Monsieur le Gouverneur, la région d’Agadez accueille la 44ème édition du Sabre National de lutte traditionnelle sous le thème de « la Sauvegarde de la Patrie ». Quelles sont vos principales attentes ?
S’agissant de la 44ème édition du Sabre National, nous avons très tôt mis en place une commission régionale qui s’attèle sans relâche à l’organisation des préparatifs pour l’accueil des différentes délégations régionales. Comme vous le savez, cette édition est placée sous le thème de la sauvegarde de la patrie et à ce titre, elle constitue une édition spéciale qui doit refléter les aspirations profondes et les idéaux du CNSP comme l’unité nationale et la cohésion sociale. Au demeurant, le secteur du sport qui est un puissant facteur d’intégration nationale, de rapprochement et de compréhension entre les populations, constitue donc un levier important de cohésion sociale, indispensable au développement socio-économique et culturel de notre pays. Il n’est aujourd’hui, un secret pour personne, que la lutte traditionnelle reste et demeure le Sport-phare au Niger, qui mobilise les populations rurales et urbaines, et raffermit les liens d’amitié, de solidarité et d’entraide. Cela constitue un acquis fondamental et indéniable à sauvegarder et à renforcer davantage. Ma conviction profonde est que la lutte traditionnelle, cadre de brassage par excellence des Nigériens, cadre idéal de renforcement de l’unité nationale et de la cohésion sociale, doit être préservée et perpétuée au fil des générations. Nous prions Allah le Tout Puissant pour que cette manifestation soit une réussite totale et que le fairplay prévale tout au long des compétitions.
Le CNSP a abrogé la loi 036-2015, qui était la principale revendication des populations de la région d’Agadez. Avez-vous un message particulier à l’endroit de la population dans la perspective de la reprise des activités de transport et de convoyage des voyageurs ?
L’abrogation de la loi 036-2015 a été vécue comme une sorte de délivrance pour l’ensemble de la population d’Agadez. En effet, cette loi a essentiellement criminalisé du jour au lendemain le transport des migrants de la ville d’Agadez vers les pays du Nord, et beaucoup de concitoyens se sont retrouvés en prison avec des familles meurtries et une économie locale en perte de vitesse. Avec la perspective de reprise des activités de transport, il est très important qu’elles puissent être mieux encadrées et mieux contrôlées afin d’éviter certains drames que nous avons connu par le passé au cours de la traversée du désert du Ténéré. A cet égard, les services spécialisés des Forces de Défense et de Sécurité et les services communaux ont été instruits afin de veiller à ce que les véhicules de transport soient en règle et que des autogares bien spécifiés soient dédiés à ce type de transport. Au nom de cette laborieuse population de la Région d’Agadez, c’est le lieu de remercier Son Excellence le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, qui a pris la décision salutaire d’abroger cette loi, qui était inhumaine, scélérate, injuste, et qui était en contradiction avec le Protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des biens.
Mon Général, quelle appréciation faites-vous aujourd’hui de l’environnement sécuritaire de la région quelques mois après votre prise de fonction ?
L’environnement sécuritaire de la région d’Agadez demeure calme mais extrêmement volatile. La partie septentrionale de notre pays reste caractérisée par la menace des groupes armés non étatiques (GANE) animés souvent par des milices venant de certains pays frontaliers de la Région vers les zones d’orpaillage. A cela s’ajoute la menace des groupes armés terroristes (GAT) et des groupes criminels organisés (GCO) qui s’adonnent aux trafics divers (armes, drogues, cigarettes, êtres humains…) et le banditisme armé résiduel bien qu’en baisse, qui sévit encore sur certains axes de communication. Face à cette situation, les Forces de Défense et de Sécurité travaillent sans relâche pour assurer l’intégrité du territoire national et sécuriser les populations et leurs biens.
Nous suivons donc de près l’évolution de cette situation sécuritaire et il convient de remercier les plus hautes autorités nigériennes avec à leur tête Son Excellence Monsieur le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Son Excellence Monsieur Ali Mahaman Lamine Zeine, Premier Ministre, ainsi que toute la hiérarchie militaire pour l’ensemble des efforts qu’ils ne cessent de consentir en vue d’améliorer les conditions de vie et de travail des Forces de Défense et de Sécurité. C’est également le lieu et l’occasion pour moi d’encourager nos vaillantes Forces de Défense et de Sécurité pour leur abnégation et leur sens élevé du devoir. Que le sacrifice ultime de ceux qui sont tombés pour la défense de la patrie et dont nous saluons la mémoire, ne reste pas vain et puisse nous inspirer pour l’accomplissement des idéaux du CNSP et l’aboutissement d’un Niger uni, prospère, indépendant et souverain.
Mon Général, vous avez eu beaucoup de rencontres de prise de contact avec les responsables des différents services pour évoquer le fonctionnement des services publics et vous avez initié des visites terrain pour échanger directement avec les agents. Que peut-on retenir à cet effet ?
