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Colonel Elhadj Ousmane Mahaman, ministre de l’Agriculture et de l’Élevage
Monsieur le ministre, comment faire pour que l’agriculture nigérienne permette une autosuffisance alimentaire réelle de notre pays ? Est-ce qu’il y a lieu en plus de l’agriculture pluviale saisonnière traditionnelle que nous connaissons de développer une véritable agriculture avec plusieurs saisons ?
Avant de répondre à vos questions, je voudrais rendre grâce à Allah Soubahanahou Wata’ala qui nous a permis aujourd’hui d’être sur ce plateau avec vous pour débattre de 18 mois de gestion d’un ministère stratégique, vous l’avez dit qui est celui de l’Agriculture et de l’Élevage et en présenter le bilan. Je voudrais aussi remercier le Chef de l’Etat, le Président du CNSP et le Premier Ministre pour avoir placé leur confiance en ma modeste personne pour gérer ce ministère stratégique. C’est un ministère stratégique parce que la souveraineté alimentaire est une priorité. Je voudrais aussi remercier la RTN pour cette opportunité qu’elle me donne pour présenter à nos concitoyens les 18 mois de gestion. Je présente également à l’ensemble de la population mes vœux de bonne année 2025 pour que nous puissions véritablement avoir une année de paix, de stabilité.
Pour revenir à votre question, je voudrais rappeler le contexte du Niger au lendemain du 26 juillet 2023, ça doit rester dans la mémoire collective des Nigériens. Le premier acte après le 26 juillet 2023 : la CEDEAO a pris des mesures inhumaines, injustes, notamment la fermeture des frontières et des blocus du territoire nigérien. C’est un fait important qu’il faut garder en mémoire. Deuxième élément à retenir, c’est qu’il y a eu une menace réelle d’attaque militaire sur le Niger, certains ont annoncé des milliers d’hommes. Nous avons appris également qu’il y a des avions qui ont survolé le Niger. Troisième élément important du contexte qu’il faut souligner, c’est que toutes nos ressources financières ont été bloquées par la BCEAO. Quatrième élément des plus importants, c’est que nous n’avons pas la possibilité d’importer des produits pharmaceutiques, alimentaires. D’ailleurs nos produits qui ont déjà quitté le port de Cotonou à destination de Gaya ont été empêché d’entrer au Niger. Voilà la situation du Niger après le 26 juillet.
C’est dans ce contexte que nous avons vu à la télé le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, à la tête de ses hommes, qui a communiqué pour dire que le CNSP a pris le pouvoir pour la souveraineté du Niger. Et quelques jours après, nous avons vu la formation du gouvernement, le premier ministre a été nommé Ali Mahaman Lamine Zeine tel que tout le monde le connaît pour sa rigueur dans la gestion et qui a pris la charge de conduire ce gouvernement. J’ai eu la chance d’être un Nigérien comme tous les autres, nommé à la tête du département de l’Agriculture et de l’Élevage qui est un des piliers importants de la refondation si on se base sur le contexte que j’ai cité plus haut. Donc, j’avais la lourde responsabilité de pouvoir régler cette question d’alimentation du peuple nigérien, nous sommes environs 27 millions de Nigériens. Chose encore importante à relever, c’est que le Niger importe pratiquement toutes les céréales nécessaires à l’alimentation de la population : riz, blé, maïs et même le mil.
Un deuxième événement extrêmement important, c’est que nous avons connu une année déficitaire en 2023 sur le plan agricole et fourrager. Sur le plan agricole, nous avons eu un déficit de près 955.000 tonnes et un déficit fourrager de près de 54 %, exactement 53, 8 %. Il fallait relever très rapidement ces défis conjugués sur le plan sécuritaire, de la sécurité alimentaire. C’est dans ce contexte que le CNSP a mis en place ce gouvernement. Dieu merci, le Niger a toujours de bonnes relations avec le Togo et le Burkina. Ces pays ont dit au CNSP et au Gouvernement qu’ils sont disposés à nous accompagner. Il faut remercier les peuples Togolais et Burkinabé pour ce soutien. Cela doit aussi rester dans la mémoire collective des Nigériens. En parlant de la question des corridors, il fallait régler la question du corridor pour l’approvisionnement du pays. Le Togo et le Burkina ont répondu favorablement et soutenu le peuple nigérien et le gouvernement. Toute une machine a été mise en place. Plus de 2.000 soldats ont été mobilisés pour l’escorte des vivres pour pouvoir sécuriser le convoi et ravitailler le Niger très rapidement. Ces difficultés sont restées derrière nous.
