Nous ne sommes qu’à la première semaine du mois de Ramadan et, déjà, le décor est tout planté pour nous édifier sur certaines spécificités de ce mois béni que les fidèles musulmans s’efforcent d’honorer avec détermination. Instants de ferveur religieuse par excellence, le mois de Ramadan est assurément le mois de l’absolution et de la tempérance. En effet, dans cette atmosphère ambiante de piété générale, les cœurs et les esprits s’apaisent, se cristallisant plutôt sur la caution des longues journées de privation.
Si sur le plan de la foi, la tendance est globalement appréciable. Seul problème, tout cet étalage de piété n’a guère entamé la boulimie de certains commerçant et revendeurs qui ne peuvent résister à la tentation de faire le maximum de bénéfices à la faveur de la ‘’traite du ramadan’’.
Profitant de la manne de la grande consommation des différents ingrédients devant garnir la table des fidèles jeûneurs, certains commerçants véreux, aux dents plus longues que la portée de leur foi, vont jusqu’à oublier qu’ils portent le carême. Ainsi, usant de toutes sortes d’arguties, ils arrivent à créer les conditions d’une surenchère artificielle sur les prix de certains produits de grande consommation dont les céréales, les légumes, les fruits, la viande, la volaille, les condiments, etc.
De sorte que, tout jeûneur désireux de voir sa table exagérément garnie de toutes sortes de mets et de friandises devra alors payer, cash et très cher, le prix de leur…gourmandise !
Un petit tour au niveau des étals de vente de fruits, de légumes, et de viande et autres condiments, et vous vous ferez une idée plus claire sur la cause de ce désarroi perceptible chez bon nombre de fidèles lorsque que, le soir, ils regagnent la maison avec un maigre sachet noir sobrement rempli. Et ce masque opaque qu’ils affichent sur le visage n’est pas nullement le fait de la faim et de la soif, mais surtout l’expression de l’amertume ressentie face aux indélicatesses des spéculateurs de tout poil, très peu soucieux du pouvoir d’achat des citoyens.
Pourtant, les prescriptions coraniques sont très claires, à propos des sanctions prévues contre les auteurs de la surenchère. Mais tout semble dire que, entre la foi et la fortune, certains vendeurs ont déjà fait le choix : celui de s’en mettre plein les poches !
Assane Soumana(onep)