S’agissant des services déconcentrés de l’Etat au niveau de la région d’Agadez, force est de constater malheureusement une insuffisance notoire de cadres et de personnels auxiliaires dans la plupart des directions régionales. Ce constat amer est essentiellement dû au fait que certains agents affectés par le passé n’ont jamais rejoint leurs postes ou se sont fait réaffecter en bénéficiant de certaines complaisances et d’autre part, certains agents de l’Etat atteints par la limite d’âge et ayant fait valoir leurs droits à la retraite, n’ont tout simplement pas été remplacés. Cette situation qui handicape beaucoup le fonctionnement régulier des services publics doit être revue et corrigée dans les meilleurs délais possibles. A cette insuffisance en personnel s’ajoutent également certaines difficultés liées à l’insuffisance de moyens logistiques essentiellement en capacités de transport et les problèmes liés au manque d’infrastructures pour certaines entités administratives.
Au-delà de tous ces aspects, nous avons également constaté et déploré l’absence totale de certains services de l’Etat comme celui des Impôts ou de la Justice pour ne citer que ceux-là, au niveau de certains départements comme Aderbissinat et Ingall. Il s’avère impératif que ces services puissent être rapprochés des contribuables et des justiciables. Par ailleurs, le découpage administratif de la Région doit être revu et corrigé. À titre d’exemple, nous pouvons citer le cas de la commune urbaine d’Agadez, chef-lieu de la Région, qui relève du département de Tchirozérine au lieu d’être un département à part entière avec plusieurs communes, compte tenu de l’importance croissante de sa population.
Malgré tout, les différents responsables en fonction s’acquittent honorablement de leurs missions régaliennes avec abnégation et professionnalisme. Nous tenons donc à les encourager et nous travaillons en étroite collaboration avec les différentes administrations centrales en vue de répondre à toutes ces difficultés, notamment en ce qui concerne le manque de personnel.
A votre arrivée, le secteur de l’or était mal organisé, l’Etat perdait beaucoup d’argent mais aujourd’hui ce secteur est l’un des plus contributeurs à la mobilisation des ressources financières de la région. Quel message particulier vous souhaitez adresser à tous les acteurs de ce secteur ?
De notre point de vue, le secteur de l’or est un secteur très porteur qui est en mesure d’apporter une contribution appréciable au développement économique et social de notre région, et au-delà de l’économie nigérienne, sous réserve bien entendu, de bénéficier d’un minimum d’encadrement et d’assistance de la part des différentes structures concernées. L’organisation de ce secteur permettra aux différents acteurs exerçant dans le domaine de l’orpaillage de se mettre en règle vis-à-vis des textes de l’Etat, et plus précisément vis-à-vis des lois et règlements régissant et encadrant le secteur de l’orpaillage en s’acquittant notamment du payement des droits, taxes et redevances vis-à-vis de l’Etat. Cette réorganisation permettra également d’accompagner et de faciliter le travail des différentes structures de l’Etat notamment des douanes, des mines, des impôts et de l’environnement entre autres, à s’acquitter convenablement de leurs missions régaliennes.
C’est dans ce sens que nous avions initié dès notre prise de fonction, des rencontres d’échanges et des visites sur le terrain pour sensibiliser les acteurs mais aussi pour les informer sur leurs obligations vis-à-vis de l’Etat. Aujourd’hui, d’après les informations qui nous sont remontées, notamment les différents rapports de la Direction Régionale des Mines, les recettes se sont nettement améliorées ces 5 derniers mois et nous allons continuer ce travail. Le montant global recouvré sur les taxes et les redevances avec l’arrivée du CNSP au pouvoir est quatre fois de plus important que celui recouvré antérieurement, malgré que certaines sociétés font leur versement directement au niveau central. A cela je salue le climat de confiance renoué entre les services de l’Etat et les sociétés d’orpaillage.
Monsieur le Gouverneur, vous avez entamé des missions de travail dans les départements d’Arlit, de Tchirozérine et d’Aderbissinat. Qu’est-ce qui a retenu votre attention au cours de ces contacts avec les populations ?
Ces missions en profondeur dans les départements avaient pour objectif principal d’aller au contact des populations et des différentes couches socioprofessionnelles afin de nous enquérir de leurs conditions de vie et d’être à l’écoute de leurs préoccupations. Ces missions nous ont permis également de constater de visu les conditions de travail des services de l’Etat au niveau départemental ainsi que le fonctionnement des collectivités territoriales et des services communaux. Cela nous a permis de mesurer l’ampleur de la tâche à accomplir et des actions à planifier à court, moyen et long termes avec en priorité les services sociaux de base tels que l’accès à l’eau, à la santé et à l’éducation.
Nous avions saisi également l’opportunité de ces différentes rencontres pour entretenir la population rurale sur les questions d’actualité. Ces déplacements ont permis à la population de se rendre compte véritablement des changements intervenus dans le pays et d’exprimer leur soutien au CNSP. Nous avons également invité la population à s’unir derrière les Forces de Défense et de Sécurité et à leur apporter tout le soutien nécessaire. C’est l’occasion pour moi, au nom de Son Excellence le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, de saluer la forte mobilisation et le soutien de toutes ces populations aux FDS.
Ali Maman ONEP/Agadez