Dans ce contexte que je viens de vous décrire, il fallait répondre aux besoins des Nigériens. Le Niger importait pratiquement 600.000 tonnes de riz par an. Nous avons mis en branle toute une batterie d’actions à partir de la vision du Chef de l’Etat qui, dans son axe 3, concerne le domaine agricole. Nous avons eu une lettre de mission avec 7 points essentiels pour dérouler la politique agricole. Cette politique comprend trois programmes : premier programme, c’est le développement de la production végétale ; deuxième programme, c’est le développement de la production animale et un troisième programme qui concerne le soutien aux institutions, le suivi de l’action du Ministère. Dieu merci, vous avez vu nous sommes constamment sur le terrain. Nous allons revenir plus tard certainement dans le résultat sur ce que nous avons fait.
Monsieur le ministre, qu’est-ce qu’il faut faire aujourd’hui pour mettre en œuvre un programme de valorisation des terres, de mobilisations de l’eau et de promotion des infrastructures nécessaires pour la production agro pastorale ?
Je viens de vous dire que nous avons développé deux programmes opérationnels : un programme de production végétale et un programme de production animale. Le Niger, c’est près de 62.000.000 de têtes de bétail toutes espèces confondues en termes d’élevage. Le Niger, c’est un grand potentiel des terres irrigables, le Niger a des potentialités en eaux souterraines et en eaux de surface : le fleuve Niger, la komadougou, le korama, la maggia. Nous avons 1.267.000 km2. Le Niger est partagé en 5 zones, on nous a appris à l’école primaire la zone saharienne, semi-sahélienne, soudanienne, etc. Donc, si nous regardons les 60 à 70 % du territoire nigérien, on ne peut pas cultiver des céréales en saison des pluies et de manière certaine. Mais, nous avons des ressources en eau. Le Niger est l’un des pays qui est le plus fourni en eau de surface et en eaux souterraines. A 10 à 15 m, vous avez de l’eau dans certaines zones. Nous nous sommes dit que nous ne pouvons pas nous arrêter uniquement aux cultures sous pluie. Nous avons développé le Programme Grande Irrigation. Nous avons du potentiel. Dieu nous a donné un potentiel qu’on ne peut pas emporter, c’est le soleil, l’eau, les terres. Nous avons tout pour produire.
Justement par rapport à ce Programme Grande Irrigation, où est-ce qu’on en est de façon précise ?
Après le 26 juillet 2023, après l’avènement du CNSP et après la formation du gouvernement, j’ai fait le point sur les aménagements hydro-agricoles. Nous avons 18.500 hectares d’aménagements hydro-agricoles sous le contrôle de l’ONAHA, pour 1.267.000 km2 avec le potentiel irrigable que je viens de vous citer et près de 27.000.000 d’habitants. De 1960 au 26 juillet, c’est une catastrophe dans un pays sahélien où on ne peut pas compter sur les cultures pluviales. Qu’est-ce qu’il faut faire ? Il faut rapidement aller vers l’aménagement des terres. Et quand on a fait le point sur les 18.500 hectares, nous avons à peine 8.500 hectares qui sont véritablement exploités en double saison. Première action, il faut réhabiliter les 10.000 hectares qui sont pratiquement hors usage. C’est l’une des actions du Programme Grande Irrigation. Ensuite, nous nous sommes dit qu’il faut produire des céréales comme le riz, le blé, le maïs. Si nous prenons l’exemple du riz, nous avons un besoin d’à peu près 700.000 tonnes par an. Si nous devrons satisfaire le besoin national en riz, il nous faut au minimum 40.000 hectares en double saison, soit 80.000 hectares. Et donc, nous n’avons que 18.000 hectares qui sont en aménagements hydro-agricoles dont 8. 500 ha exploités. Nous avons décidé de réhabiliter les 10.000 hectares. Ainsi, pour avoir les 40.000 hectares, il nous faut réaliser 21.200 hectares supplémentaires. Ce qui nous permettra de satisfaire 50 % des besoins en riz pour à peu près 315.000 tonnes et satisfaire les besoins en quelques céréales importantes qui sont le maïs et le blé. Le Programme Grande Irrigation consisterait à réhabiliter et à mettre en valeur au minimum 39.700 hectares.
Nous sommes à combien d’hectares ?
