
Cette année, la Journée mondiale de la santé est célébrée sur le thème « Une bonne santé à la naissance pour un avenir plein d’espoir », ce qui constitue un rappel solennel de la responsabilité collective qui nous incombe de mettre fin aux décès maternels et néonatals évitables et de privilégier la santé et le bien-être des femmes et des enfants à plus long terme.
Malgré les progrès réalisés ces dernières décennies, les décès maternels et néonatals restent un sujet de préoccupation majeure. En effet, près de 300 000 femmes perdent la vie à la suite de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement chaque année. En outre, 2,3 millions de nourrissons meurent au cours de leur premier mois de vie et l’on compte aussi 1,9 million d’enfants mort-nés. Ces pertes sont enregistrées essentiellement dans les pays à faible revenu et dans les environnements fragiles, principalement dans la Région africaine de l’OMS.
Dans notre Région, 20 mères et 120 nouveau-nés perdent la vie toutes les heures, ce qui représente en tout 178 000 décès maternels et un million de décès néonatals chaque année. Toutes les sept secondes, quelque part dans le monde, une femme ou un enfant décède de causes que l’on aurait pu éviter.
Il ne s’agit pas là seulement de chiffres, mais de vies réelles perdues, de familles brisées et d’avenirs écourtés.
Sur la base des nouvelles données publiées aujourd’hui, il est évident que quatre pays sur cinq ne sont pas en voie d’atteindre les cibles consistant à améliorer la survie de la mère d’ici à 2030, ce qui est accablant. Soixante-cinq pays manqueront les cibles relatives à la réduction des décès de nouveau-nés et 60 pays – en majorité des États Membres de l’OMS dans la Région africaine – ne sont pas en bonne voie pour atteindre les objectifs fixés pour ce qui est de la réduction de la mortalité infantile.
Le thème retenu pour l’édition de cette année, à savoir « Une bonne santé à la naissance pour un avenir plein d’espoir », marque le début d’une campagne d’un an qui sera menée dans toute la Région africaine afin de renforcer le droit de survivre et de s’épanouir reconnu à chaque femme et à chaque nourrisson. Ce thème s’appuie sur les préoccupations exprimées par les États Membres dans la résolution WHA77.5 de l’Assemblée mondiale de la Santé et est aligné sur notre objectif collectif qui est d’accélérer les progrès vers l’atteinte des objectifs de développement durable pertinents.
Les pays font des progrès et il y a de l’espoir. La formation des agentes et agents de santé se développe, les services de soins maternels et néonatals sont renforcés et les innovations numériques élargissent l’accès aux soins. En Sierra Leone, une initiative dirigée par le gouvernement et bénéficiant de l’accompagnement de l’OMS a permis de réaliser des progrès considérables en termes de modernisation des infrastructures, de formation de personnel qualifié et d’investissement dans l’action sur les déterminants sociaux de la santé, présentant ainsi un modèle précieux pour d’autres.
Pourtant, des défis importants perdurent – on peut citer le sous-financement des systèmes de santé, les lacunes sur le plan des infrastructures, la pénurie de personnels de santé, les conflits, les situations d’urgence et les chocs liés au climat. Lorsque les services sont perturbés, les femmes et les enfants sont les plus touchés.
Cet accent est plus que jamais primordial, d’autant que les réductions de l’aide mondiale à la santé et au développement menacent un système de soutien névralgique pour des millions de personnes. De nombreux programmes fournissant des services de santé essentiels ont déjà été interrompus, tandis que la recherche médicale ciblant les femmes enceintes et allaitantes et les enfants est également touchée.
Ces perturbations exposent les groupes les plus vulnérables à un risque encore plus grand et menacent de réduire à néant des années de progrès si durement acquis.
L’OMS dans la Région africaine lance deux rapports sur la mortalité maternelle et néonatale évitable, qui fournissent aux responsables de l’élaboration des politiques des informations et des stratégies reposant sur des bases factuelles. Cela souligne l’impérieuse nécessité des investissements ciblés et de la collaboration multisectorielle.
Nous devons :
- investir dans les services à fort impact pour la santé de la mère et du nouveau-né tels que les soins prénatals, la présence de personnel qualifié pendant l’accouchement, les soins obstétriques d’urgence et les soins post-partum ;
- élargir l’accès équitable aux soins de qualité, en particulier dans les zones difficiles d’accès et touchées par des crises ;
- promulguer et faire respecter des lois qui protègent les droits des femmes et des enfants en matière de santé, y compris la protection de la maternité, et l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive ;
- lutter contre les facteurs sociaux et économiques sous-jacents qui sont à l’origine des inégalités ; et
- renforcer la responsabilisation, la coordination et l’innovation à tous les niveaux.
Chaque dollar investi dans la santé de la mère et du nouveau-né génère des retombées majeures, notamment des familles en meilleure santé, des sociétés plus fortes et la croissance économique.
En cette Journée mondiale de la santé, réaffirmons notre engagement à faire en sorte que chaque mère et chaque bébé en Afrique aient une bonne santé à la naissance pour un avenir plein d’espoir.
Source : OMS