Monsieur le préfet, veuillez nous présenter le département de Falmey
Le département de Falmey est créé par la loi 2011-22 du 8 Août 2011 érigeant les anciens postes administratifs en départements et fixant le nom de leurs chefs-lieux. Poste administratif de 1962 à Août 2011et rattaché à Boboye, l’actuel département de Falmey compte deux (2) communes rurales (Falmey et Guilladjé) pour une population de 103.271 habitants selon les résultats définitifs du 4ème recensement général de la population et de l’habitat réalisé en 2012. Cette population est repartie dans 71 villages administratifs. Il est situé à 100 km du chef-lieu de la région de Dosso et à 155 Km de Niamey et couvre une superficie de 2.072 Km2 dont 1.172 Km2 pour la commune de Falmey et 900 Km2 pour la commune de Guilladjé. Il est limité au sud par le Bénin, au Nord par le Boboye, à l’est par le département de Dosso et à l’ouest par le Département de Kollo et celui de Say (Parc de W).
Pour l’appui et l’encadrement de ces populations, le département dispose des directions suivantes : la direction du Plan, AT/DC, la direction de l’Agriculture, la direction de l’Elevage, la direction de l’Environnement/SU/DD, la direction de l’Hydraulique et Assainissement, la direction du Génie Rural, la direction départementale de l’enseignement primaire, la direction de la Promotion de la femme et de la Protection de l’Enfant, le district sanitaire départemental, la direction de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant ainsi que l’Inspection départementale de
l’enseignement primaire.
Beaucoup de services étatiques n’existent pas encore dans votre département : est-ce dû à sa jeunesse ou à des difficultés liées à la mise en œuvre de la politique de déconcentration et de décentralisation ?
Votre constat est juste. Nous avons besoin de la création des autres directions techniques, de l’hôpital de District, d’un trésorier départemental, de la création d’un commissariat de police et de la création d’un tribunal de Justice. En plus, il manque la viabilisation des gros centres (lotissement) et la dotation des services de l’Etat en espace pour les constructions de bureau et logement des services.
Quels sont le potentiel socio-économique et les contraintes de votre département ?
Les principales activités économiques des populations sont l’agriculture, l’élevage, la pêche, le commerce, l’artisanat et l’apiculture. Mais, la vie des populations autour de ces activités est jalonnée de problèmes et de conflits dont, entre autres, ceux mettant en cause Agriculteurs-Eleveurs, Agriculteurs-agriculteurs, Eleveurs-éleveurs, Eleveurs-pêcheurs ; il y a ceux liés au partage de l’espace et ceux existant entre Administration et populations (gestion de la réserve, des mares permanentes, le braconnage, la lutte contre la drogue et les armes illicites).
Y a-t-il d’autres défis auxquels est confronté ce jeune département ?
Oui. Dans le domaine des routes, le département ne compte que trois (3) routes latéritiques insuffisantes et défectueuses alors que le département regorge beaucoup de potentialités en transport. Dans le cadre de l’environnement, il y a la difficulté de lutter contre la coupe abusive des arbres, la question de la préservation de la réserve, de la récupération des terres dans les sites communautaires et surtout individuel, celle du faucardage des mares et leur empoissonnement, de la lutte contre le braconnage, de la gestion des animaux sauvages sortant du Parc W ainsi que la question de la préservation de ce qui reste de la réserve.
Dans le cadre de l’élevage, nous avons en chantier le balisage des aires de pâturage et des couloirs de passage reconnus par le SAF ; en effet, le département compte vingt-sept (27) couloirs de passage d’une longueur totale de 308,028 km dont trois (3) sont entièrement balisés et trois (3) autres partiellement balisés ; dix-sept (17) aires de pâturage d’une superficie totale de 3 164,1004 ha dont quatorze (14) sont balisées et la lutte contre les espèces envahissantes dans les aires de pâturage et l’ensemencement. Dans le cadre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, l’Etat a consenti d’énormes investissements mais, du fait de la disponibilité de l’eau de surface, leur utilisation cause des problèmes. II faut donc amener les populations à l’usage de l’eau potable, nantir les populations riveraines d’infrastructures modernes.
