Le 9ème Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC) a réuni, ce 5 septembre 2024, au Grand Palais du Peuple de la République Populaire de Chine, à Beijing, aux côtés du Président Xi Jinping, 53 chefs d’État et de gouvernement africains, ainsi que le président de la Commission de l’Union africaine et le Secrétaire général des Nations Unies. Dans son discours inaugural de la nouvelle ère de coopération entre la République Populaire de Chine et les pays africains, le Président Xi Jinping a décliné les actions majeures pour une modernisation harmonieuse et plus pragmatique, pour les trois prochaines années, en quelques 10 axes.
Après près de 70 ans, les relations sino-africaines connaissent leur meilleure période de l’histoire. En ce qui concerne l’avenir, le président chinois Xi Jinping propose d’élever les relations bilatérales de la Chine avec tous les pays africains qui entretiennent avec son pays des relations diplomatiques, à un niveau de relation stratégique, et d’élever le positionnement global des relations sino-africaines au rang « d’une communauté sino-africaine à toute épreuve avec un destin partagé en la nouvelle ère ». « Le rêve de modernisation de la Chine et de l’Afrique déclenchera sûrement un boom de la modernisation dans le « Sud global » et ouvrira un nouveau chapitre dans la construction d’une communauté de destin pour l’humanité », affirme M. Xi Jinping.
La Chine et l’Afrique représentent un tiers de la population mondiale totale. « Sans la modernisation de la Chine et de l’Afrique, il n’y aura pas de modernisation du monde », souligne le Président chinois. Au cours des trois prochaines années, la Chine est ainsi disposée à travailler avec les pays africains pour mener à bien les dix actions majeures du partenariat afin de promouvoir la modernisation, d’approfondir la coopération et de diriger la modernisation du Sud global. Et plusieurs domaines sont concernés par les actions à venir annoncées par le Président chinois, co-président de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernements du FOCAC. Il s’agit entre autres du développement des technologies agricoles, de l’appropriation de l’intelligence artificielle, de l’industrialisation, du commerce, des investissements, de la santé, de la sécurité, des échanges culturels et du partage d’expériences, de l’énergie et du développement vert.
Pour la mise en œuvre de cette vision, le gouvernement chinois est prêt à fournir 360 milliards de yuans (plus de 50 milliards de dollars) de soutien financier au cours des trois prochaines années, dont 210 milliards de yuans en fonds de crédit, 80 milliards de yuans sous diverses formes et 70 milliards de yuans d’investissements des entreprises chinoises, selon le Président Xi Jinping.
140 millions de dollars pour améliorer les capacités indépendantes à restaurer et maintenir la paix et la stabilité
Par rapport à la sécurité, la Chine nouvelle dans son élan de modernisation ouvert et solidaire avec des pays africains, souhaite établir un partenariat pour mettre en œuvre l’Initiative de sécurité mondiale, créer une coopération en la matière. Le Président Xi Jinping a d’ores et déjà annoncé 1 milliard de yuans (140 millions de dollars) « d’assistance militaire sans contrepartie à l’Afrique », et une assistance technique qui consistera à former 6.000 militaires et 1.000 policiers chargés de l’application des lois et inviter 500 jeunes officiers militaires à un voyage d’étude en Chine. « La modernisation est indissociable d’un environnement de développement pacifique et stable. Nous devons unir nos efforts pour promouvoir une modernisation pacifique et sûre », a déclaré le Président Xi Jinping. « La Chine est disposée à aider l’Afrique à améliorer sa capacité à maintenir de manière indépendante la paix et la stabilité, à promouvoir la mise en œuvre d’initiatives de sécurité mondiale en Afrique, à promouvoir un développement de haute qualité, une sécurité de haut niveau et des interactions positives, et à sauvegarder conjointement la paix et la stabilité mondiales », a-t-il ajouté.
