Monsieur le Coordonnateur, voudriez-vous nous définir le concept d’identification des personnes ?
Chaque personne physique, à sa naissance, est dotée d’attributs qui permettent de l’identifier, et de la distinguer des autres. Ces attributs sont physiques et d’autres sont attribués, par exemple le nom, le prénom, la date et le lieu de naissance, la nationalité. L’identification est le moyen par lequel une autorité habilitée attribue à un individu des attributs d’identité sur une base légale. Avec les avancées technologiques récentes, l’identification a intégré la biométrie pour identifier un individu de manière plus précise à travers la photo, les relevés d’empreintes digitales ou de l’iris, etc.
Quelle est la différence entre état civil et identification ?
L’expression «Etat civil» désigne l’ensemble des éléments qui sont rattachés à une personne lors de certains évènements sociaux que législateur a défini selon les pays. Pour le cas du Niger, il s’agit des naissances, des mariages, des décès et des divorces. A la naissance, vous obtenez un prénom, un nom, une date et un lieu de naissance, etc. En vous mariant, vous êtes associé à un conjoint ou une conjointe. Lorsque vos enfants naissent, ils sont rattachés à votre personne, etc.. Les pays mettent en place des systèmes qui capturent ces informations. Lesdits systèmes contiennent donc uniquement les faits d’état civil. Toutes les personnes non enregistrées par l’état civil (au Niger ils représentent entre 35 et 40% de la population), les hommes d’affaires et étrangers de passage, les réfugiés (plus d’un million sur notre territoire), les migrants de passage ne sont généralement pas connus de l’état civil. L’identification de base intervient à ce niveau comme un dispositif par lequel les informations d’identification de tous, y compris les personnes ignorées ou invisibles, sont capturées et une identité légale leur est attribuée. On peut donc dire que l’identification se nourrit de l’état civil et vice et versa. Et c’est dans cette dynamique que s’inscrit le Projet WURI-Niger.
Quels seront les bénéfices attendus pour la population des interventions du Projet WURI ?
Le projet financera une vaste campagne de délivrance d’acte de naissance à tous dès le début d’année 2025. Je voudrais souligner ici que le justificatif qui sera délivré par WURI ne remplace pas la carte nationale d’identité, ni la carte de séjour des étrangers. Il accordera surtout aux invisibles et aux ignorés le droit d’exister, et de jouir librement des prestations comme le transfert d’argent, la liberté de voyager, l’enregistrement des cartes SIM, l’accès aux services de santé et d’éducation, les services des filets sociaux, tous ces services pour lesquels l’identification de l’usager est un préalable nécessaire.
Quels sont les changements attendus pour les acteurs économiques publics et privés ?
Grâce aux interventions du Projet, Le Niger accélérera l’atteinte de l’objectifs 16.9 des objectifs de développement du millénaire de l’agenda 2030 des Nations unies. L’attribution d’un numéro unique à chaque personne par l’autorité de gestion des données d’identification qui sera mise en place, facilitera à court et moyen terme, la constitution de registres sectoriels sécurisés comme le registre social unifié, le registre cadastral, le casier judiciaire, le registre des usagers des services financiers, le registre des usagers de téléphonie mobile, le registre électoral, le registre des citoyens, le registre des salariés de l’état, le registre des étudiants boursiers, etc. Le système d’identification sera également un formidable outil de planification des actions de développement grâce aux statistiques démographiques qui peuvent y être extraites.
Quels sont les plus grands défis pour la réussite du Projet WURI ?
Le plus grand défi du Projet reste le retard accusé dans sa mise en œuvre. Le projet a démarré ses activités plus d’un an après sa mise en vigueur. Le Projet a de plus souffert des 11 mois de suspension de décaissement appliquée par la Banque mondiale à la suite des évènements du 26 juillet 2023. C’est pourquoi la tutelle a demandé au Ministère des finances d’anticiper sur les conséquences de cette situation en envisageant une probable restructuration du Projet. Comme tout autre Projet au Niger, l’immensité du territoire, l’éparpillement de la population dans la partie septentrionale et bien entendu le phénomène sécuritaire dans certaines zones du pays, sont des préoccupations pour lesquelles la tutelle prendra des dispositions idoines et en temps opportun.
Votre mot de la fin.
Le Ministre d’état, Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique, et de l’Administration du Territoire, Le Général de Brigade Mohamed TOUMBA a appelé hier, dans son allocution radio-télévisée prononcée à l’occasion de la Journée internationale de l’identification, à un nouveau départ et à la mise en place d’une coalition de tous les acteurs pour l’édification d’un système d’identification de personnes robuste et sécurisé, au service de nos vaillantes populations, et ce conformément aux orientations de SEM le Général de Brigade Abdourahamane TIANI, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), Chef de l’Etat, et de SEM Ali Mahamane LAMINE ZEINE, Premier Ministre.
Je l’ai mentionné à plusieurs occasions : « les données d’identification des personnes dans un pays engagé dans l’affirmation pleine de sa souveraineté, sont plus importantes que le cadastre minier ou pétrolier. ». Au Niger, nous avons la chance que tous les acteurs majeurs du secteur soient sous la tutelle du même ministère. Il n y a donc aucune raison de ne pas pouvoir réaliser cette synergie des actions tant indispensable à la réussite du Projet. Mon équipe et moi seront à l’avant-garde pour répondre à l’appel du Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique, et de l’Administration du Territoire.
Je vous remercie.