Ce mardi 22 novembre 2022, toute la grande famille de la presse à laquelle tu appartenais s’était retrouvée à ton domicile après t’avoir accompagné jusqu’à ta dernière demeure, au cimetière musulman de Yantala. Pour Abdoulaye Hassane Diallo, ton cher frère, ami et confrère, te rendre un dernier hommage est un devoir de conscience, même si les mots manquent pour décrire ce que tu fus et rappeler ce que tu as représenté dans le milieu de la presse nationale, voire internationale.
Nous étions nombreux à effectuer cet émouvant déplacement, comme nous l’avons fait lors des rappels à Dieu d’autres confrères qui nous ont devancés. Avec nous autour de ta famille éplorée, une foule de parents, d’amis, d’alliés et de voisins était aussi là pour te dire au revoir. Au revoir, puisque nous sommes tous dans la salle d’attente.
En effet, ta mort fut brutale pour avoir surpris plus d’un. Pour preuve, Tamboura Issoufou, qui venait de te quitter au CHU où tu étais placé sous soins intensifs, a encore du mal à sortir de sa surprise en recevant ce coup de fil fatal lui annonçant que tu venais de…t’éteindre. Quant à moi, j’ai eu la nouvelle par le biais d’un parent avec qui nous avions fait du chemin ensemble. C’est avec lui que nous avons rejoint ta famille et tous ceux qui ont envahi ta demeure après t’avoir accompagné à ta dernière demeure.
Tu peux imaginer la brochette de tes confrères avec un ancien ministre de la Communication et les anciens agents de l’imprimerie avec lesquels nous avons partagé les longues nuits au «marbre» entre les murs de l’imprimerie nationale du Niger (INN), actuelle Nouvelle Imprimerie du Niger (NIN).
Parmi les journalistes présents, on notait tes compagnons Bory Seyni, Abdoulaye Tiémogo et Amadou Boukary sont là et t’ont suivi de la maison à ton ĺieu de repos. Il y avait surtout presque tout le staff de l’ONEP avec ton frère et ami Assane Soumana, tes confrères Inoussa Oumarou, Ali Seydou, Ado Issoufou, chauffeurs et plantons. Ils y aussi les membres du personnel de la NIN et ceux de l’ORTN et son personnel, ainsi que des agents des médias privés. Ils étaient là pour t’accompagner, la mine serrée, les visages ravagés par l’amertume, s’interrogeant sur ce qui vient d’arriver. Dieu est Grand et Miséricordieux !
Pour parler de de ta personnalité, je dirais seulement : Touré, tu fus un bon citoyen, homme généreux et affable ! Sur le plan professionnel, tout le monde s’accorde à reconnaitre que tu es une icône de la plume ! Une plume que tu as déployée des années et des décennies durant pour bien servir ton pays à tous les niveaux, au service de plusieurs structures de l’Etat et des organismes internationaux, mais aussi en exprimant tes opinions, généralement très sincères, dans les colonnes des journaux et sur ton blog.
Dans ta carrière de journaliste, qui t’a conduit au quatre coins du monde, tu as toujours su prouver ton talent et ta passion de journaliste compétent et professionnel. Tu l’as prouvé au sein de la rédaction à l’époque sous tutelle de la direction de l’information, et ensuite dans tant d’autres journaux, où tu as produit, souvent à main levée, des commentaires, éditoriaux, grands reportages, enquêtes et des dossiers en tous genres.
Parce que nous sommes de passage sur cette terre, pour ne pas dire des locataires éphémères, sur une trajectoire qui mène immanquablement au cimetière, parce notre Maître l’a ainsi décidé et programmé pour tous les vivants. J’avoue que je ne sais par où commencer pour te rendre cet hommage, qui est d’ailleurs la somme de la volonté de tous tes amis et confrères.
Tous, responsables et journalistes des organes de presse publics et privés, des Associations de jeunes et des ONG, nous gardons encore en souvenir ton passage au Comité d’organisation des 5èmes Jeux de la Francophonie. Tu étais un des grands artisans de la réussite de cette belle fête culturelle qui avait réuni à Niamey les délégations de tous les pays francophones. Tu étais au centre de ces enjeux aux côtés du Ministre Soumaila Almoustapha.
Tu as occupé tant d’autres fonctions dans le cadre de ton noble métier de journaliste. Je terminerai par dire que tes compagnons Bory Seyni, Abdoulaye Coulibaly t’ont également accompagné. Nous avons tous prié pour le repos de ton âme.
Je pense à notre consœur Nathalie Prevos qui doit être touchée par cette disparition. Je suis sûr que tes collègues Niandou Harouna, Ibricheik et Moustapha Diop sont encore inconsolables. J’oubliais la présence d’un ami commun Hamida, qui comme nous tous, en est très affecté aussi.
Peuple, mais pourquoi ?
Je vais me permettre de trahir ta confiance en dévoilant un secret, car il fallait que j’explique ces liens qui se sont incrustées dans nos vies à l’époque où nous étions tous jeunes reporters à la direction de l’information. Nos rapports étaient empreints de confiance et de sincérité. Je me rappelle que nous constituions une équipe très soudée et très solidaire. Notre proximité et notre volonté de partager notre vie professionnelle et personnelle a fait de notre clique une vraie famille. Nous avions fini par nous appeler par des sobriquets, jusqu’à oublier nos propres noms ou prénoms. Toi, Touré, on te surnommait Peuple ! Parmi les survivants Hamida, Niandou Harouna, Dr Abdoulaye Hassane Diallo, Bory Seyni et Karim Seyni. Et hélas ceux qui nous ont quittés Gani Rabiou, Issaka Garba, Joseph Allakaye alias JO.
Peuple, je pense à nos devanciers Cissé Ibrahim dit Barosso, à Diado Amadou dit Edmond, Laouan Boukar, etc. Une pensée aussi à Idé Oumarou et Sahidou Alou. Ces deux avaient guidé nos pas pour avoir occupé le poste de Directeur de l’information, feu Daouda Diallo, journaliste professionnel et notre ancien Ministre et Ibrahim Loutou qui fut Secrétaire d’État à l’information (Paix à leurs âmes !). Je pense aussi à Ibrahim Issa, cette autre icône de la plume, qui a écrit un joli roman «Les grandes eaux noires». Le preneur d’images Koudizé Tagaza s’était mêlé à la foule aussi.
Et comme à notre habitude, lorsque toi et moi nous discutions, le ton était toujours vivace et passionné. Nous avons connu des moments qui ont symbolisé notre existence. Je me rappelle de la première visite du Président Kountché à Paris, tu fus partie de la délégation et nous avions beaucoup échangé sur l’avenir de la presse au Niger. Enfin, l’autre fois, et ce fut la dernière, c’était à l’ONEP dans le bureau du Directeur de la Rédaction, M. Assane Soumana en compagnie de Inoussa Oumarou, Maman Daoura, Hadi, Issa Madougou, Ado Issoufou, et quelques autres jeunes confrères de la ‘’maison-mère’’. La mort ne pourra mettre fin à nos relations je pense plutôt qu’elles iront en se renforçant à travers nos familles qui se connaissent. Même si la vie nous a séparés dans le temps ou dans l’espace.
Et c’est au nom de ce sacrifice que l’État du Niger devrait te consacrer une institution pour immortaliser ton œuvre, PEUPLE ! Toute cette somme d’échanges a constitué une vie bien remplie.
A ton fils et à toute ta famille je présente mes condoléances en leur souhaitant courage et patience. Nous prierons pour le repos de ton âme.
Dors tranquillement, Peuple ! Que la terre te soit légère.
Par Dr Abdoulaye Hassane Diallo