Au Niger, 96 organisations non gouvernementales et associations de développement réunies au sein de la Coalition des organisations Nigériennes des Droits de l’Enfant (CONIDE) se sont donné comme objectif de suivre la situation de l’enfant et d’apporter un soutien technique aux enfants nigériens dans la consolidation de leurs droits les plus élémentaires que le pouvoir public doit garantir.
Pour rappel, les évènements tragiques de Soweto du juin 1976 ayant causé la mort d’une centaine d’enfants sud-africains massacrés par la police du régime d’apartheid ont amené l’Organisation de l’Unité Africaine (actuelle UA) à décider de mettre en place un comité de suivi composé de 11 experts indépendants avec pour mission de veiller à la mise en œuvre de la Charte africaine des droits et du bien-être des enfants. Un document qui consacre 48 articles sur les droits de l’enfant. Les enfants étant la frange de la population la plus vulnérable, celle-ci doit être protégée de toute forme d’abus a estimé le groupe d’experts. Un engagement endossé par les ONG et les associations de protection des enfants qui appuient les politiques publiques dans la concrétisation des engagements pris à l’échelle nationale et internationale.
La question des droits de l’enfant relève d’abord de la responsabilité des parents car, ils constituent la première chaine de protection. ‘‘La responsabilité appartient à ce père et à cette mère d’être responsable du devenir et de la protection de leur enfant’’. La constitution nigérienne, notamment en son article 23, dit que «les parents ont le droit et le devoir d’éduquer, d’élever leur enfant et l’Etat et les collectivités ont également le devoir à travers leurs politiques publiques de créer les conditions pour une éducation de qualité gratuite et obligatoire». Au Niger malgré le désir affiché du législateur et la volonté politique des autorités de redresser les services sociaux de base, on constate que les budgets prévus ne sont pas injectés à hauteur des prévisions. Le coordonnateur national de l’ONG EPAD Niger et président de la CONIDE, M. Sidikou Moussa, estime que la situation de l’insécurité exacerbe la situation de l’enfant et grève surtout les ressources que l’Etat est censé mettre dans des secteurs essentiels liés à l’enfant, comme l’éducation. «On a prévu 25 % un moment, maintenant c’est 22 %. Mais à l’épreuve des faits on tourne entre 12 % et 13 %. Au niveau de la santé l’OMS prévoit 15 % du budget et à l’épreuve des faits on tourne entre 5 % et 6 %», a regretté le président de la CONIDE.
L’insécurité dans certaines localités, ajoute-t-il, a contraint également les parents et les enfants à quitter leur terroir de résidence laissant tout derrière eux pour aller vivre ailleurs dépendant de l’aide humanitaire. A cela s’ajoutent les actes d’incendie sur les infrastructures scolaires et des centres de santé perpétrés par les terroristes qui ont privé les enfants de leur droit à l’éducation et à la santé. Tillabéri étant la région la plus impactée par cette insécurité, avec près de 80.000 enfants déscolarisés forcés dont près de la moitié sont des filles de 12 ans à 13 ans. M. Sidikou Moussa estime que ces dernières peuvent être victimes de plusieurs types de violences, sexuelles et sexistes, d’abus mais également faire l’objet de mariage d’enfant. Selon, le coordonnateur national d’EPAD Niger, le changement climatique engendre au Niger la disparition chaque année entre 100.000 à 120.000 ha de terres forestières. Avec les inondations et la coupe abusive du bois, les mauvaises récoltes sont fréquentes impactant ainsi les familles qui n’arrivent plus à se nourrir. Il s’agit là d’une situation qui crée le phénomène des enfants dans la rue et accentue celui de la mendicité des enfants tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. En 2021, l’Etat du Niger a rapatrié des centaines d’enfants des pays de la sous-région. «Cette pratique n’honore pas le Niger», a déploré le coordonnateur de EPAD Niger.
Cette année dans le cadre de la commémoration de la 32ème édition de la journée de l’enfant africain, M. Sidikou Moussa annonce que les 96 organisations membres de CONIDE organiseront une conférence en présence des médias, des enfants eux-mêmes, des acteurs étatiques pour faire l’état des lieux de la situation sur les droits de l’enfant au Niger. D’abord, en termes d’investissement et d’engagements que l’Etat du Niger a pris en termes d’allocation de budget pour prendre en charge les questions liées aux droits des enfants à savoir la santé, l’éducation, mais aussi la lutte contre certaines formes d’abus de l’enfant.
Le coordonnateur Sidikou Moussa annoncé que lors des manifestations marquant cette journée de l’enfant africain, deux e-campagnes de sensibilisation en langues Haoussa et Zarma seront aussi produites pour attirer l’attention des parents sur les dangers qui guettent les enfants dans l’environnement numérique conformément à la thématique retenue cette année. «Aujourd’hui surtout avec tiktok, les enfants excellent dans des comportements qui ne sont pas recommandables. Donc, nous voulons attirer l’attention des parents afin de veiller à protéger leurs enfants face aux menaces. Les cybercriminels sont aux quatre coins du monde notamment des pédophiles qui tentent d’attirer des jeunes filles tout comme des garçons, pour avoir leurs photos gênantes et les menacer par la suite», s’est-il inquiété.
Hamissou Yahaya (ONEP)