De son nom scientifique Hyphaenethebaica, le « doumier » est une espèce très appréciée par les paysans au regard de ses multiples rôles dans les systèmes de production agro-sylvo-pastorale. Ainsi, l’avantage de cette plante, c’est qu’elle améliore la fertilité des sols et par effet d’entrainement renforce la productivité de la terre (sur le plan physique, chimique et biologique). De ce fait elle contribue efficacement dans la lutte contre les érosions hydrique et éolienne. Mieux, elle contribue aussi à l’économie locale car ses fruits et ses feuilles, ainsi que les produits issus de leur transformation sont utilisés en milieu rural et se trouvent sur tous les marchés nigériens.
Selon les services compétents de l’environnement, le doumier joue un grand rôle écologique et économique dans son milieu. C’est pourquoi, il doit être géré durablement (assurer la pérennité de l’espèce ainsi que celle des biens et services qu’elle fournit sans cesse à nos populations). Malheureusement, ses fruits sont exploités à l’état immature sous l’appellation de « Kollogi ou de takodaré » en fonction de leur niveau de développement et leur état (frais ou sec). Ils sont en outre sollicités par les consommateurs, surtout les femmes. Il est d’ailleurs facile pendant la période des pluies, de voir ces fruits immatures partout en vente sur les marchés et sur les grandes artères de la capitale, de même que dans les rues des grandes villes du Niger. Ils font l’objet de commerce et par conséquent sont une source de revenus importante pour les producteurs, les commerçants et certains élèves pendant les vacances. Chaque acteur de la chaine tire son épingle du jeu pendant la période de récolte de ce produit saisonnier. Les sujets de doumier sont disponibles dans plusieurs régions du Niger même si par ailleurs on rencontre des concentrations de la plante dans les zones comme Birni N’Gaouré, Torodi, Kollo, Gaya, Maradi, etc.
A titre illustratif, dans les régions de Torodi et de Kollo, certains producteurs tirent des revenus conséquents de l’exploitation des fruits de doumier. Ainsi, l’importance économique de ces fruits est non négligeable de nos jours, surtout dans le milieu rural. Toutefois, il est difficile de concilier l’exploitation des fruits immatures du doumier à la pérennité de l’espèce et au maintien de l’équilibre écologique sans mettre l’accent sur la sensibilisation des producteurs et une bonne organisation des acteurs.
Protéger l’espèce pour le maintien de l’équilibre écologique
La concertation entre tous les acteurs directs et indirects de la filière (exploitants, commerçants, services techniques, ONG, projets et programme etc) s’avère aussi indispensable pour stopper la catastrophe écologique. Pour le service de la division Promotion des Produits Forestiers Non Ligneux à la Direction Générale de l’Environnement et du Développement Durable de notre pays, il est temps de comprendre que si cette production des fruits immatures de doumier communément appelé en langue locale ‘‘kollogi’’ s’accentue sans mesure d’accompagnement, c’est un véritable danger écologique qui nous guette dans la mesure où il n’y aura pas de régénération de l’espèce à partir du moment où la semence est consommée, les sujets existants disparaitront puisqu’ils obéissent à la loi de la vie : « l’être vivant nait, il grandit parfois et meurt obligatoirement ». Conséquence, l’espèce sera effacée du territoire nigérien. Une telle situation serait contraire aux objectifs de Développement Durable et n’honore pas du tout un pays comme le nôtre qui fait déjà face au changement climatique dont les effets manifestes sont, entre autres, les inondations, les longues périodes de sécheresse pendant la période de pluies ; l’appauvrissement continue de la base productive, etc. Si la tendance liée à la destruction abusive de l’espèce est maintenue, la génération future ne verra pas le Kollogi, elle apprendra son histoire à travers les écrits et les images. Fort heureusement, les services techniques du Ministère de l’Environnement et certaines structures (comme Taimakon Manoma à Maradi qui intervient dans la vallée de Goulbi N’Kaba) et autres associations de développement mènent beaucoup d’actions dans le sens de la conciliation de l’exploitation de cette espèce à la régénération sans cesse du potentiel productif. C’est d’ailleurs dans cette logique que le Ministère en charge de l’Environnement sollicite l’appui conjugué de tous (Etat et Partenaires Techniques et Financiers) pour que toute la population du Niger prenne conscience de cette situation pour le bien-être de la génération future. En effet, l’atteinte des objectifs de développement dans le domaine de l’environnement dépend en grande partie de la prise de conscience de nos populations par rapport aux différents problèmes et enjeux environnementaux. Cette prise de conscience se matérialise à travers une gestion durable des ressources naturelles de notre pays.
Hassane Daouda (ONEP)
Un fruit aux multiples vertus thérapeutiques
Le palmier doum, également connu sous le nom scientifique Hyphaene thebaica, est un arbre aux dimensions modestes qui pousse dans les régions arides du Sahel, notamment au Niger. Ses fruits, communément appelés « noix de doum », ont une grande importance économique, sociale et écologique. Pendant les vacances, les enfants vendent des fruits de saison, une façon de préparer eux-mêmes la rentrée scolaire à venir. Parmi ces produits saisonniers que les enfants de la ville de Niamey commercialisent le plus, figurent en bonne place la noix du palmier doum. Ce que nombre de consommateurs, vendeurs et revendeurs ignorent, c’est que les fruits de la noix du palmier doum ont des bienfaits thérapeutiques insoupçonnés.
