Niamey a abrité du 26 au 27 août la première réunion des parties prenantes civiles sur le terrorisme dans la région de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) portant sur le thème « lutte contre le terrorisme dans la région de la CEDEAO : vers un engagement collectif pour une paix durable ». Deux jours d’intenses échanges d’idées et des communications, durant lesquels les acteurs étatiques, institutionnels, les autorités coutumières, les ONG et les organisations de la société civile active dans la lutte contre le terrorisme ont passé au peigne-fin les questions liées au terrorisme dans les pays de la CEDEAO, élargie au Cameroun et à la Mauritanie. Les travaux sanctionnés par des recommandations ont pris fin au cours d’une cérémonie présidée par M Boubacar Seyni, représentant de la ministre Déléguée en charge de l’Intégration africaine et des Nigériens à l’extérieur.
La réunion de Niamey précède ainsi le prochain sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO prévu en septembre prochain à Ouagadougou au Burkina Faso et qui portera essentiellement sur la lutte contre le terrorisme. Le représentant de la ministre Déléguée a affirmé que les pertinentes conclusions et recommandations qui en sont issues seront d’une grande utilité pour permettre aux décideurs, au plus haut niveau, d’affiner davantage les stratégies de lutte contre le fléau du terrorisme dans les pays membres de la CEDEAO ainsi que d’autres pays sahéliens où sévit la menace terroriste. M Boubacar Seyni a souligné que le Niger est honoré d’accueillir cette première réunion démontrant à quel point les pays de la CEDEAO lui font confiance et reconnaissent l’engagement et la volonté inébranlable de ses dirigeants à barrer la route au terrorisme. Il a promis aux participants que les recommandations de cette rencontre feront l’objet d’une attention toute particulière de la part du gouvernement nigérien avant d’ajouter que le prochain sommet s’appuiera sur les conclusions auxquelles ils ont abouti.
Le commissaire aux affaires politiques, paix et sécurité (CAPPS) de la CEDEAO, le général Francis BEHANZIN a mis en exergue la richesse des échanges et des interactions qui ont caractérisé la réunion. Il a salué la participation active des acteurs tout en se réjouissant des conclusions de haute qualité assorties de ces deux jours d’assises. M. BEHANZIN a réitéré les remerciements de la CEDEAO aux animateurs de cette réunion pour la qualité de leurs contributions avant de rappeler que la lutte contre le terrorisme interpelle tout le monde au regard des conséquences de ce phénomène sur les populations et ses impacts sur les objectifs de développement et d’intégration politique et économique que se sont fixé les dirigeants. Le Commissaire de la Cedeao a souligné qu’en organisant la rencontre, la CEDEAO avait besoin d’obtenir des résultats découlant des échanges entre acteurs non étatiques notamment, de disposer d’un état de lieu fidèle de la situation sécuritaire dans les pays de la sous-région, d’établir une cartographie des acteurs non étatiques et d’identifier les ressources dont ils disposent et les expériences acquises. L’un des résultats attendus, c’est aussi et surtout les recommandations pour renforcer la lutte contre le terrorisme.
De ces recommandations formulées par les participants, le CAPPS a tenu à mentionner quelques unes qui lui paraissaient tout particulièrement pertinentes à soumettre aux Chefs d’Etat et de gouvernement au sommet de Ouagadougou. Il s’agit entre autres, de la recommandation sur la nécessité d’inclure l’ensemble des couches sociales dans la lutte contre le terrorisme aux côtés des Etats et invitant à formaliser les pouvoirs des chefs traditionnels par des textes juridiques. Les participants ont souligné qu’il est indispensable de renforcer la coordination des interventions de manière inclusive et d’impliquer effectivement les communautés, en particulier frontalières, dans la résolution de leurs problèmes spécifiques. Il ont souligné aussi avec force que le dialogue est un des meilleurs moyens de prévention et de résolution des conflits mais ont insisté sur le fait que le dialogue est un outil qui pourrait être renforcé en y incluant des mécanismes endogènes de gestion de conflits, en éloignant les leaders coutumiers et religieux de toute manipulation politique et surtout partisane. Les participants à la réunion de Niamey ont, en outre, recommandé de mener une étude sur les expériences des pays déjà affectés pour mieux comprendre la situation avant d’entamer une intervention. Il a été aussi recommandé de créer plus d’emplois pour les jeunes et mettre en place des programmes d’intégration des enfants et épouses des terroristes pour éviter d’être victimes de stigmatisation et marginalisation.
Zabeirou Moussa(onep)