«Tous les hommes sont en faveur de la démocratie comme tous les verts sont en faveur des pommes », écrivait avec une pointe d’humour, le grand écrivain québécois, Albert Brie, dans son livre intitulé « « Le mot du silencieux ». C’est dire combien la démocratie est fondamentale dans la destinée humaine ! Car, la démocratie, par essence, présuppose toujours chez l’homme la liberté, le choix, le libre-arbitre.
C’est la raison principale pour laquelle Platon se refusait, à son époque, à voir dans le système politique athénien l’idéal démocratique, à cause sans doute de l’esclavagisme qui caractérisait la société grecque de ces temps-là. En effet, était-il raisonnable de parler de démocratie dans une société dans laquelle les 2/3 de sa population avaient le statut d’esclave ? Dès lors, la démocratie a eu toujours partie liée avec la liberté humaine qu’elle exprime à travers ses dévoilements institutionnels et de laquelle elle procède toujours.
Aujourd’hui comme hier, la démocratie demeure encore dans son essence dialectique des origines, c’est-à-dire inséparable de la liberté humaine et des progrès de la Raison dans l’Histoire. A toutes les ères et dans toutes les aires de civilisation, elle aura épousé des formes diverses et des niveaux de construction, en fonction des aspirations profondes des peuples. Mais, son perfectionnement perpétuel, son raffermissement institutionnel demeurent une grande conquête permanente qui exige toujours maints efforts et sacrifices de la part d’hommes et de femmes convaincus de la justesse et de la légitimité du combat à mener pour le triomphe des nobles idéaux qu’elle poursuit.
Aujourd’hui, le Niger, à l’instar de beaucoup de pays africains a fait le choix du régime démocratique. Après quelques décennies d’expérimentation qui aura connu des échecs retentissants, sans doute dus à un certain nombre de facteurs qu’il serait fastidieux de citer dans le cadre d’un édito, il aura fallu sept Républiques pour enfin stabiliser et consolider le système démocratique dans le pays. Il faut souligner que la démocratie reflète toujours un état d’esprit de tous les animateurs du système politique, c’est-à-dire leur profonde ou prou conviction dans ce principe de gouvernance.
Si nous avions tenu à rappeler cela, c’est avant tout pour saluer la transition démocratique que venait de réussir notre pays et qui vient d’être saluée, à juste titre, par le Président de la Confédération Suisse, M. Ignacio Cassis, en visite de travail et d’amitié, pour la première fois pour un Président suisse, au Niger. En effet, le Président helvétique a rendu un vibrant hommage aux autorités politiques nigériennes pour avoir rendu possible une alternance démocratique au pouvoir dans un contexte sous-régional et régional où la tentation du troisième mandat demeure absolument forte. C’est là un bel hommage rendu par le dirigeant d’une des meilleures démocraties au monde, qui symbolise la neutralité par excellence dans le jeu partisan planétaire.
Voyez-vous, cet hommage vient à point nommé, c’est-à-dire à un moment où, dans quelques pays voisins, ces derniers temps, l’on assiste à une remise en cause de l’ordre constitutionnel normal, à un recul démocratique décevant. Pour autant, la démocratie était-elle en faillite dans ces pays-là ou simplement pouvait-on déplorer l’absence d’hommes et de femmes porteurs de ces valeurs démocratiques ? Pour notre part, nous pencherons pour la seconde hypothèse pour soutenir que la démocratie en Afrique, en particulier, et pour tous les peuples en général, ne saurait être viable si elle n’était pas incarnée par des hommes et des femmes acquis à sa cause.
En termes plus prosaïques, cela revient à postuler que le système ne vaut que par la qualité des hommes et des femmes chargés de l’animer. C’est cette incarnation que les autorités de la Septième République se sont toujours efforcés de rendre tangible à travers l’institutionnalisation poussée et l’ancrage populaire de la pratique démocratique dans les mœurs politiques. En un mot, plus les institutions démocratiques seront fortes et crédibles, plus la pratique démocratique se raffermira et s’imposera.
Pour paraphraser la fameuse formule de Barack Obama, premier Président afro-américain, l’Afrique (dont le Niger en particulier) n’a point besoin d’hommes providentiels eu d’hommes forts, nous avons besoin plutôt d’institutions fortes et crédibles, car les hommes passent, mais les institutions demeurent.
Pour finir, sans prétendre être une panacée universelle, la démocratie demeure tout de même un vecteur de développement, tandis que la dictature symbolise toujours la régression, le recul voire le déclin d’un peuple.
Belle leçon à méditer, et tâchons surtout de tenir à l’idéal démocratique comme à la prunelle de nos yeux sans succomber aux desiderata des nouveaux prophètes qui font la loi sur les plateformes des réseaux sociaux !
Par Zakari Alzouma Coulibaly(Onep)