Après un séjour de 48 heures dans la capitale de l’Aïr, Agadez, l’ambassadeur de la République de Türkiye au Niger, SE Ozgür Çinar est revenu sur la récente redynamisation de la coopération entre son pays et le Niger, en général, et avec la ville d’Agadez en particulier, cela dans plusieurs secteurs d’activités. Il a également profité de son passage dans la région pour donner sa vision des futures actions de coopération entre les deux peuples frères et entre leurs pays qui font face au terrorisme alimenté par des forces obscures. Pour rappel, la visite de l’ambassadeur s’est déroulée en pleine canicule qui s’est abattue sur la ville d’Agadez en ce début de Ramadan.
Monsieur l’ambassadeur, après 48h de visite dans l’Aïr qui vous a conduit sur les sites d’activités de la Tika et au niveau des monuments historiques et touristiques de la ville, quelles sont vos impressions ?
On a choisi cette date pour la visite pour qu’elle coïncide avec le mois béni de Ramadan. On a voulu venir ici, à Agadez en ce moment pour partager quelques jours avec les populations qui sont des frères et amis. C’est aussi pour voir l’état de la mise en œuvre au niveau de nos projets de coopération. Il s’agit de faire des constats et de réfléchir en vue de développer de nouvelles idées et mettre en œuvre de nouveaux projets. C’est une ville à laquelle nous tenons beaucoup et qui verra naitre de nouveaux projets de coopération.
A l’occasion de cette visite, j’ai eu la possibilité de rendre visite aux autorités locales, notamment le Gouverneur, le Sultan de l’Aïr et le maire de la Commune urbaine d’Agadez. Nous travaillons sur des projets de coopération. J’ai eu aussi une rencontre avec le Conseil Régional de la Jeunesse et une autre avec des femmes entrepreneures. J’ai eu à visiter des médias locaux et j’ai eu l’opportunité de participer à une diffusion, en direct, dans une radio.
Tous ces contacts et ces entretiens nous ont donné des idées encore plus encourageantes parce que nous avons vu qu’ici, nous avons des choses à faire ensemble, comme nous l’avions fait jusqu’aujourd’hui. Pour les années à venir, bien sûr on va continuer à travailler. Mais, ce qui est rassurant pour moi, c’est de voir que tous nos interlocuteurs partagent une vision commune avec nous, surtout en ce qui concerne le développement de la capacité de production dans toute la région en général, et dans la ville d’Agadez en particulier, en commençant par l’agriculture.
Aujourd’hui, on a eu l’opportunité de visiter quelques projets qu’on a commencé ici avec le Maire, et il s’agit des équipements, des forages qui seront prochainement utilisés pour l’irrigation afin d’augmenter les capacités agricoles. Ceci parce que nous croyons que la production agricole, c’est l’un des moteurs de l’économie. Dans tous les domaines nos relations bilatérales sont excellentes et nous allons bien sûr les faire prospérer dans plusieurs autres régions du Niger, y compris Agadez.
Comme vous le savez, entre la Türkiye et cette ville (Agadez) il y a des relations et des liens historiques. A ce titre nous avions eu l’opportunité de retourner au Sultanat pour voir les manuscrits qui constituent des documents importants, des archives d’une valeur inestimable. Probablement, on va essayer de faire un nouveau projet destiné à protéger ces archives historiques.
J’ai visité le marché de l’artisanat et nous avons relevé qu’il y a toujours des opportunités à travailler ensemble pour améliorer les choses et avancer. Cette visite au marché, c’était pour avoir une idée et nous avons constaté un nombre important d’artisans qui ont besoin de soutien. J’ai eu les mêmes sentiments, comme si c’était dans le passé, au temps des relations commerciales.
Justement, la région d’Agadez dispose d’un important potentiel commercial et économique, ainsi que des opportunités d’investissements. Y a-t-il une opportunité de développer cette coopération et permettre aux producteurs et artisans régionaux d’accéder au marché international, notamment au marché turc ?
Bien sûr ! En fait, permettez-moi de revenir sur la production agricole parce que, dans la région d’Agadez on a constaté qu’il y a un potentiel assez important. Comment aider ces producteurs à transporter leurs produits et avoir des débouchés, surtout sur la question de transformation et de conservation des produits ? Cela nécessite vraiment des projets de coopération plus importants que ce que nous avons fait ensemble jusqu’aujourd’hui. C’est pourquoi, actuellement nous sommes dans une phase primaire qui nous permet d’essayer de voir d’autres types de partenaires et partenariats qui travaillent dans ce domaine.
Il s’agit de voir ce qu’on peut faire, par exemple à Niamey, en tant que Capitale du Pays, et ce qu’on peut faire à Agadez en vue de développer toute une chaine de valeurs qui va nous permettre de relier Agadez à Niamey, et bien sûr avec les autres régions du pays. Et si le marché intérieur est déjà plein, on peut essayer de voir comment exporter les produits valorisés. Nous, en tant que Türkiye, on a un savoir-faire au niveau de l’agriculture, surtout dans l’industrie agroalimentaire.
Prochainement, on va essayer de voir ce qu’on peut faire et ce qu’on va faire par l’intermédiaire des relations Etat-Etat, mais aussi par l’intermédiaire des investisseurs privés turcs. Parce que, comme je viens de le dire, on a un potentiel important et une capacité qui doit être développée, parce qu’il y a le terrain, il y a aussi des ressources en eau souterraine très importantes et il faut les mettre ensemble pour choisir le bon produit et voir ce qu’il est possible de faire. Mais, ce qui est très important c’est l’accès au marché.
Depuis plusieurs années, la Türkiye, à travers l’Agence Turque de Coopération pour le Développement (Tika) et les autres ONG, intervient à Agadez. A l’occasion de cette visite quel impact avez-vous perçu de toutes ces interventions ?
Nous avons fait des projets, oui ! Mais, cela n’a pas donné une réponse à ce dont on a besoin. Il faut penser à des projets beaucoup plus importants que ce qu’on a fait jusqu’aujourd’hui, et surtout développer les capacités de production au niveau local. C’est ça le mot clé ! Je sais très bien qu’actuellement la priorité du Niger ce ne sont pas les aides, mais plutôt le développement des capacités de production et d’investissements. Nous devons aussi, de notre côté, transformer et développer une capacité pour accompagner ce besoin.
Propos recueilli par Ali Maman ONEP/Agadez