J’arrive, je vais vous expliquer. Rappelez-vous que nous sous embargo, n’oubliez pas le contexte, c’est important pour que vous compreniez. Les instructions du Chef de l’Etat sont de faire sur les ressources propres et internes et les ressources ont été mobilisés. On a fait un contrat plan pluriannuel avec l’ONAHA, vous l’avez vu sur le terrain et nous avons donné un programme jusqu’en 2027. Dans ce programme, nous allons, chaque année, réhabiliter 2.000 hectares et aménager 2.000 nouveaux hectares pour pouvoir absorber le besoin global que je viens de vous expliquer. Maintenant nous avons des projets sous tutelle dans le budget national, nous avons réorienté leurs missions dans le cadre du Programme Grande Irrigation. Je vous ai dit qu’il y a 3.700 hectares qui vont être réhabilités, le reste par un des projets phares qu’on appelle le PACIPA qu’on a lancé. Ce projet va prendre une grande partie des restants pour pouvoir aménager de nouveaux périmètres et les autres projets sous tutelle vont s’occuper du reliquat.
En termes de résultats, nous avons lancé, exactement en mars 2024, le Programme Grande Irrigation à partir de Niamey et, au niveau régional, nous avons bouclé sur l’ensemble des régions du pays. Nous avons lancé, à Diffa, 160 hectares avec une digue. N’eussent été les inondations, Diffa allait aujourd’hui fournir du riz un peu partout. La deuxième action a concerné le périmètre irrigué de Kassama. Vous y avez été, j’ai vu votre reportage. Merci à la RTN. Aujourd’hui, le riz est sur le marché. L’aménagement de Jambali à Maradi avec 160 hectares. Pratiquement, aujourd’hui, on est à la phase finale de la réception technique de Kassama et Jambali bientôt. Il y a un périmètre qui est extrêmement important, c’est le 32 km Dollé Kagatawey. Ces 32 km de digue nous ont permis de sécuriser 3.000 hectares de riz qui ne sont pas exploités depuis presque 5 ans. Aujourd’hui, nous pouvons produire dans la région de Gaya sur les 3.000 hectares en toute sécurité. On a fait une digue de 32 km pour sécuriser ce qui ne l’a pas été pendant 5 ans. Nous avons lancé à Niamey, nous avons lancé à Toulla (Tillaberi), nous avons lancé Tiguirwit (Agagdez), nous avons lancé à Moulela (Tahoua). Les travaux ont été lancés dans toutes les régions et l’ONAHA est à pied d’œuvre pour l’exécution. Certains périmètres sur les 13 que je viens d’énumérer sont pratiquement terminés, d’autres sont en attente et, bientôt, nous allons les réceptionner.
En termes de coût sur le budget ressources propres, nous sommes à peu près à 23 milliards de dépenses actuellement pour pouvoir faire tout cela. Donc l’ONAHA est à pied d’œuvre pour la réalisation. Le riz bientôt va être sur le marché.
Monsieur le ministre, vous avez dit que les travaux sont lancés dans toutes les régions. A Niamey, ça tarde à démarrer, c’est quoi le problème à ce niveau ?
Ça m’étonnerait Abdoulaye que vous dites que ça tarde à démarrer. Si vous étiez à Saguia, vous ne diriez pas çà.
La dernière fois, on avait reçu le Directeur Général de l’ONAHA qui a parlé de difficultés qu’ils ont au niveau de la région de Niamey parce que, pratiquement, il n’y a pas d’espace à Niamey, Monsieur le ministre.
Non, il ne faut pas confondre, il y a deux choses. Il y a l’aménagement déjà existant qu’on est en train de réhabiliter. Maintenant, il est vrai que Niamey n’a pas d’espace supplémentaire pour réaliser de nouveaux aménagements, ça c’est une autre question.
Et qu’est-ce qu’il faut faire ? Puisque la région de Niamey bénéficie au même titre que les autres régions aussi de ce programme ?
Vous savez, il s’agissait des bassins de production ! Si on peut produire le riz à Maradi pour le besoin de l’ensemble du Niger, on le fera, quitte ensuite à l’écouler partout au Niger. Il ne s’agit pas ici des régions, il s’agit de voir des zones qui ont des bassins de production où on peut produire du riz, du blé et on produira pour le reste du Niger. Nous prendrons des dispositions techniques nécessaires. S’il n’y a pas de route, on les construira, s’il n’y a pas de moyen de transport, on créera les conditions de transport pour que la circulation intra-régionale puisse permettre de régler la question. Niamey a déjà des périmètres, ce qu’il ne faut pas oublier.
Mais qui fonctionnent assez mal Monsieur le ministre. Vous reconnaissez avec moi que ces périmètres fonctionnent assez mal ?
