A la suite des événements du 26 juillet 2023, de nombreux pays européens ont, dans le feu de l’action, suspendu leurs coopérations avec notre pays. Et s’inscrivant dans la logique des organisations régionales (Cedeao et Uemoa), elles-mêmes manipulées par une puissance étrangère bien connue, ces pays membres de l’Union Européenne ont suspendu tous les projets et aides aux populations nigériennes.
S’il est de leur droit de condamner ce qu’ils qualifient de remise en cause de l’ordre constitutionnel, il est aussi du droit du Niger et de son peuple de s’opposer à une remise en cause de sa souveraineté et surtout d’arrêter une dérive qui risque de compromettre son existence en tant qu’Etat.
Il est tout simplement surprenant qu’en Ukraine, les pays européens fassent bloc derrière l’Ukraine qui dit défendre son intégrité et qu’au Niger, ces mêmes pays soutiennent, d’une manière ou d’une autre, la France qui s’adonnait à un ‘’jeu trouble’’ dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et bafoue toutes les règles du droit international (en particulier la Convention de Vienne).
Face à une telle attitude, nous sommes en droit de nous poser un certain nombre de questions notamment celles de savoir si la qualité de relations entre l’UE, ses pays membres et le Niger est intimement liée à l’état de la coopération entre le Niger et la France. Doit-on comprendre que ces pays pris individuellement ne peuvent pas avoir une coopération avec le Niger qui ne soit pas soumise aux exigences de la France ?
Pourtant, il est clair que le Niger n’a aucun problème avec tous ces pays européens avec lesquels il entretient d’excellentes relations de coopération parce que justement ces pays ne s’ingèrent pas dans ses affaires intérieures et ne se montrent pas arrogants à son égard. Mieux, en s’inscrivant dans la logique voulue par la France, ces pays européens ne renvoient pas l’ascenseur au Niger qui, depuis plusieurs années, a joué le rôle de régulateur des flux migratoires vers l’Europe via le Maghreb souvent au détriment de ses propres intérêts.
Dans tous les cas, il est tout aussi clair que dans ce monde multipolaire, le Niger n’a pas besoin de quémander. Le pays peut s’en sortir s’il arrive à avoir des partenaires sincères et transparents, respectueux de sa souveraineté, de ses choix politiques et de développement.
C’est pourquoi, le vieux continent doit intégrer la réalité présente selon laquelle, l’Afrique d’aujourd’hui n’est plus celle des années 60, ni même des années 90. Les pays européens ont tout intérêt à reconsidérer leurs politiques africaines. Faute de quoi, ils perdront inexorablement ‘’la bataille’’ dans la recherche de place en Afrique, reconnue unanimement comme le continent de l’avenir pour ses richesses du sous-sol et pour sa population, la plus jeune au monde.
Pour cela, il va falloir éviter la politique de l’autruche face à des situations d’injustice à l’image de ces sanctions inhumaines et des manœuvres néocoloniales visant à asphyxier le Niger qui ne cherche qu’à exercer sa souveraineté et à décider de ce qui est bien pour son peuple. Fort heureusement quelques pays européens ont commencé à prendre leur courage à deux mains pour maintenir leurs aides humanitaires au profit des populations nigériennes. Mais le plus troublant dans cette situation, c’est qu’au lieu d’aider le Niger à se sortir de cette situation, les organisations sous régionales sont transformées en instruments de répression pour punir tout un peuple.
Siradji Sanda (ONEP)