Depuis quelques jours, à chaque coupure du courant électrique qui vient nous plonger dans l’obscurité totale, avec son lot de souffrances et d’angoisse, je ne peux m’empêcher de me rappeler la célèbre boutade lancée par le Président Mohamed Bazoum, le 14 juin dernier depuis Abidjan, lors de la 8ème édition de l’Africa CEO Forum. En effet, parlant de la mesure visant à interdire tout financement en faveur de l’exploitation des énergies fossiles, il a clairement que cela relève d’une véritable ‘’punition’’ faite à l’encontre des pays d’Afrique par les grandes nations. Tonnerre d’applaudissements dans la salle ! Puis cette réplique du Président Macky Sall du Sénégal : ‘’il est inconcevable que ceux qui ont exploité pendant plus d’un siècle le pétrole et ses dérivés, empêchent les pays africains de valoriser leurs ressources naturelles’’.
Même s’ils sont tenus par des Chefs d’Etat, ces propos ne sont pas assez forts pour décrire la flagrance de l’injustice faite aux enfants d’Afrique. Pour avoir voyagé aux quatre coins du monde, notamment dans les grandes villes modernes d’Europe, d’Asie et d’Amérique, je mesure la portée réelle de cette injustice décriée par nos deux hommes d’Etat. Dans ces villes-là, les rues, les immeubles, les centres d’attractions et même les faubourgs brillent merveilleusement de lumière et de mille artifices. La seule question qui vous vient tout de suite à l’esprit, c’est de savoir d’où tirent-ils tant d’énergie pour alimenter ces mégalopoles. Mieux, dans ces pays de la bombance, on ignore le calvaire des coupures intempestives et des délestages. Quelques minutes de coupure du courant s’apparenteraient au ‘’scandale du siècle’’ dont les médias se feront le devoir de barrer la ‘’Une’’ en grand titre. Les new-yorkais se souviennent encore de la ‘’grande panne’’ de courant survenue les 13 et 14 juillet 1977, plongeant cette ville américaine dans le noir. Un épiphénomène, pour nous autres qui vivons un tel scénario au quotidien !
Comble de paradoxe, ce sont ces mêmes pays ayant fondé leur révolution industrielle par une exploitation outrancière du charbon et autres énergies fossiles qui décident aujourd’hui de nous interdire de jouir des énormes potentialités dont regorgent nos pays pour nous engager sur la voie du développement.
Franchement, aujourd’hui, à l’heure où le Niger, tout comme les autres pays d’Afrique, accuse un besoin réel de plus d’énergie pour propulser la machine de son développement économique, mettre ses enfants à l’abri du clavaire des coupures intempestives, d’étendre le réseau électrique dans les villes et les villages, il y a matière à réfléchir sur cette fameuse mesure visant à bloquer toute source d’investissement dans le domaine des énergies fossiles. Nous disposons, à foison, de charbon à Anou Ararène, à Salkadamna et sans doute dans d’autres contrées de notre pays, et il serait juste de rendre justice aux enfants par l’exploitation de ce potentiel inépuisable. Nous ne parlons même pas d’énergie nucléaire tirée de notre uranium, dont on nous dédie les compétences et le droit d’en jouir nous aussi ! Ce qui est à démontrer…
Mais, à vrai dire, notre problème de déficit énergétique est plus préoccupant que les considérations d’ordre environnemental servant de prétexte aux ‘’Maîtres du monde’’ pour plomber la machine de notre développement. Donc, énergies renouvelables oui, mais énergies fossiles aussi !
Assane Soumana(onep)