Le ministre délégué auprès du ministre des Finances, chargé du Budget, M. AhmatJidoud, a présidé le 13 janvier dernier à Niamey, la cérémonie de lancement de la visite sur place au titre du 2ème cycle d’évaluation mutuelle du dispositif national de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Au cours de cet exercice, les experts vont évaluer la mise en œuvre du cadre juridique et institutionnel du Niger et les résultats produits sur le terrain par ledit dispositif. La cérémonie s’est déroulée en présence du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, du directeur général du Groupe intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), des Secrétaires généraux des Ministères, du président de la CENTIF-Niger et de plusieurs invités.
L’évaluation mutuelle d’un pays est un processus par lequel les experts évaluateurs d’autres Etats membres examinent et apprécient le niveau de conformité du dispositif juridique et institutionnel mis en place par le pays évalué aux normes du Groupe d’Action Financière(GAFI). Elle permet aussi d’évaluer les résultats obtenus par ce dispositif dans la Lutte contre le blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme et prolifération (LBC/FT) et formulerde recommandations pertinentes en vue de remédier aux éventuelles insuffisances et faiblesses constatées.
Dans son mot de bienvenue, le président de la Cellule
Nationale de Traitement de l’Information financière (CENTIF), M. Taher Hassane a indiqué que le principal enjeu de l’évaluation mutuelle pour le Niger est de s’assurer que le pays dispose de dispositif LBC/FT répondant aux normes internationales et que ce dispositif ne présente pas des insuffisances stratégiques qui entameraient sa crédibilité vis-à-vis de la communauté internationale. Le rapport issu de ce processus d’évaluation sera publié dans le réseau mondial. «J’exhorte les évaluateurs à intensifier les efforts déployés en matière de prévention, de détection et de répression des crimes de BCL/FT et un renforcement des synergies d’actions en vue d’inscrire notre dispositif dans une dynamique d’amélioration continue», a-t-il déclaré.
D’après le président de la CENTIF, cette évaluation intervient plus d’une décennie après la première évaluation mutuelle du Niger qui a eu lieu en juin 2008. Elle permettra à nouveau de vérifier le niveau de conformité technique et le degré d’efficacité du dispositif national de lutte. «En particulier,nous sommes confortés par le fait que cet exercice devrait notamment, sur la base d’un diagnostic pointu, aboutir à l’identification des maillons faibles de notre dispositif et à la formulation de recommandations pertinentes visant à corriger ces insuffisances et à favoriser par voie de conséquence, le renforcement et la fiabilisation de notre dispositif», a déclaré M. Taher Hassane.
Pour sa part, le Directeur général du Groupe intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), M. Kimelabalou Aba a expliqué l’importance de l’activité avant de préciser que, le Niger est le 9ème pays du Groupe à se soumettre librement à cet exercice. «L’acceptation de votre pays de se soumettre à cet exercice d’évaluation mutuelle traduit la ferme volonté des plus hautes autorités et l’engagement politique de haut niveau de votre pays dans la mise en œuvre des mesures de lutte contre le crime transnational organisé en général et le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme en particulier», a-t-il reconnu.
Selon le Directeur général du GIABA, les experts ont déjà entamé un travail de bureau par l’évaluation de la conformité technique aux recommandations duGroupe d’Action Financière (GAFI) qui constitue le premier des deux volets de l’exercice. Celui-ci implique un examen documentaire des cadres légaux et institutionnels du dispositif de LBCFT du Niger. La visite sur place permettra d’évaluer le second volet à savoir l’efficacité du dispositif. M. Kimelabalou Aba a en outre expliqué que, si les rapports des évaluations mutuelles du Ghana, du Sénégal, du Cap-Vert, du Burkina Faso et du Mali ont déjà fait l’objet de discussions et d’adoption formelles par les plénières du GIABA tenues respectivement en mai 2017 à Monrovia au Libéria, en novembre 2018 à Banjul en Gambie, en mai 2019 à Conakry en Guinée et en novembre 2019 à Saly au Sénégal, les rapports d’évaluation mutuelle du Benin, de la Sierra Léone et du Nigeria le seront à leur tour à la prochaine plénière qui se tiendra à Niamey du 10 au 15 mai 2020.
«Il est attendu que le rapport d’évaluation mutuelle du Niger qui sera rédigé à l’issue de la présente visite sur place soit discuté à la plénière du GIABA de novembre 2020 en vue de son adoption formelle. J’espère à cette occasion que, le Niger enverra une délégation forte et diversifiée pour éclairer la communauté du GIABA sur les actions qui sont en train d’être mises en œuvre par les autorités nationales afin que le Niger ne soit pas un refuge de criminels», a dit M. Kimelabalou Aba.
Procédant au lancement des travaux de la visite sur place du 2ème cycle d’évaluation Mutuelle du Niger de LBC/FT, le ministre délégué chargé du Budget, M. AhmatJidoud a indiqué que la lutte contre la criminalité financière est l’une des préoccupations primordiales et permanentes de la communauté internationale en raison de l’impact négatif du phénomène sur la stabilité macroéconomique, singulièrement sur l’intégrité et la stabilité des institutions financières ainsi que sur la bonne gouvernance. En effet a-t-il ajouté, le Niger a dans une première étape renseigné et transmis depuis le 1er août 2019, aux évaluateurs par l’intermédiaire du secrétariat du GIABA, le questionnaire relatif à la conformité technique du dispositif national par rapport aux 40 recommandations du GAFI, accompagné des textes législatifs réglementaires et institutionnels pertinents.
Le ministre AhmatJidoud de souligner que le gouvernement a toujours accordé une haute priorité à la lutte contre le blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme et de la prolifération, comme le témoigne sa volonté manifeste de respecter ses engagements pris dans ce cadre aussi bien à l’échelle internationale que régionale. Le ministre délégué au Budget a ensuite rappelé le processus d’évaluation connu par le Niger. Pour lui le principal enjeu de l’évaluation Mutuelle pour le Niger est d’avoir un dispositif qui répond aux normes internationales. «Les progrès enregistrés depuis la première évaluation de juin 2008 que les experts continuent de vérifier et d’apprécier depuis bientôt six mois, montrent suffisamment la volonté et la détermination du gouvernement à lutter efficacement contre le phénomène», a-t-il dit. Aussi, il a invité les experts à mener le travail en toute objectivité et a assuré de la disponibilité des acteurs au Niger.
Seini Seydou Zakaria(onep)