé. «Il a été, un homme patient et nous souhaitons que le paradis soit sa dernière demeure», a déclaré l’honorable Mayaki.
Le représentant de l’émir d’Argoungou a, de son côté, transmis les condoléances des populations d’Argoungou et de Birni N’Kebbi au Nigéria.
Le président de l’Assemblée nationale et les différentes personnalités se sont ensuite recueillis sur la dépouille du défunt et lui ont rendu un dernier hommage. Le corps a ensuite été enterré dans le cimetière royal. Les différentes personnalités devaient par la suite présenter leurs condoléances à la famille de Maïdanda Saidou.
Notons qu’à l’arrivée des français en 1898, le système de chefferie prit une autre forme au bénéfice des descendants du Djermakoye Kossom Laouzo. C’est ainsi que le canton de Dosso fut fondé en 1902 sous le règne du Djermakoye Aouta Kossom. En 1931, le canton fut érigé en province au temps du Djermakoye Saidou Moussa officier de l’armée française et vaillant combattant de la première guerre mondiale 1914-1918.
La dynastie de Dosso compte 25 Djermakoye dont 16 durant la période précoloniale et 6 à l’époque contemporaine. Il s’agit du Djermakoye Aouta Kossom, Djermakoye Moussa Kossom, Djermakoye Saidou Moussa, Djermakoye Moumouni Aouta, Djermakoye Hamani Saidou, Djermakoye Abdou Aouta, Djermakoye Issoufou Saidou et Djermakoye Maïdanda Saidou. La chefferie de Dosso a été érigée en sultanat en 2010 et c’est Djermakoye Maïdanda Saidou qui en est le premier sultan.
Mahamane Amadou ANP-ONEP/Dosso