Les réseaux sociaux nous ont habitués à des scènes hilarantes. Même si souvent certaines sont un pur montage vidéo, d’autres traduisent réellement l’état d’esprit nouveau qui inonde désormais notre société.
Et, loin des scénarii savamment imaginés, les événements qui se passent actuellement à Niamey et dont certains ont été capturés par les caméras de vidéosurveillance sont bel et bien réels. Ils se sont déroulés souvent devant des témoins inactifs alors que leurs concitoyens étaient en danger.
Beaucoup d’entre nous ont visionné la séquence d’une vidéo où une femme a été victime de braquage par des individus à moto dans une rue sous le regard d’au moins trois à quatre jeunes gens circulant tranquillement et restés de marbre. Des scènes d’agression en plein air se passent aussi dans les marchés, au niveau des stations-services, dans les rues de certains quartiers, etc.
L’une de ces scènes, à la fois insolites et tristes, s’est produite le vendredi 18 octobre 2024 entre 10h et 11h vers le service des Sapeurs-Pompiers Lazaret où un homme (un retraité selon un de ses voisins) a perdu la vie. Le retraité qui circulait à moto a été d’abord percuté par un autre motocycliste. Malheureusement après sa chute, cette personne a été ensuite écrasée par un automobiliste, un taximan.
Mais, le plus grave est que ce taximan impliqué dans l’accident a réussi à disparaître dans la nature laissant l’accidenté grièvement blessé, qui finit par rendre l’âme.
Cette histoire pour le moins tragique interpelle la conscience des citoyens. Comment un automobiliste impliqué dans un accident aussi grave peut-il réussir à échapper d’un endroit aussi grouillant de monde et aussi fréquenté à cette heure de la journée ?
Cette apathie à regarder des personnes en situation de danger sans leur porter assistance est une attitude nouvelle et inquiétante qui prend de l’ampleur particulièrement dans la capitale.
Pire, ceux qui assistent à ces scènes sont souvent plus portés à les filmer et les diffuser pour faire le buzz, qu’à venir en aide aux personnes qui sont en danger. L’impact des réseaux sociaux est passé par là, contribuant chaque jour davantage à une sorte de ‘’déshumanisation’’ de nos sociétés. Une situation où le buzz a tendance à surplomber l’humain.
C’est donc à juste titre que la Procureure générale adjointe de la République a, dans une de ses récentes sorties, interpellé la population sur cette attitude dangereuse et de plus en plus répandue dans notre société. Elle a également rappelé que la non-assistance à personne en danger est punie par la loi.
Cependant, il faut rendre hommage à la Police Nationale et plus globalement aux Forces de Défense et de Sécurité pour la promptitude avec laquelle, elles appréhendent les malfrats impliqués dans ces actes. Mais, il est tout aussi essentiel que la population apporte du sien, en fournissant toute information qui peut aider à mettre hors d’état de nuire les individus acteurs de l’insécurité dans nos villes et campagnes. C’est dans cette optique que des numéros verts sont à la disposition des citoyens. Il s’agit du 4040 pour les Forces Armées Nigériennes, du 4000 pour la Gendarmerie Nationale et du 8383 pour la Police Nationale
Siradji Sanda (ONEP)