Sur le plan économique, il a annoncé que la Chine va élargir l’accès aux produits agricoles africains, approfondir la coopération dans le commerce électronique et dans d’autres domaines et mettre en œuvre le Plan d’amélioration de la qualité sino-africain. « La Chine est disposée à négocier et à signer un accord-cadre sur un partenariat économique pour le développement commun avec l’Afrique afin de fournir des garanties institutionnelles à long terme, stables et prévisibles pour le commerce et les investissements sino-africains », a dit le Président Xi Jinping. Il a évoqué également, en termes de perspectives un « Plan d’autonomisation des petites et moyennes entreprises africaines » et 30 projets de connectivité des infrastructures en Afrique, dans le cadre de la promotion de la construction conjointe de haute qualité de « la Ceinture et la Route ». Et cela, en fournissant une assistance pour la construction de la Zone de libre-échange continentale africaine (…).
Dans le domaine de santé, « la Chine est disposée à travailler avec l’Afrique pour établir une alliance hospitalière sino-africaine et construire conjointement un centre médical commun. Nous enverrons 2.000 membres d’équipes médicales en Afrique, mettrons en œuvre 20 projets médicaux et antipaludiques, encouragerons les entreprises chinoises à investir dans la production de médicaments et continuerons à fournir la meilleure aide possible à la situation épidémique en Afrique », a fait savoir le Président Xi Jinping.
Pour promouvoir l’agriculture et faire bénéficier la population, « la Chine fournira 1 milliard de yuans d’aide alimentaire d’urgence à l’Afrique (…), mettra en œuvre 500 projets de bien-être public, et encouragera les entreprises chinoises et africaines à investir et à créer des entreprises dans les deux sens, laissant une valeur ajoutée industrielle et créant pas moins d’un million d’emplois en Afrique ». De même, face aux défis liés aux changements climatiques, l’action du partenariat repose sur le concept du développement vert. « La Chine est prête à mettre en œuvre 30 projets d’énergie propre en Afrique, à construire une plate-forme commerciale d’alerte météorologique précoce et à mener une coopération dans la prévention, la réduction et les secours des catastrophes, ainsi que dans la protection de la biodiversité », a proposé le Président Xi. Il en, dans ce même registre annoncé la création d’un forum Chine-Afrique sur l’utilisation pacifique de la technologie nucléaire, la construction de 30 laboratoires communs et la conduite d’une coopération dans les domaines de la télédétection par satellite et de l’exploration de la lune et de l’espace lointain, pour ainsi aider l’Afrique à réaliser un développement vert.
La Chine, par la voix de son président se dit aussi disposée à travailler avec l’Afrique pour construire une plateforme d’échanges culturels, humains et aussi d’expériences en matière de gouvernance et établir un réseau de connaissances sur le développement, à travers notamment un projet de 25 centres de recherche sino-africains.
Vers la communauté de destin sino-africaine à toute épreuve dans la nouvelle ère
Le Président Faye du Sénégal, coprésident sortant du FOCAC, le Président du Congo (Brazzaville) Denis Sassou N’Guesso coprésident entrant, le Président Ghazwani de Mauritanie, président en exercice de l’Union Africaine, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres Invité spécial du sommet ont également prononcé des discours lors de la cérémonie d’ouverture.
Le forum sur la coopération sino-africaine est non seulement une plate-forme efficace pour promouvoir le développement du partenariat Afrique-Chine, mais aussi un brillant exemple de coopération Sud-Sud de premier plan, basée sur l’amitié, le respect et les bénéfices mutuels. Les dirigeants africains ont témoigné que la coopération de la Chine avec l’Afrique n’est assortie d’aucune condition politique, ce qui a d’ailleurs grandement favorisé la connectivité.
Notons que la coopération chinoise explore et s’harmonise avec les stratégies de modernisations adaptées aux conditions nationales des pays, sans jamais s’ingérer dans les affaires souveraines des Etats, conformément au droit international. Tout comme la partie africaine soutient la Chine unie et s’opposent aux ingérences extérieures sur des questions telles que celle de Taiwan.
Enfin, le sommet a adopté la Déclaration dite de Beijing 2024, assortie d’un plan d’action 2025-2027, qui permettra de mettre en œuvre les actions murement réfléchies et consensuelles présenté à l’ouverture du sommet par le président chinois, pour bâtir conjointement « une communauté de destin sino-africaine à toute épreuve dans la nouvelle ère ». Le ministre congolais des Affaires étrangères et ses homologues chinois et sénégalais ont animé un point de presse en fin de la journée où ils ont évoqué différents aspects du Sommet.
Ismaël Chékaré (ONEP), à Pékin