Malheureusement ! C’est pourquoi le Programme Grande Irrigation justement. Donc, on va s’investir pour réhabiliter l’ensemble des périmètres qui existent, 10.000 hectares non fonctionnels sur les 18.500 hectares existants au Niger, de 1960 au 26 juillet.
Monsieur le ministre, l’opérationnalisation du Programme Grande Irrigation nous a permis de battre en brèche plusieurs idées reçues. En effet, nous constatons que l’on peut cultiver le riz pratiquement dans toutes les régions du Niger. N’est-ce pas le moment d’aller plus en profondeur en interrogeant toutes nos certitudes sur les techniques de production, les cultures produites, sur les semences et la nécessité de privilégier l’aménagement des grandes surfaces de productions agricoles ?
Effectivement, pendant longtemps, on pensait que le riz ne peut être produit que dans des endroits où il y a l’eau en permanence comme les fleuves. Mais, on s’est rendu compte qu’on peut en produire même dans les basfonds et même hors aménagement. D’ailleurs, la grande quantité vient de là. Dans la région de Zinder, les gens en produisent hors aménagement, dans le département de Magaria. Donc, il faut sortir de ces préjugés pour aller véritablement sur le terrain. A Diffa, un peu partout, le potentiel qu’on a aujourd’hui nous permettra de produire du riz à suffisance pour que les Nigériens soient à l’abri. S’ils tiennent au riz, c’est normal, c’est devenu une denrée de consommation de masse, on ne peut pas la supprimer de leur menu. C’est pourquoi nous parlons de satisfaire les 50 % des besoins en riz de nos concitoyens. Nous avons les Korama, les basfonds qui ont été étudiés par la Direction Générale du Génie Rural. Il y a des potentialités dans les différentes régions et nous avons aujourd’hui à peu près 40.000 hectares qui ont été disponibilisés pour nous par les communes, les départements et les régions sur lesquels nous sommes en train d’agir. J’aimerais qu’on se donne rendez-vous en 2027. Avec le suivi que le Chef de l’Etat fait et les orientations du Premier ministre, l’ensemble du gouvernement sur la question de la souveraineté alimentaire, je préfère que les faits parlent d’eux-mêmes que de parler avant.
Vous voulez dire qu’on aura plus à importer du riz à partir de 2027 ?
Attendons de voir.
Monsieur le ministre, la participation des populations reste essentielle dans la lutte pour l’autosuffisance alimentaire, comment développer des initiatives pour inciter les communautés locales à participer à ce combat pour la souveraineté alimentaire ?
Dans ma lettre de mission, j’ai cette charge de sensibiliser et d’aller vers nos concitoyens pour faire passer les messages du gouvernement et du CNSP. C’est à ce titre que j’ai visité tout le Niger. Et justement, l’objet c’était d’aller vers nos concitoyens, leurfaire comprendre la marche du Niger sur la question de la souveraineté, les raisons des événements du 26 juillet et ce que nous comptons apporter aux populations nigériennes, surtout dans le domaine agricole et sur le plan sécuritaire. Vous savez que les ministres en charge de la Sécurité étaient tellement pris par ces questions. J’ai été leur porte-parole en ces temps puisque, dans ma lettre de mission, il m’est demandé d’aller sensibiliser les populations et leur porter ces messages qu’elles ont compris. Ce que je retiens, c’est que le peuple nigérien est un peuple brave, courageux et résilient. A ma dernière mission à Iferouane j’ai trouvé des femmes et des hommes debout. Ils m’ont dit ‘’monsieur le ministre, qu’est-ce qu’on a fait au CNSP, deux ans on attendait l’arrivée d’un membre du gouvernement ?’’. Cela veut dire que les Nigériens les plus éloignés ont déjà entendu le message et attendent du gouvernement des actions et nous pensons que, dans la forme actuelle, nous allons répondre aux préoccupations du peuple nigérien. C’est vrai que le contexte est difficile, mais nous allons tenir.
Monsieur le ministre, les principales préoccupations de la population, notamment les producteurs, c’est la disponibilité des engrais pour améliorer leurs productions. On sait qu’il y a eu des va et vient par rapport à cette question qu’est-ce qu’il en est réellement ?
