La fistule est une maladie que la femme contracte généralement lors des accouchements, non assistés, et qui fait d’elle souvent la risée de la société si elle n’est pas prise en charge. Cette maladie dont la conséquence est fâcheuse, survient dans la plupart des cas après plusieurs accouchements rapprochés par manque d’information sur l’existence de mesures préventives pour espacer les naissances. Le cas de Dado, une jeune femme mère de deux enfants, victime de la fistule après son deuxième accouchement, est pathétique. Dado ne comprend toujours pas comment après un premier accouchement puis un deuxième, on peut devenir fistuleuse. Critique, stigmatisation et rejet pur du côté de certains membres de sa famille qui voient en elle la malédiction et l’impossibilité de donner encore des enfants au mari. Les conversations tendant à demander au mari de prendre une autre femme ont fini par traumatiser Dado qui ne sait plus à quel saint se vouer.
Elle a eu l’idée d’aller à la case de santé du village, mais il faut que son mari donne son accord parce que la consultation peut engendrer des frais. Après hésitation et avec la contribution de Dado qui a vendu un gros bœuf lui appartenant, son mari accepta finalement l’évacuation. Vingt-quatre heures après, tous les moyens ont été débloqués pour transporter Dado sur une charrette bovine au centre de soins se trouvant dans le village voisin. Dado, sa grande sœur et sa tante paternelle qui l’accompagnent, ont séjourné deux jours chez un parent pour attendre qu’un problème technique soit réglé au niveau de l’ambulance qui devrait transporter la jeune dame. Le deuxième jour vers 17 heures, l’ambulance arrive enfin dans le centre-ville où Dado a été prise en charge pour son problème de fistule.
Les femmes atteintes de cette maladie sont prises en charge par des structures étatiques, mais également par des Ongs comme DIMOL. Aussitôt après les actes chirurgicales, les femmes bénéficient d’un bon suivi pour leur guérison et leur intégration sociale.
Ces femmes ont droit à la contraception
Durant leur séjour, des séances de sensibilisation et d’information sont organisées à leur endroit par les responsables de l’ONG sur les différentes méthodes contraceptives. « C’est un droit pour elles de bénéficier d’une méthode contraceptive pour prévenir une grossesse non désirée pendant le traitement », affirme Mme Traoré Salamatou. La présidente de Dimol explique que « celles qui optent pour la PF sont immédiatement prises en charge pour prévenir des complications et leur permettre une bonne guérison. Etant sous traitement, une fois au village, certaines femmes peuvent contracter une grossesse, ce qui entrave le traitement ». Autrement, elles sont libres de choisir les méthodes de contraception qu’elles souhaitent adopter (les méthodes de longue durée, les implants, la pilule etc.). Selon Mme Traoré, en plus de la guérison, le séjour dans le centre leur donne la chance d’échanger entre elles sur les avantages de la PF.
« C’est vrai, reconnait-elle, c’est compliqué parfois surtout avec les femmes qui ont eu la fistule au premier accouchement. Elles sont réticentes pour adopter une méthode contraceptive immédiate surtout de longue durée ».
Comment amener les femmes victimes de la fistule obstétricale à accepter la PF pour leur guérison complète ? Selon Mme Traoré, l’approche consiste d’abord à prendre leur expérience fâcheuse comme exemple, leur expliquer les causes de cette situation et les risques qu’elles encourent si jamais le traitement n’est pas respecté. « Ensuite, il est important de leur donner des soins nécessaires pour leur permettre d’être ‘‘sèche’’. Ce qui établit un climat de confiance entre les patientes et les agents de santé, et offre à ces derniers, l’occasion de les entretenir sur un certain nombre de sujets dont la contraception. Pour la présidente de l’Ong Dimol, il est toujours important de mettre en avant le bien-être et l’avenir de la progéniture pour celles qui en ont. Pour les autres, il est bien aussi de leur donner l’assurance d’avoir des enfants au moment où elles le désirent. Et pour les mettre davantage en confiance, l’ONG invite les patientes qui séjournent au niveau du centre, de raconter leurs histoires aux nouvelles venues, l’impression qu’elles ont de leur santé. Mais aussi leurs impressions sur les agents de santé, la communauté et surtout les moyens investis pour qu’elles puissent avoir une situation améliorée ou guérie.
En somme, certaines femmes sortent du centre guéries, avec une méthode de contraception et un leadership fort.
C’est le cas de Mme O., une jeune ressortissante d’un village situé à quelques kilomètres de Niamey qui, suite à deux grossesses rapprochées a contracté la fistule lors de son deuxième accouchement. « Mme O. a séjourné au centre de l’Ong DIMOL puis a su mettre au service de sa communauté la sensibilisation, l’information et la formation qu’elle a reçues. Ainsi, après guérison et une fois au village, Mme O a amené au centre, douze (12) femmes de son village, atteintes de la fistule obstétricale pour les soins. Elle a aussi sensibilisé les femmes sur les bienfaits de la planification familiale, travaillé aux côtés de l’agent de santé sur cette question, et a amené presque toutes les femmes de sa communauté à adopter des méthodes de contraception » a affirmé la présidente de l’Ong DIMOL.
Mme Traoré a toutefois cité quelques cas de bénéficiaires de méthodes contraceptives qui leur ont posé des problèmes. « Il s’agit des femmes qui voulaient avoir des grossesses immédiates et qui sont venues nous demander d’enlever les implants car, leurs maris veulent avoir des enfants », a-t-elle indiqué.
Convaincue du fait que la planification familiale permet à la femme d’éviter les conséquences liées à la fistule, l’Ong reçoit en plus des femmes victimes de la fistule obstétricale, des cas sociaux.
Les responsables travaillent notamment sur l’espacement des naissances, l’accouchement assisté, les consultations prénatales, et aussi les différents retards pour éviter surtout le risque qu’il y a par rapport à la maternité. Selon Mme Traoré, « ils ont compris que la fistule n’est qu’une conséquence de manquement à travers le système de maternité sans risque. Pour elle, le fait d’espacer les grossesses permet aussi à la femme d’être autonome parce qu’elle aura un temps assez relaxe pour s’occuper de ses enfants mais également de sa santé ». Il faut que les femmes sachent qu’elles sont accueillies, traitées et qu’elles peuvent bénéficier de méthodes contraceptives gratuitement au centre, a-t-elle ajouté.
L’autre terrain sur lequel l’Ong est également en train de se battre est la scolarisation de la jeune fille. « Cela pour que la jeune fille puisse même en cas de mariage précoce avoir accès à une méthode contraceptive pour gagner au moins 2 ou 3 ans et éviter la fistule », a affirmé la présidente de l’Ong DIMOL, Mme Salamatou Traoré
Par Aïchatou Hamma Wakasso(onep).