
L’Afrique ne doit-elle pas aussi avoir une bombe nucléaire? La question paraîtra certainement décalée ou totalement irréaliste. Et pourtant, les bouleversements géopolitiques et géostratégiques actuellement en cours dans le monde justifient la pertinence de cette question. La dissuasion nucléaire semble constituer la plus haute protection respectée par tout le monde. Et les pays qui en disposent n’hésitent pas à l’agiter y compris entre eux, dès lors que leurs intérêts vitaux sont menacés. On le voit actuellement avec la France qui gesticule face à la peur que lui suscite la Russie.
Il en existe presque sur tous les continents sauf en Afrique. On se rappelle d’ailleurs de l’effet qu’a eu, sur le monde, la bombe fabriquée par le Pakistan, seul Etat musulman à en posséder. Les médias l’ont qualifiée de la ‘’première bombe musulmane’’. Dès lors, pourquoi l’Afrique ne doit-elle pas rêver d’avoir sa bombe aussi ?
Il est certain que cela risque de ne pas arriver. Les raisons sont multiples : d’abord presque tous les pays africains ont signé le fameux Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) entré en vigueur le 05 mars 1970. Ensuite, la désunion entre les pays africains compromettrait tout programme de ce genre. Les dirigeants étant facilement manipulés et manipulables par les puissances occidentales. On le voit avec la situation actuelle au Sahel où il est question de reconquête de souveraineté par les pays qui constituent aujourd’hui la Confédération des Etats du Sahel et où d’autres pays sont instrumentalisés pour saboter ce processus. Pourtant, l’Europe est aujourd’hui en train de regretter la naïveté dont elle a fait preuve en pensant et en restant pendant des décennies sous le parapluie sécuritaire des Etats Unis. Malheureusement et comme toujours, l’Afrique ne semble pas tirer les leçons alors qu’elle a toutes les raisons de le faire au regard des actions malveillantes et des situations dramatiques entretenues sur son sol par des puissances occidentales pour préserver leurs intérêts. Pour ce faire, certains pays n’hésitent pas à sponsoriser et alimenter le terrorisme dans nos pays.
Les Instruments juridiques qu’on oppose à nos pays ne véhiculent au fond que des valeurs et des intérêts occidentaux auxquels on cherche toujours à donner un statut universel. L’un des exemples les plus patents est le Statut de Rome créant la Cour Pénale Internationale (CPI). Cet instrument censé préserver les vies humaines contre les crimes de guerre n’est pas ratifié par la majorité des grandes puissances qui sont pourtant celles qui commettent le plus de crimes à travers le monde : Afghanistan, Irak, Syrie, Libye, Palestine, RDC, Rwanda, Sahel, etc.
Du coup, aucun soldat issu de ces pays n’a jusqu’ici été traduit devant la CPI quels que soient les crimes dont il est soupçonné avoir commis. En revanche, la CPI est devenue un instrument utilisé par ces puissances contre nos pays et souvent contre des dirigeants nationalistes qui s’opposent aux intérêts desdites puissances. Le cas du Président Laurent Gbagbo est incontestablement l’exemple le plus pathétique de la naïveté africaine face à l’Occident.
Face aux mutations et bouleversements géopolitiques et géostratégiques qui font convulser le monde, l’Afrique va-t-elle enfin se réveiller de son sommeil ?
Penser à l’avènement d’une bombe atomique africaine, relève peut-être de l’utopie. Mais, les grands projets qui ont jalonné l’histoire du monde ont commencé par un rêve. Ce qui est indéniable, c’est que la dissuasion est une carapace. En effet, le simple soupçon que l’Iran détiendrait l’arme nucléaire protège ce pays des appétits expansionnistes de la civilisation occidentale dans le Moyen Orient à travers Israël. Si l’Afrique en possédait, cela aurait dissuadé tous ces Etats voyous qui, sous le couvert d’une supposée défense de la démocratie, viennent financer et entretenir le terrorisme dans nos pays.
Siradji Sanda (ONEP)