Lorsque le Niger avait entamé la modernisation des moyens de transport-voyageurs, avec l’introduction des bus ultra-modernes, les citoyens avaient applaudi et salué ce progrès considérable après les terribles années d’hécatombes enregistrées par l’utilisation des fameuses ‘’Hiace’’, ces minibus dénommés ‘’19 places’’ qui, jadis, furent les rois de nos routes interurbaines.
Malgré les protestations véhémentes des syndicats de transport à l’époque, qui voyaient d’un mauvais œil l’avènement de ces compagnies privées de transport-voyageurs, les pouvoirs publics étaient restés fermes sur leur position pour encourager cette modernisation que les usagers, eux, appelaient de tous leurs vœux. Ainsi, depuis deux décennies, le visage des transports voyageurs a profondément changé dans notre pays au point de faire passer le Niger pour la locomotive de la transformation radicale des moyens de transport-voyageurs en Afrique de l’Ouest.
Aujourd’hui, une vingtaine de compagnies de transport-voyageurs se partagent la concurrence nationale et, cerise sur le gâteau, elles obtiennent de larges parts de marchés dans la sous-région. Au regard de l’immensité du territoire national, en l’absence d’un réseau ferroviaire, et surtout face au coût élevé du transport aérien, la route demeure, hélas, la seule voie de circulation interurbaine pour la grande majorité de nos concitoyens.
Cependant, contrairement à ce qui se devait, l’avènement de ces bus n’aura pas été sans conséquences majeures sur la sécurité routière dans notre pays. En effet, très fréquemment, ces bus ultra-puissants, dotés de moteurs turbo, causent de terribles accidents de la route, entrainant de nombreuses pertes en vies humaines et d’importants dégâts matériels.
Pourtant, le Ministère en charge des Transports, en prévision de ces risques d’accident, avait mis en place toute une batterie de normes sécuritaires, allant de la limitation de la vitesse (en plombant par exemple l’accélérateur), à l’établissement des horaires précis (la circulation nocturne étant strictement réduite), et aux départs réglementés à partir de six heures du matin. Malheureusement, après quelques temps, faute de rigueur dans le contrôle du respect de ces normes sécuritaires par les compagnies, et surtout de suivi par le ministère en charge des transports, ce fut la voie ouverte à l’hécatombe sur nos routes.
Dans le temps, lorsque ces terribles accidents survenaient, les compagnies en cause faisaient l’objet de suspension, ne serait-ce qu’à titre temporaire. Aujourd’hui, rien de tout cela. Hier, c’était des visages anonymes, mais demain cela pourrait être un proche ou bien une connaissance qui rendra l’âme dans un simple voyage avec ces anges de la mort. Si les pouvoirs publics, principalement le Ministère des Transports, ne prennent pas toutes leurs responsabilités pour remettre de l’ordre et de l’autorité dans ce capharnaüm, il est fort à parier que les accidents que nous constatons aujourd’hui iront crescendo avec leur cortège funèbre. Rien que cette semaine, ces anges de la mort se sont illustrés avec des accidents spectaculaires dont la seule cause réside, probablement, dans l’excès de vitesse et le non-respect du Code de la route. Qui n’a pas, une fois, croisé sur nos routes ces bolides roulant à tombeau ouvert, au mépris total de la sécurité de ces voyageurs inconscients du risque énorme qu’ils encourent ?
Au demeurant, il ne faudrait pas que la modernisation, tant souhaitée, du transport–voyageurs vire tout simplement au cauchemar pour les usagers de la route. Vivement que les plus hautes autorités du pays sonnent la fin de la récréation afin que voyager ne rime pas toujours avec …prendre un ticket pour la mort !
Par Zakari Alzouma Coulibaly