L’Inspecteur Général de Police Boubé Souley, BS pour les intimes, nous a quitté, comme il a vécu : dans le calme et la discrétion. Une courte maladie l’a arraché à notre affection, mercredi dernier au petit matin, des suites d’une courte maladie. Pour l’avoir connu depuis 1980, au Lycée National de Tahoua, où nous avions fréquenté la même classe et le même dortoir, je peux dire que je connais l’homme.
Surtout qu’après le lycée, nos relations se sont encore beaucoup épanouies sur le plan des rapports professionnels : lui en tant que Commissaire de Police, et moi dans le rôle de journaliste des faits divers. A l’époque, ce n’était pas trop évident ! Mais nos liens de confiance et bonne collaboration sur le domaine professionnel ont été surtout attisés par le fait que BS, le Commissaire Cissé Ousmane, moi et d’autres promotionnaires, étions sous programmation du Ministère de l’Intérieur pour être des cadres de la Police Nationale, même si au finish, moi, je me suis retrouvé dans le journalisme.
Et un heureux hasard a fait que, en juin 1991, lorsque Boubé Souley et Cissé Ousmane avaient fini leur formation à l’école de police de Lyon, en France, nous avions pris le vol retour sur Niamey. Et comme j’avais un penchant prononcé pour la rubrique des faits divers, un genre qui requiert pour le journaliste une franche collaboration des services de la police, je me suis alors accroché à mes deux amis policiers.
Et la suite a été édifiante, car lorsque les ‘’nouveaux commissaires‘’ avaient pris fonctions, les faits divers croustillants agrémentaient les colonnes du Sahel Dimanche. Surtout que les deux avaient très vite gravi les échelons en prenant les commandes de certains services de la police, Cissé à la Direction du Commissariat central, et BS à la Direction de la Police Judiciaire. Et ces postes les mettaient aux premières loges sur le front de la lutte contre la grande criminalité. Et cette époque-là, le tableau était particulièrement noir sur le plan sécuritaire à Niamey, avec l’émergence des gangs et autres bandes organisées, en grande majorité dominés par des ressortissants de pays voisins qui semblaient avoir juré de troubler les nuits des paisibles Niaméens.
Mais on pouvait compter sur les valeureux cadres et les agents de la police nationale pour barrer la route aux gangsters les plus aguerris. C’est ainsi que, en tant que Directeur de la PJ, le Commissaire Boubé Souley s’est forgé une notoriété de ‘’tombeur des gangs’’. Ayant formé une équipe d’enquêteurs dévoués et professionnels dans son staff, il démantelait avec efficacité, les uns après les autres, les bandits de grand chemin et les réseaux organisés de malfrats.
A un moment où la fameuse ‘’bande de Guinguiri’’, la plus redoutable de l’histoire du grand banditisme à Niamey, sévissait à Niamey, le Commissaire BS et ses hommes n’avaient point de répit. Ce gang était réputé pour ses hauts faits de vol de nuit en réunion et à main armée, avec actes de violence, souvent même de mort d’homme. C’est ce même gang qui est à la base du meurtre d’un agent d’Air Afrique, dans la nuit du 22 mars 1996, au quartier Cité Caisse. Et après quelques jours de traque, l’étau des enquêteurs de la PJ se resserra sur la bande sanguinaire. Ce fut avec le grand ouf de soulagement à Niamey, lorsque que le 25 avril 1996, les 16 gangsters de la bande furent présentés aux médias, les menottes aux poings, dans la cour de la Police Judiciaire, de même que leur arsenal de guerre composé de pistolets, fusils, couteaux et coupe-coupe, etc.
C’est d’une grande légende dans le registre de la lutte contre le grand banditisme au sein de notre capitale. Car, et nous en étions parmi les témoins les plus avisés, durant ces deux passages à la tête de la Police Judiciaire, le Commissaire Boubé Souley et son équipe n’ont guère failli dans l’œuvre de démantèlement des bandes organisées. Le multirécidiviste chef de gang Guinguiri, en savait quelque chose ; lui qui, après chaque évasion de la prison, suivie de la reprise immédiate de ses activités ignobles, fut épinglé par le Commissaire BS, à plusieurs reprises, et reconduit sous les verrous.
Connaissant l’homme, dont tous ceux qui l’ont connu de près retiennent l’image d’une personne pondérée, humble et surtout très discrète, je sais qu’il aurait préféré que, de tout cela, on n’en parlât point. Mais puisse-t-il m’accorder son pardon pour cet hommage, car certains faits portant le sceau du mérite et de la vertu méritent d’être rapportés.
Adieu l’ami ! Repose en paix.
Par Assane Soumana(onep)