Comme à l’accoutumée, avant la célébration de la fête de Tabaski (l’Aïd Al-Adha), la communauté musulmane se ruent avec engouement sur les marchés de la place afin de se ravitailler en produits de première nécessité pour la bonne tenue des festivités. C’est pour faciliter l’accès auxdits produits tout en évitant aux femmes un marathon que Hadjia Rabi, promotrice de l’initiative ‘’Foire spéciale Tabaski’’ a organisé l’événement à la place publique Gounto Yéna.
Du 8 au 15 juin 2024, les transformatrices ont exposé des produits variés qui représentent la culture, le savoir-faire et le talent de ces dernières. A l’occasion de cette foire, une multitude des produits sont exposés sur des tables, le propriétaire ou exposant debout, explique minutieusement aux clientes la composition. Une technique qu’utilise maintenant beaucoup de commerçantes pour écouler leurs produits. Mais ce qui est épatant pour plus d’un visiteur, c’est surtout la maitrise et l’élégance avec laquelle ces transformatrices expliquent la composition de leurs produits. Toute chose qui convainc la clientèle quant à la maitrise parfaite du dosage des produits.
Ainsi, dans ces lieux, on trouve des produits issus de la transformation agroalimentaire, des tenues vestimentaires, des produits pharmaceutiques 100 % bio; bref, une panoplie de produits locaux qui témoignent du potentiel agro-alimentaire et culturel du Niger, exposé pour répondre aux besoins des clients. Parmi cette panoplie d’entrepreneurs exposants, se trouve l’entreprise Hindou santé, une entreprise de transformation de plantes médicinales pour le traitement des infections, des hémorroïdes, des kystes, des fibromes, du diabète, de l’hypertension.
« On a beaucoup de produits et à des prix abordables. Chaque sachet se vend à 500F, sauf le cosmétique qui varie entre 500F et 3.000F. C’est l’exemple du produit pour le traitement des cheveux, l’aphrodisiaque qui va de 500 à 1.000 F », explique la promotrice Hindou.
Quant à l’entreprise Mom Tarik, elle est spécialisée dans l’agroalimentaire, plus précisément dans la production des épices, notamment avec sa production de « Gabou VIP », de paprika pour éviter la tomate concentrée, du curcuma, du piment pour la fête de « Malohiya d’Agadez » et les feuilles de baobab. Les prix varient entre 1.000F et 2.500F.
Pour la jeune promotrice, les difficultés ne manquent pas dans toute activité humaine. « Cet endroit où on expose les produits est nouveau. Bon nombre de nos clients ne savent pas qu’il y a une foire qui se déroule. J’ai eu les informations sur les réseaux sociaux, j’ai suivi toutes les procédures possibles pour m’inscrire. A travers cette exposition à la foire, nous contribuons à la promotion de l’autonomisation des femmes dans notre pays », indique la promotrice de l’entreprise Mom Tarik. Non loin de cette entreprise se trouve Aicha, une commerçante spécialisée dans la vente des chips à base de patate douce, de jus à base de tamarin et de bisap. Les prix varient de 200F à 1.000F. Aicha vend aussi du couscous au Moringa.
Les entrepreneurs de l’intérieur du pays ne sont pas restés en marge de cette opportunité d’affaires. C’est l’exemple de Mme Souleymane Asma qui vient de Maradi. Elle est entrepreneure et promotrice de l’entreprise Asti Déco qui excelle dans le domaine de la décoration tradi- moderne. Elle vend des produits de décoration de l’intérieur de la chambre. « Les prix sont étudiés en fonction de la situation du pays et de l’approche de la fête, pour écouler nos articles », a-t-elle précisé. La foire grouille de monde même si les visiteurs n’achètent qu’à compte-goutte. « Nous espérons que la situation va s’améliorer d’ici la clôture de la foire. Nous savons que le contexte dans lequel nous vivons est difficile, mais pas insurmontable. Si le client n’achète pas aujourd’hui, il pourra le faire un autre jour. L’essentiel, c’est de nouer les contacts », affirme Mme Souleymane d’un air souriant.
Chez Maryame, la promotrice du centre « Godia de Maradi », c’est toute une gamme de produits qui est exposée à la vente. Ce sont des produits issus de la transformation agroalimentaire comme des farines à base de maïs, des farines pour les enfants âgés de 6 à 21 mois, des feuilles de corchorus appelé « malohiya » ; des feuilles de baobab et du piment. Les prix varient de 500F à 1.500F.
