La tenue à Niamey, en cette journée mémorable du vendredi 25 novembre 2022, du Sommet sur l’industrialisation et la diversification économique en Afrique couplé à celui de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) a ceci d’historique qu’elle marque un tournant décisif vers une nouvelle ère en Afrique. En effet, les thèmes placés par l’Union Africaine au centre de ce double sommet sont d’une telle pertinence qu’ils permettent de toucher du doigt les vrais problèmes du développement de notre continent, à savoir la question de l’industrialisation et son corollaire qu’est l’intégration économique à travers la ZLECaf qui ambitionne de faire du continent un vaste marché riche de ses 1,3 milliard de personnes. Donc un très fort potentiel de producteurs, d’opérateurs économiques et de consommateurs…
En regroupant à Niamey les experts et les décideurs au plus haut niveau, de l’ensemble des pays d’Afrique pour engager des réflexions et des analyses pointues sur ces deux thèmes qui, du reste, vont toujours de pair, l’Union Africaine a montré qu’elle a une vision claire de l’avenir du continent. Car, on n’a pas besoin d’être un expert en économie pour savoir que pour construire une industrie solide et pérenne, il faut un marché vaste ouvert à la circulation et à la commercialisation des produits qui sortiront des usines. D’où tout le discernement qui caractérise cette vision de l’Union Africaine consistant à aller plus loin dans le débat sur la recherche des solutions africaines pour l’industrialisation de nos pays, en ouvrant une large page sur la question de l’intégration de nos économies portée par la ZLECAf.
Et avec tout ce qu’on a dit et entendu au cours des panels et foras qui se sont tenus à Niamey toute la semaine durant, en prélude à ces sommets, il faudra être afro-pessimiste invétéré pour ne pas croire que les lignes vont bouger à partir de cette rencontre de Niamey. A en juger par les débats et le diagnostic établi par les experts de la question, les défis de l’industrialisation de l’Afrique sont certes multiples et endémiques, mais la partie est loin d’être perdue. Des débats ayant marqué les discussions en panels, aussi bien que des discours, il apparait le ton d’optimisme ambiant à la lumière des pistes de solutions identifiées et énoncées, ainsi que des engagements pris ici et là.
C’est dire que ces sommets de Niamey sont bien partis pour poser les jalons d’un tournant décisif sur la voie de l’industrialisation et la diversification économique en Afrique. Les experts ont établi le diagnostic qu’il faut pour panser les plaies, surmonter les contraintes et les handicaps identifiés ; il n’y a point lieu de douter que la volonté politique d’insuffler une dynamique nouvelle à la locomotive de l’industrialisation du continent suivra.
Aussi, aujourd’hui, lors de leurs travaux à huis-clos, l’aéropage de décideurs, que sont les Chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Niamey, se fera le plus grand plaisir de donner une chance capitale au continent, de tracer son chemin qui mène vers un destin plus radieux en activant la manette de propulsion de la machine de l’industrialisation, mais également de l’ouverture des frontières sur le vaste marché commun africain.
Notre raison d’espérer est fondée sur le fait que l’Afrique dispose de tous les moyens de sa nouvelle politique d’industrialisation : des matières premières inépuisables ; des ressources humaines en qualité et en quantité en termes d’expertises dans tous les domaines ; des bras valides pour pourvoir à tous les postes d’emplois ; des convictions et des volontés politiques affirmées pour sortir le continent des sentiers battus.
Si, dès aux lendemains des indépendances, les dirigeants placés à la tête de nos différents pays ont su prouver un tant soit peu, souvent par un sursaut d’orgueil et de patriotisme, que l’industrialisation de nos pays n’a rien d’une chimère, c’est que la nouvelle génération doit y croire et s’efforcer de faire plus pour renverser la vapeur de la désindustrialisation en cours depuis les années 80, à la suite des plans d’ajustement structurel.
Surtout quand on sait que, avec toutes les projections annonçant que l’Afrique connaîtra une percée inédite de la croissance démographique, l’industrialisation durable est désormais, plus qu’une priorité, un impératif catégorique pour garantir l’épanouissement auquel aspirent nos populations.
Par Rabiba Aboubacar Bouzou(onep)