Dans le cadre de l’Aménagement du Territoire et du Développement communautaire, il faut orienter les partenaires à favoriser l’aménagement des sites individuels en cas de financement, restructurer les sites collectifs déjà existants, former les bénéficiaires en vie associative et en gestion, mettre un dispositif conséquent autour de toutes les infrastructures pour mieux les pérenniser.
Dans le cadre de la sécurité, il convient de doter les FDS de moyens roulants fluviaux, mettre en œuvre la patrouille transfrontalière avec le Bénin, effectuer des missions de sensibilisation pour lutter contre les stupéfiants et les armes illicites tant la présence et le mutisme des populations sont inquiétants. Enfin, dans le cadre de l’enseignement primaire, le département de Falmey compte cette année un effectif de 10.401 élèves dont 6264 garçons et 4137 filles pour une population scolarisable de 16 855 enfants. Le taux de scolarisation est de 61,70 %. Les filles scolarisables sont de 9 345 et les filles scolarisées 4 137 soit un taux de scolarisation des filles de 44,26 %.
Vous oubliez le travail des enfants, les conflits agriculteurs et éleveurs ou encore l’exode rural qui semble être le sport favori de vos administrés : comment les freiner ?
Le travail des enfants est un problème récurrent ; il trouve sa source dans la tradition des éleveurs comme des agriculteurs. Les enfants font paître les animaux ou participent aux travaux champêtres. Il y a aussi la déperdition scolaire qui pousse un tiers (1/3) des enfants dans la rue. Cette déperdition est en grande partie due à l’inaccessibilité des écoles du fait des routes coupées par les pluies ou les cours d’eau. On s’attèle à régler ce problème par la sensibilisation, les cours de vacances, la création des « Espaces sûrs », etc.
S’agissant des conflits entre agriculteurs et éleveurs, on les gère en recherchant des solutions locales en rapport avec les chefs de village, les leaders religieux et d’opinion et en empêchant la descente précoce des éleveurs vers les aires de cultures. Mais, je dois avouer que ces conflits sont parfois « alimentés » par de riches ressortissants du département vivant en exode dans les pays voisins. Nous essayons de casser ces liens malsains entre ceux d’ici et ceux de là-bas. Quant à l’exode rural proprement dit, il est très important parce qu’il y a beaucoup de gens qui y ont réussi leur vie.
Quelles opportunités votre département offre-t-il aux investisseurs et touristes ?
Il y a la réserve étendue initialement sur 330 000 ha, le Dallol Bosso qui traverse le département sur plus de 40 km, les sites RAMSA sur lesquels est posée la commune rurale de Guilladjé et où vivent des milliers d’espèces d’oiseaux locaux et migrateurs, le fleuve Niger qui longe sur 70 km le département, des sites touristiques inexploités tels que le ParcW à Bossia, l’île de Karey kopto chargée de son histoire mystique, l’hôtel de Brigambou, le Koma Barma de Sakalagonga, le célèbre site de la bataille entre Bayero et Issa Korombé à Boumba, dénommée « Boumba Hané ».
Y a-t-il des motifs d’espoir ?
Oui. Et nous remercions la Cellule Crise Alimentaire (CCA) pour nous avoir financé les travaux de récupération des terres, de faucardage et d’ensemencement des aires de pâturage ; le SAP/GC qui finance la vente à prix modéré des céréales et du son de blé, la distribution gratuite ciblée des céréales et des intrants (semences améliorées) ; la CAIMA qui finance la Vente à prix modéré des intrants (engrais) ainsi que la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix qui a financé la mission de sensibilisation des populations sur la quiétude sociale dans notre département.
Nous sommes reconnaissants à tous ces partenaires et nous souhaitons la poursuite de leur intervention afin d’aider notre jeune département à se développer. Ce faisons, nous en appelons aussi aux ONG et AD ainsi qu’aux PTF pour qu’ils s’installent dans le département de Falmey où il y a tant et tant à faire pour le développement local.
Réalisé par Sani Soulé Manzo(onep)