Appelé en langue locale ‘‘Kollogi’’, la noix du palmier doum est revendue dans les différents quartiers de la ville de Niamey par les enfants, surtout en cette période de vacances. Cependant, force est de constater qu’un nombre important de consommateurs ignorent totalement les vertus de ce fruit qui est actuellement vendu dans tous les quartiers de Niamey. Cette période constitue le moment propice de maturité et de récolte des noix de doum. La campagne de ce produit dure de mai à juillet, voire août en fonction de la production des sujets.
La noix du palmier doum fraîche est avant tout caractérisée par deux grandes vertus : sa teneur en sels minéraux, qui comprend des minéraux tels que le potassium et le magnésium. Selon le nutritionniste, Dr. Abdoul-Razak Bello, la noix du palmier doum contient des vitamines, notamment de la vitamine A et des vitamines du groupe B. Ces dernières sont particulièrement importantes car elles favorisent le bon fonctionnement de l’organisme.
« Prenons par exemple le potassium, il a la capacité de faire baisser la tension artérielle. Ainsi, la consommation de ces noix peut indirectement contribuer à la réduction de la pression artérielle », précise le nutritionniste.
Selon lui, il est reconnu que le calcium est un élément important pour renforcer les os, mais il l’est également pour accroître la tonicité musculaire, notamment celle du tonus du muscle cardiaque, ainsi que pour apporter des sels minéraux.
Outre ses vertus liées à la vitamine B, la noix du palmier doum est également reconnue pour sa teneur en fibres, ce qui se manifeste par sa texture fibreuse. Ces fibres, une fois ingurgitées, contribuent à améliorer le processus digestif et présentent d’autres atouts pour le bien-être.
« En effet, la majorité des réactions chimiques qui se produisent dans les corps humains sont catalysées par les vitamines du groupe B, qui sont souvent appelées des intermédiaires métaboliques. Ce fruit, a un apport pour la digestion, car il est riche en fibres, il peut aider à traiter la constipation et favoriser une digestion saine. Sa texture moelleuse et rafraîchissante peut apaiser la chaleur corporelle par un temps chaud », a mentionné Dr. Abdoul-Razak Bello.
La partie liquide et juteuse de la fibre n’est pas à négliger lors de sa consommation, car celle-ci offre des vertus supplémentaires et peut contribuer à l’amélioration de la gestion de certains aliments. « Ce fruit peut être utilisé comme boisson isotonique, aidant à prévenir la déshydratation et sa teneur élevée en minéraux le rend plus efficace », ajoute-t-il.
Il a par ailleurs indiqué que les risques associés à la consommation de la noix sont principalement liés à la conservation et à l’hygiène. « Lorsqu’elles ne sont pas conservées correctement, cela peut entraîner des intoxications alimentaires, avec des symptômes tels que la diarrhée et les vomissements », a expliqué le nutritionniste.
Rabiou Dogo (ONEP)
Les revendeurs de « kollogi » se frottent les mains
La saison des pluies coïncide avec une multitude de produits saisonniers, parmi lesquels on peut citer la noix du palmier doum. Ainsi, la vente de ce produit, est devenue une habitude pour beaucoup de gens et constitue une activité génératrice de revenus, qui permet aux femmes et aux jeunes d’en tirer un bon chiffre d’affaires.
La vente de la noix du palmier doum est exercée par des adultes, des femmes et surtout des jeunes écoliers qui profitent des grandes vacances pour s’occuper par des activités permettant de tirer profit afin de soutenir les efforts financiers de leurs familles. Pour les jeunes écoliers qui exercent cette activité, il s’agit surtout de mieux préparer la prochaine rentrée scolaire. La noix du palmier doum est extrêmement prisée par les consommateurs qui en raffolent.
Ainsi, la vente du « kollogi » bat son plein au niveau des marchés de la capitale de Niamey, plus précisément au marché de katako, sur différentes grandes artères de la ville et dans les ruelles des quartiers de Niamey. La vente de ce produit saisonnier attire un nombre important de clients autour des jeunes revendeurs. Ce qui fait de cette activité un véritable business qui mobilise divers acteurs, notamment les grossistes, et les détaillants. Chaque maillon de la chaine de la vente tire son épingle du jeu.
Précisons qu’il existe une catégorie de clients qui s’approvisionnent au marché Katako plate tournante de la vente du produit à Niamey. Certaines personnes achètent le produit pour leur propre consommation, tandis que d’autres s’adonnent à la commercialisation en vue de générer des bénéfices.
De nos jours, la noix de palmier doum est devenue une activité commerciale et économique qui fait la fierté d’une partie de la population nigérienne, même si l’activité se pratique de façon informelle. D’après M. Salissou Elhadj Ada, un commerçant au marché katako, beaucoup de personnes s’intéressent de plus en plus à cette activité compte tenu de la marge bénéficiaire qui en résulte. « Chaque année, des jeunes, hommes et femmes, se lancent dans la vente de la noix de palmier doum. On en trouve partout sur les étals du marché et ses alentours, mais aussi dans les rues des quartiers. Les localités les plus reconnues pour l’approvisionnement sont, entre autres, Torodi, Gaya, Bengou et Say », a-t-il déclaré. La commercialisation de la noix du palmier doum est bénéfique parce qu’elle permet de joindre les deux bouts. « On peut décharger 2500 à 3000 sacs de palmier doum. S’agissant du prix de sac de doum, a-t-il dit, il variait selon les années. En 2022, le prix du sac se vendait entre 10.000F et 11.000F CFA pendant la période. Il se vend jusqu’à 15.000 F après la saison. Concernant sa clientèle M. Salissou a noté qu’elle est essentiellement composée des jeunes et des femmes.
Farida Ibrahim (ONEP)