Une multitude de produits pour l’assaisonnement de la viande
Lancée le samedi 8 juin 2024, la foire des épices ‘’exposition spéciale tabaski’’ du Niger a continué de s’animer jusqu’à la veille de la fête de l’Aid El-Kébir. Une vingtaine de femmes transformatrices ont exposé une panoplie d’épices à base d’ingrédients naturels. C’est dans le but de promouvoir les produits alimentaires transformés issus de l’agriculture Nigérienne que ces femmes battantes du pays ont pris le devant en exposant leur savoir-faire. Tous les ingrédients nécessaires pour la cuisson et l’assaisonnement de la viande, méticuleusement préparés par les femmes transformatrices dans le domaine de l’agroalimentaire, sont disponibles à cette foire. Les stands sont bien garnis de toute sorte de produits et d’épices nécessaires pour la fête. Epices, ustensiles, huile, amuse- gueules, produits cosmétiques, habillements homme/femme et enfant, parfums, chaussures, produits agro-alimentaires, pâtisserie sont exposés au niveau des différents stands de la foire. Les clients se faufilent entre les stands pour bien contempler les différents articles.
Les femmes transformatrices passent pratiquement une partie de la journée et toute la soirée. Les prix sont abordables et accessibles pour toutes les bourses. « Nous sommes ici pour proposer et vendre aux clients tout ce qui est utile pour la fête de tabaski. Nous vendons plusieurs types d’épices pour la marinade et la préparation de la viande. Nos produits sont naturels, sans aucun conservateur », a expliqué Mme Ibrahim Djamila, promotrice de l’entreprise Diam’ Service. D’après elle, les foires des années antérieures étaient vraiment intéressantes car les clients répondaient présents. « Nous constatons cette année un faible engouement autour de la foire. Les clients viennent à compte-goutte », a-t-elle affirmé, estimant que cette fois-ci, il n’y a pas eu assez de communication et de sensibilisation. « A cela vient s’ajouter la question des moyens qui est même un problème majeur et d’actualité. Elle limite considérablement le pouvoir d’achat des populations », a-t-elle souligné. Ainsi, l’avantage de cette foire dédiée aux épices et autres ingrédients, c’est qu’elle permet aux femmes qui n’ont pas le temps d’acheter les épices et les préparer à la maison. « Ces temps-ci, ce n’est pas facile mais on remercie Dieu, la clientèle vient à compte-goutte », renchérit Fatouma, une jeune transformatrice, assise dans son stand plein de divers articles.
Pour Mlle Hamsatou Souleymane, la foire comporte aussi des avantages pour les entrepreneurs dans la mesure où c’est un circuit de commercialisation des produits à grande échelle. « Tout comme le commerce classique, la foire aussi a des risques. Parfois on gagne suffisamment et des fois c’est totalement le contraire. Nous faisons toujours un effort pour participer aux foires. Ces dernières sont des espaces d’échanges qui peuvent déboucher sur de grandes ouvertures », a expliqué Mlle Hamsatou souleymane. Abondant dans le même sens, M. Moustapha, représentant d’une entreprise qui évolue dans la pâtisserie, commente que la foire n’est pas forcément synonyme de vente ou d’écoulement des produits dans l’immédiat. Il ajoute qu’elle est un espace de contacts qui permet d’avoir, dans le futur, des commandes importantes.
Débout devant un stand, Mme Zeinabou attend qu’on lui fasse l’emballage de son colis. « Je suis venue acheter des épices pour la préparation de la fête de tabaski. J’aime utiliser ces épices car elles donnent un goût particulier. Il y’a toute sorte de mélanges. Tout se fait en fonction de la demande du client », a-t-elle précisé.
Mme Hadizatou est une cliente amatrice des expositions et foires. « Je suis une habituée des foires. A chaque fois que j’ai l’information de la tenue d’une foire, j’y vais pour voir ce qui est exposé et éventuellement pour en acheter. A l’occasion de chaque fête je fais mes achats à la foire ; que ça soit les habits et chaussures de mes enfants ou les épices et ustensiles », explique-t-elle, avant de souligner que les produits locaux ont plus de valeurs chez elle. C’est sa façon à elle d’encourager les concitoyens qui sont dans le domaine de l’entrepreneuriat. « Nous devons encourager ces jeunes entrepreneurs qui font tout leur possible pour nous offrir des produits de qualité made in Niger », a-t-elle ajouté.
Iro Hadiza et Mariama Souley (Stagiaires)