La célébration des mariages et baptêmes est devenue aujourd’hui une sorte de mode et de compétition qui influencent de plus en plus la mentalité des nigériens. Selon les explications du sociologue Sani Yahaya Janjouna, ces dépenses ostentatoires relèvent d’une logique fondée sur le fossé entre les pauvres et les riches où, la société loue et apprécie les catégories ou classes des individus. Les uns et les autres sont ainsi tentés de vouloir jouir des valeurs de l’estime et du respect qu’attire la posture de « celui qui possède». «Ces cérémonies s’organisent avec des dépenses énormes dans le but de séduire et impressionner l’entourage de sa capacité financière. C’est se faire valoir aux yeux de tout le monde. Et, il n’y a pas meilleur endroit pour montrer, justement, ses richesses si ce n’est au cours des cérémonies », explique le sociologue.
Cependant, lorsque que nous organisons nos cérémonies auxquelles nous invitons les nôtres, ceux-là qui viennent nous soutenir dans les moments d’allégresse, dans les moments de joies pour partager avec nous notre joie, il va de soi qu’on évite au mieux de lancer ce défi ostentateur qui ne dit pas son nom; leur montrer que nous sommes importants contre toute faille, afin qu’ils nous hissent et qu’ils nous donnent une meilleure place dans la société dans leur mentalité. « C’est là le gros problème, et c’est là le paradoxe, s’exclame le sociologue, M. Sani Yahaya Janjouna ». A la limite, poursuit-il, cela peut s’expliquer par le fait que l’ambition humaine n’a pas de limite. «Si on vous proclame, l’homme le plus riche de ce monde, vous en voudriez davantage. Ne serait-ce que pour garder le titre du plus riche, vous allez continuer. C’est inhérent à l’homme en termes de quête perpétuelle d’ambition sans limite et nous allons chercher autant que faire se peut, parce que, nous allons toujours fixer des objectifs », a-t-il affirmé.
Ce qu’il y a à déplorer aussi, lors des cérémonies, ces temps-ci, au-delà du normal, c’est le fait de confronter ces convives à une concurrence inavouée, entre eux. Autrement dit faire voir qui est bien habillé et qui ne l’est pas, sous l’appréciation des uns et des autres. « C’est un paradoxe que nous devons combattre. Nos invités, nous devons obligatoirement les respecter, les protéger de tout affront, de tout déshonneur et de toute honte », estime M. Sani Yahaya Janjouna, soulignant l’avantage du véritable objectif de l’uniforme. Ce dernier, faut-il le noter, au-delà de ses aspects négatifs, montre le côté solidaire et cela peut se faire sans pour autant utiliser des habits coûteux. Sauf que, aujourd’hui l’uniforme même est devié de ses idéaux fondamentaux. Du moment où, dans le cadre d’un seul mariage, 3, 4 à 5 divers habillements sont cousus par invité, à titre d’uniformes, peu importe les bourses. « L’ostentation en soi est combattue par la religion, condamnée en réalité par la société, on veut de la modestie de la sobriété dans ces genres de situation parce que tout le monde est là pour la même cause, alors autant faire en sorte qu’il soit heureux et qu’il rentre chez lui heureux et d’éviter de les mettre mal à l’aise », préconise le sociologue.
Le rôle de l’Etat dans ces genres de situation, se veut plus dans la culture de la modestie, à l’encontre des dépenses ostentatoires. Selon M. Sani Yahaya Janjouna, ce ne sont pas les idées qui manquent, du moment où, la préoccupation suscite assez d’intérêt au niveau du gouvernement. « Les gens doivent s’attendre effectivement à un résultat positif, dès lors qu’en associant les marabouts nous avons vu, dans le cadre de la riposte contre la pandémie de la COVID-19, comment les gens ont accepté malgré les petites réticences au début, même le fait de fréquenter les mosquées un moment; je crois que c’est fort possible lorsque l’Etat s’implique davantage mais en même temps avec l’Association Islamique du Niger; mais aussi d’associer des scientifiques du domaine de la société qui peuvent apporter leur contribution pour prévenir certaines actions. Ils n’ont pas besoin d’argent pour amener leurs contributions, il va de leurs rôles comme les marabouts. Il y va de leur responsabilité tout comme eux, c’est un devoir pour tous, justement de contribuer à asseoir et à assainir notre société qui a besoin de la collaboration de tous parce que nous y vivons mais en même temps c’est pour nos enfants que nous allons le faire dans un cadre approprié », explique-t-il. Pour M. Sani Yahaya Janjouna, l’Etat doit prendre des décisions pour contrôler les dépenses cérémoniales.
Par Ismaël Chékaré (onep)et Saadatou Moussa Hassane