Le Niger détient à peu près moins de 3 % des réserves potentielles en phosphate. Le Niger détient un peu moins de 40 % du potentiel en Afrique subsaharienne de phosphate. Mais on n’a pas un grain de phosphate, ça ne vous étonne pas ? Vous savez pourquoi ? Parce qu’on n’était pas souverain, parce que nous ne décidons pas de nous-mêmes ce que nous voulons. Nous étions orientés dans nos décisions politiques, économiques. Aujourd’hui, la souveraineté, c’est ça la vision du Président du CNSP ‘’labou sanni no’’ ou ‘’zance kassa’’. Ce n’est pas un slogan, c’est une vision. Nous déciderons par nous-mêmes pour le Niger et par le Niger. Pour revenir à votre question, il est normal de se poser la question : comment peut-on avoir une telle potentialité et ne même pas produire un grain d’engrais ? C’est pourquoi j’ai été instruit par le Chef de l’Etat et le Premier ministre pour approcher l’Office Chérifien du phosphate qui est le géant de phosphate en Afrique. Nous avons signé une convention, nous allons mettre en place une industrie de fabrication d’engrais adaptée à tous nos sols. Très bientôt, j’irai au Maroc pour en discuter. Le Directeur Général de ce groupe était ici à Niamey où nous avons élaboré cette convention. Le financement, à travers le projet PACIPA, est pratiquement acquis et bouclé. Nous allons créer une industrie pour transformer notre phosphate en engrais adaptés à nos différents sols.
Au Niger, on a trois types de fertilisants ou engrais qu’on importe : il s’agit du MPK 15-15, de l’urée et du DAP comme si le sol nigérien est le même partout. Ce qui n’est pas vrai. On va changer ça. Avec une usine, on va créer des engrais adaptés à Niamey, à Tillabéri, à Dosso, à Tahoua, au sol d’Agadez, etc. Nous sommes très avancés et le problème d’engrais va être solutionné d’ici 2027.
Que devient la CAIMA, une faitière tellement connue ?
La CAIMA, c’était une catastrophe, ça n’existe pas. Depuis notre arrivée, nous avons pris en charge cette CAIMA. A un moment, dans le cadre des réformes, encore une fois une question de souveraineté, l’Allemagne et les Etats Unis ont arraché la possibilité d’importer et de commercialiser de l’engrais à la CAIMA pour la privatiser. Ce qui n’était pas mauvais en soi si les principes sont suivis. Quand on est venu, j’ai eu la charge ; on a repris le dossier. Est-ce qu’aujourd’hui on peut s’autonomiser sans que l’Etat ne soit présent dans le secteur des engrais ? Vous pensez que c’est possible ? Non ! Il faut que l’Etat soit présent, c’est un domaine stratégique. L’engrais, c’est comme le pétrole, l’eau pour l’agriculture. Donc, il faut véritablement prendre en charge cette question d’engrais. Nous avons formulé une ordonnance qui est signée il y a 72 heures qui a donné la plénitude à la CAIMA. Mieux, nous avons constaté qu’aucun outil sur la mécanisation de notre agriculture n’est produit. Ça veut dire que ça ne va pas. Nous avons eu des échanges avec des partenaires qui respectent la souveraineté du Niger notamment l’Inde et la Chine. Nous allons faire une usine d’assemblage de matériels agricoles : tracteurs, batteuses, tout sera monté ici. La CAIMA va prendre la plénitude de ses missions pas pour donner des milliards et qui s’estomperont. Je vais vous expliquer quelque chose que vous ne savez pas : il y a quelques années, la CAIMA importait à peu près 400.000 – 450.000 tonnes d’engrais subventionné à 50 pour cent. Cela veut dire que le sac de 50 kilos était vendu à 13.500 f CFA, mais sur le marché, c’était 15.000 f CFA, même si ce n’est pas subventionné. Ça veut dire quoi ? ça veut dire que l’Etat a été grugé, nos pauvres paysans ont été grugés et pensaient avoir un engrais à 13.500 f subventionné à 50 pour cent. Mais, en réalité, il est sur le marché à 15.000 f au maximum. Encore qu’il y avait un problème de disponibilité, tous ce que vous pouvez imaginer. Donc, il faut regarder tout ça. On a nommé un Directeur général, un homme intègre, Issoufou Bah, qui va faire cette réforme et, In shaa Allah, nous pensons que nous pouvons redémarrer la CAIMA et lui donner des missions très claires et précises avec une rigueur dans la gouvernance.
Donc la CAIMA ne sera plus cette vache à lait des hommes politique ?
Ça, c’est très clair. De ce qu’elle était, on ne sait rien, Mais, en tout cas, nous allons insister sur la bonne gouvernance. Nous allons mettre l’axe premier du livre ‘’Vision du Chef de l’Etat’’ : c’est la gouvernance, c’est la gouvernance, n’oubliez pas, il faut toujours vous rappeler cela. Donc la bonne gouvernance doit régner dans nos structures pour que les missions définies par le législateur à ces structures puissent véritablement être appliquées.
Script : ONEP