Il y a trois semaines de cela, le Onze national, Mena, avait bu le calice de l’humiliation sportive jusqu’à la lie avec cette valise prise lors de sa double confrontation face aux Fennecs d’Algérie, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du Monde 2022, au Qatar. A chaud, l’émotion était vive, car au-delà du football, il y avait aussi l’image du Niger qui risquait de prendre un coup, et ce ne furent pas seulement les amoureux du ballon rond qui furent meurtris dans leur âme, mais également l’ensemble de la nation nigérienne. On savait depuis quelques temps que le Mena était sur le déclin, après le passage de sa génération dorée des deux qualifications consécutives aux phases finales de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), en 2012 et 2013. C’était historique ! Malheureusement pour le Niger, après cet âge d’or, le Mena commença à se languir, faute de travail de régénération pour en renouveler les cadres.
Pourtant, ce n’était point le potentiel sportif qui faisait défaut, car dans les catégories jeunes (U17, U20), le pays ne s’en sortait pas mal, dont même un huitième de finale atteint en Coupe du Monde U17, en Inde, en 2017. Mais, on ne sait pas trop pourquoi ce virage de la reconstruction à la base n’avait pas été négocié très tôt afin d’apporter une cure de jouvence à l’équipe. Ce qui aurait, sans doute, constitué, un pari gagnant sur l’avenir. Et à défaut, la corde de l’usure, inéluctablement, finit par se rompre. Les signes avant-coureurs de ce déclin étaient déjà perceptibles dès les score-fleuves contre l’Egypte, en 2018, et Madagascar, à domicile, en 2020. Mais, aussi bien côté du Ministère de tutelle, que de celui de la structure fédérale (FENIFOOT), l’impératif de la reconstruction du Onze national n’avait pas, semble-t-il, été perçu de la même façon, et cette divergence de vue a grandement contribué à la situation actuelle du football nigérien.
Pendant que le Ministère de tutelle crampait mordicus sur une expertise locale pour encadrer l’équipe nationale, du côté de la Fédération de Football, on préfère, au contraire, privilégier la compétence internationale. Dans tous les cas, cette différence dans l’approche n’a jamais permis d’asseoir, véritablement, un climat propice à la reconstruction d’une équipe nationale solide et conquérante, comme cela a été par le passé. Et le résultat final, tout le monde le voit ou le constate, c’est le déclassement progressif du Mena, d’année en année.
C’était tout cela qui avait conduit, trois semaines plus tôt, votre fidèle serviteur à tremper sa plume dans ce qui semblait un gâchis national, suite à la déroute face aux Fennecs, à Alger et à Niamey. Nous l’avions fait en toute objectivité, sans parti-pris, mais sans concession, en notre âme et conscience, en tant que simple citoyen d’abord, mais aussi comme observateur attitré de la vie publique nationale. Nous n’avions aucun compte personnel à régler contre X ou Y pris dans leur individualité singulière, mais nous avions des comptes à rendre à nos fidèles lecteurs dans l’appréciation des choses et des événements. C’est cette exigence de vérité auprès du public qui justifiait notre article qui avait fait tant jaser et soulever des tempêtes dans des verres d’eau, mais non une quelconque intention de s’en prendre gratuitement aux responsables de la Fédération. Nos propos étaient par ailleurs, au-dessus de ces petites considérations d’ordre personnel, mais seulement au service de la réflexion critique de tout ce qui ne marche pas bien dans notre pays, tant que cela revêt un intérêt général.
Fort heureusement, finalement, le bon esprit a prévalu sur les approches simplistes et autres raccourcis commodes, car des démarches élégantes ont permis de se comprendre les uns les autres. Vous l’aurez sans doute constaté, le Secrétaire Général de la FENIFOOT, Mohamed Slimane, a été l’invité de votre journal (Sahel Dimanche), où dans un long mais superbe entretien, il avait magistralement brossé toute la situation du football nigérien, les efforts déployés et les espoirs déçus qui ont accompagné toutes les péripéties autour de ce sport depuis quelques années. Ma foi, nous avions trouvé très intéressante cette intervention médiatique très opportune pour relativiser beaucoup de choses au niveau de la gestion du Onze national ! En effet, un train peut en cacher un autre, dit-on souvent, et il ne faut surtout jamais jeter l’eau du bain avec le bébé, nous prévient-on bien souvent également !
Cela dit, nous sommes, aujourd’hui, prêts à saluer cette nouvelle copie présentée par les poulains de Jean-Michel Cavalli, le Sélectionneur national, face au Burkina Faso, l’autre leader de ce groupe. En effet, sur la pelouse de Marrakech, au Maroc, le Mena avait livré une partie acceptable, digne d’une équipe sérieuse, combattive, qui avait mené la vie dure aux Etalons du Burkina Faso qui ne dut son salut que grâce à une bévue monumentale d’un défenseur nigérien, sans doute inexpérimenté, qui coûta bêtement un penalty au Niger. L’on note, à cet égard, d’immenses progrès dans l’animation du jeu, à cause des changements gagnants opérés par le Sélectionneur à certains postes où la fraicheur a été apportée. Cela augure certainement de bons lendemains dans le cadre de la reconstruction. Et pour faire de tels paris risqués, quoi de mieux que d’aligner une équipe rajeunie dans des compétitions où l’on n’a plus rien à perdre, car déjà éliminé.
Pour cela, nous avions franchement été épatés par cette équipe qui semblait avoir de la gueule, comparativement aux fois précédentes où elle sombrait physiquement au fur et à mesure des rencontres. Quelques parts, nos précédentes critiques sur le vieillissement de l’équipe ne furent guère infondées ou malveillantes, car, l’apport du sang neuf à certains secteurs du jeu a permis au Onze national de retrouver de la vigueur et de l’allant face à de jeunes Etalons du Yénenga qui avaient, pourtant, donné du fil à retordre à l’Algérie, lors de la phase-aller. Quelques parts aussi, chers amis de la FENIFOOT, nous aurions presque envie de vous demander de souffrir, de temps en temps, quelques reproches, certes durs, mais objectifs, tout comme c’est à l’épreuve du feu que les effluves de toutes les belles senteurs se font envoûtantes sur les esprits ! Autrement dit, la critique, la critique constructive est une partie intégrante de la réussite et c’est la seule que votre fidèle serviteur connaisse et pour laquelle il se bat toujours au sujet de la vie de la nation nigérienne !
Sur cette note de satisfaction générale, nous osons espérer que le bon wagon est en train d’être accroché par le MENA.
Mais que l’on ne se trompe guère, notre plume n’est qu’au service exclusif de la cause nationale, quand les choses vont bien, nous ne ressentons aucune gêne pour le dire et le proclamer haut et fort. En revanche, lorsque les choses ne se présentent pas bien, nous nous faisons le devoir impératif de le dire haut et fort également, tant pis si cela heurte des sensibilités ou des individus de toutes sortes. Il en est ainsi et pas autrement.
Zakari Alzouma Coulibaly(onep)