Certainement, deux de nos dignes compatriotes, qui ne sont plus de ce monde, se sont remués dans leurs tombes à l’annonce de la décision de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) de suspendre le Niger de ses instances.
Le premier, l’un des plus illustres des Nigériens, Diori Hamani, premier Président et Chef de l’Etat du Niger indépendant, père fondateur de l’Agence de la Coopération Culturelle et Technique (ACCT), ancêtre de l’OIF, avec tant d’autres Chefs d’Etat, n’avait ménagé ni son temps encore moins son énergie pour fédérer les esprits des dirigeants des pays ayant la langue française en partage afin de créer et rendre viable une institution internationale regroupant les pays qui utilisent cette langue.
L’envergure, la poigne et le charisme du Président de la première République du Niger, soutenu par d’autres Chefs d’Etat de tous les continents dont Léopold Sedar Senghor du Sénégal, Habib Bourguiba de Tunisie et le Prince Norodom Sihanouk du Cambodge, ont eu raison des hésitants et attentistes qui ont fini par adhérer à cette démarche qui aboutira le 20 mars 1970 à la création à Niamey, capitale du Niger, de l’ACCT qui deviendra des années plus tard l’OIF.
Le second, le Professeur Dan Dicko Dan Koulodo, éminent universitaire, ancien Secrétaire Général de l’ACCT, de 1974 à 1981, a réussi, à l’issue de deux mandats à la tête de cette institution, à faire de celle-ci un véritable levier de coopération en matière culturelle et technique, obtenir un statut d’observateur permanent aux Nations Unies, rehausser le budget annuel de l’institution et augmenter les adhérents qui passèrent de vingt-six (26) à trente-huit (38) Etats membres vers la fin de son mandat.
C’est donc la mémoire de nos deux illustres compatriotes qui ont fait de la francophonie ce qu’elle est que l’OIF vient de profaner en suspendant notre pays de ces instances.
Au-delà, c’est le Niger tout entier, berceau de la francophonie, puisqu’elle y est née, qui vient d’être outragé par des commis et autres auxiliaires à la solde de la France qui, dans son ingratitude légendaire et sa désinvolture notoire, a transformé cette institution intergouvernementale léguée aux générations futures pour perpétuer la coopération culturelle, technique et dans le domaine de l’éducation, par nos illustres compatriotes et d’autres figures de proue, Chefs d’Etat ou de gouvernement de pays qui utilisent la langue française, en instrument de défense des intérêts français, de promotion de la politique française voire de propagande néo-colonialiste .
La réaction du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) ne s’était pas fait attendre face à cette incartade, cette décision injuste, injustifiée et incompréhensible de la session extraordinaire du conseil permanent de la Francophonie de l’OIF du 19 décembre 2023 de suspendre le Niger de la Francophonie et de la coopération multilatérale.
A juste titre, d’autorité et en toute souveraineté, le CNSP, agissant au nom et pour le peuple souverain, a décidé de suspendre toute forme de coopération avec cette organisation au service des intérêts français.
Cette réponse appropriée du CNSP et du gouvernement à cette organisation de promotion de la langue française est une invite à la décolonisation des esprits et au retour à la valorisation de nos langues nationales comme l’avait si bien voulu et entretenu le Professeur Dan Dicko Dan Koulodo, acteur principal de la promotion des langues nationales, en créant pour la première fois au Niger une Direction Nationale de l’Alphabétisation chargée de vulgariser les langues nationales alors qu’il était Ministre de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports dans le gouvernement de la première République dirigé par le Président Diori Hamani.
En reconnaissance de la mission accomplie dans le gouvernement, Diori Hamani propulsa le Professeur émérite à la tête de l’ACCT, ancêtre de l’OIF, à travers des élections justes et transparentes. Depuis lors, les
« élections » organisées ces dernières années ne visent qu’à imposer au Secrétariat Général de l’OIF le candidat parrainé par la France. C’est un fait : l’OIF est, à tous points de vue, tombée très bas !
Alou Moustapha (ONEP)