
Séance de réalisation d’un graffiti à Niamey
Des pinceaux et de la peinture à huile suffisent pour embellir les murs et l’intérieur des maisons. Cela n’est possible qu’à travers l’art graffiti. Un art visuel avec lequel les artistes véhiculent des messages pleins de sens avec un dessin, un portrait, une peinture. C’est aussi un art thérapeutique dont la réalisation nécessite la tranquillité d’esprit. Lorsque le graffeur réalise son œuvre d’art, il essaie d’oublier tous ses problèmes pour se concentrer sur son travail afin de bien afficher de belles images qui parlent sur un mur.
Cet Art spontané gagne des cœurs pour se faire entendre dans quelques quartiers du Niger. « Avant, les rappeurs nigériens écrivent sur les murs pour faire des tags, pour marquer leur présence souvent avec des signatures. Au Niger, on peut dire que c’est avec le mouvement du rap, et les tags dans les années 90, que le graffiti a commencé », a expliqué M. Diassibo Tchiombiano alias Dias. Le graffiti est une expression artistique qui est présente dans presque tous les mouvements, même à l’école, sans le savoir, les élèves et étudiants font des graffitis en écrivant des noms sur les tables ou en effectuant des dessins pour marquer leurs propres expressions artistiques dans la société. « Même avec du charbon, un bon graffeur peut dessiner, mais la meilleure façon c’est d’utiliser la peinture à huile. Tous les messages que vous voyez sur les véhicules, c’est l’œuvre des graffitis », explique-t-il. En effet, Dias, à travers la Galerie Tawaïdo, apporte sa contribution pour encourager les jeunes engagés dans le domaine de l’art en leur prodiguant des conseils ou en leur faisant des renforcements des capacités. « Les jeunes doivent s’intéresser à l’art parce que ça libère. Moi, quand je sors et que la circulation me choque, je me détends sur une toile. Je fais mon dessin et ça me calme », affirme-t-il.
Quant à Eric Kruoch, il s’est professionnalisé sur le graffiti afin de raconter d’une autre manière les histoires du Niger. « Quand je regarde les peintures rupestres, les découvertes depuis la préhistoire au Niger, il y a des traces de graffiti, ce sont des fresques qui véhiculent des messages de sensibilisation », a souligné M. Éric Kruoch. Pour développer cet art contemporain, M. Eric se dit disponible pour former toute personne passionnée du graffiti. « Le graffiti est une magie de l’art en société, pour la société et dans le but de faire connaître les valeurs de la société. Les jeunes artistes participent beaucoup aux activités de fresque dans des quartiers », dit-il.
« Par le passé, c’était seulement sur des chaînes internationales, à travers des séries, le plus souvent américaines, dans les films ou dans des films documentaires, en exposition photographique qu’on voyait cet art qui raconte une histoire au public à travers des dessins. Aujourd’hui, avec l’engagement patriotique, artistique et social, les jeunes nigériens s’intéressent au graffiti », ajoute-t-il. C’est l’exemple d’une fresque géante sur le mur du collège Mariama de Niamey ‘‘Stop à la mendicité’’ qui appelle les gens à travailler pour gagner leur vie à la sueur de leur front, sans tendre la main. Dans cette optique, le graffiti véhicule des messages. « Mon souci pour le moment n’est pas la rentabilité, mais c’est de révolutionner cet art au Niger à l’instar de toutes les grandes villes du monde afin de le faire connaitre aux jeunes nigériens. Dans le monde entier on retrouve le graffiti au niveau des espaces publics. Dans certains pays, il y a de l’espace spécialement dédié aux graffitis », a précisé M. Éric kruoch.
Parlant des difficultés qu’ils rencontrent, M. Éric kruoch a évoqué le manque de matériel. Il faut le commander généralement du Sénégal, du Burkina Faso ou du Ghana. Le métier d’artiste est difficile, mais l’artiste arrive toujours à créer des œuvres. « Bien que nous fassions ça sur les murs, dans les coins des quartiers, cela ne fait pas de nous des vagabonds, mais plutôt des gens passionnés de l’art et de la culture. Cette dernière est l’une des clés pour le développement d’un pays », précise M. Eric. Le graffiti commence à prendre de l’ampleur avec les jeunes ‘‘forts d’esprits’’ qui répondent présents pour travailler sur un mur du quartier. « A travers cet art, nous passons des messages à l’endroit de toute la jeunesse nigérienne. Soyons engagés, soyons une jeunesse qui est apte, une jeunesse qui, à long terme, arrivera à contribuer à la croissance économique du pays », a conclu Éric Kruoch.
Idi Maman Lawaly (Stagiaire)