Pour la campagne de l’élection présidentielle, le candidat du PNDS, M. Bazoum Mohamed, a proposé aux Nigériens un programme quinquennal (2021-2026), dit de la ‘’Renaissance Acte 3’’, qui se veut une continuité des programmes ‘de la ‘’Renaissance Acte 1 et 2’’ du Président Issoufou Mahamadou. La mise en œuvre de cet ambitieux programme, qui a pour slogan « Consolider et Avancer », nécessite la colossale somme de 13. 800 milliards FCFA.
Comme l’avait expliqué le candidat lui-même, lors de la présentation de son programme de gouvernance, il s’agit de « consolider les acquis du travail accompli au cours de ces 10 années et d’avancer vers de nouveaux objectifs tels qu’ils découlent des enseignements critiques que nous avons retenus de notre expérience bien plus complexe que les idées aux moyens desquelles nous l’avions abordée ».
Les engagements du candidat Bazoum Mohamed portent essentiellement sur le renforcement de six (5) domaines de gouvernance, à savoir : la gouvernance sécuritaire, la gouvernance politique, la gouvernance juridique et judiciaire, la gouvernance économique, la gouvernance administrative et la gouvernance locale. Pour chacun de ces domaines, le programme a fait un large éventail des défis avant d’en définir les perspectives la période 2021-2026 couvrant les cinq années du mandat du Président Bazoum Mohamed.
Il faut dire que tout au long de la campagne politique, le candidat Bazoum Mohamed a largement décliné les grandes orientations qu’il comptait, une fois élu, dans différents domaines de la vie socio-économique et culturelle du Niger. Mais les citoyens nigériens ont surtout retenu les engagements pris par le candidat du PNDS-Tarraya dans des secteurs aussi sensibles que ceux de la sécurité et de l’éducation où les défis sont de taille.
Ainsi, concernant la question de sécurité à laquelle le pays fait face depuis près de 10 ans, les perspectives énoncées à travers le programme de gouvernance du nouveau Président de la République portent principalement sur le renforcement de l’implantation des forces de défense et de sécurité et le rehaussement des recrutements. Ainsi, comme le souligne le document, afin d’améliorer la transparence dans la gestion des ressources tout en garantissant la protection des données sensibles, un certain nombre de mesures sont envisagées. Elles portent précisément sur l’amélioration du cadre juridique des commandes des matériels et équipement militaires (passation des marchés, référentiel des prix, liste agréée de fournisseurs) ; la révision de la chaîne des dépenses et mettre en place un mécanisme de transparence et de redevabilité pour éviter la volatilité des ressources, etc.
Dans le cadre du renforcement de l’implantation des forces de Défense et de Sécurité, il est envisagé le rehaussement des recrutements pour atteindre des effectifs à même de permettre un redéploiement judicieux des personnels sur l’ensemble du territoire ; le maillage plus dense et harmonieux des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), afin d’assurer une délivrance optimale des services de sécurité ; et la construction d’infrastructures militaires et sécuritaires.
Les perspectives en matière de gouvernance sécuritaire incluent également une réelle ambition de renforcer les capacités opérationnelles et de renseignement des forces de défense et de sécurité à travers le renforcement du commandement ; l’accroissement des effectifs ; l’intensification de la formation et de l’entraînement ; la formation de nombreux bataillons de forces spéciales ; l’équipement adéquat des forces, notamment en vecteur aérien, et le renforcement des capacités de renseignements.
Autre domaine épineux, celui de l’éducation. Dans ce secteur, le nouveau Président de la République a estimé que la performance dépend impérativement d’une reforme curriculaire complète qui prendrait en charge l’efficacité et l’efficience du système éducatif depuis le préscolaire jusqu’à l’enseignement supérieur et la recherche dans une vision holistique qui intègre le bilinguisme en vigueur au primaire. « Cette réforme permettra d’assurer une bonne scolarité aux jeunes en renforçant la formation initiale et continue tout en assurant les promotions de l’enseignement scientifique et la formation des formateurs par le développement des centres de formation adéquats», souligne le programme.
Notant que la gestion de l’école constitue la clé de voute du pilotage de tout le système, le programme indique que l’amélioration de la gouvernance du système éducatif doit se faire à travers l’instauration d’un contrat de performance aux structures de formation des enseignants et la prise en compte des notions de redevabilité et de responsabilité, la mise en place d’un Système d’Information et de Gestion de l’Education (SIGE) fonctionnel et le rehaussement relatif du budget de tout le secteur.
Les objectifs poursuivis à travers le programme ‘’Renaissance Acte 3’’ pour la performance du système éducatif réservent une place de choix à la scolarisation de la jeune fille conformément aux priorités de la Stratégie Nationale d’Accélération de l’Education et de la Formation des Filles et des Femmes (SNAEFFF). Ce programme, mise beaucoup sur la promotion de l’accès et le maintien scolaire des filles en milieu rural.
Au chapitre de la gouvernance administrative pour la période 2021-2026, les perspectives se déclinent sur trois axes. Pour le premier axe portant sur l’amélioration de l’efficacité de l’administration publique, les mesures visent à dématérialiser systématiquement les procédures de l’administration publique.
Pour le second axe qui porte sur la professionnalisation et la protection des ressources humaines de l’Etat, il s’agira de doter l’administration publique de compétences adéquates en matière de Gestion moderne des Ressources Humaines ; de promouvoir les valeurs d’éthique et de déontologie dans les services publics ; veiller à l’adéquation profil/poste/emploi dans les nominations aux postes techniques de l’administration publique et ses démembrements ; instituer un système public de récompenses des agents performants sur la base de critères objectifs ; créer une inspection pour l’évaluation et de sanctions des agents publics ; etc.
Et pour l’Axe 3 portant sur l’efficacité des entreprises publiques, il est envisagé, entre autres, de modifier la loi sur les entreprises publiques pour prendre en compte les catégories non prévues, mieux affirmer la mission de développement du pays et renforcer la redevabilité et le mécanisme de contrôle..
Au volet de la gouvernance politique, les perspectives concernent la pérennisation et consolidation des acquis démocratiques par la consolidation des acquis en matière de démocratie et des libertés publiques ; la mise en place d’un mécanisme de renforcement de l’éthique et la déontologie des acteurs des médias ; la promotion d’une atmosphère saine et apaisée dans le débat public notamment par un dialogue permanent entre les partis politiques, les médias et la société civile, etc.
Pour une mise en confiance des citoyens par la promotion d’une vie politique apaisée, le programme prévoir d’améliorer le cadre de dialogue politique et ses mécanismes de fonctionnement en vue d’une meilleure performance ; d’instaurer un dialogue inclusif et dynamique sur le renforcement du système électoral conformément à l’évolution des attentes des citoyens, et de renforcer l’accès des citoyens à l’information publique.
Il est également prévu un certain nombre de mesures pour rapprocher les citoyens des institutions de la République, notamment par le renforcement des mécanismes de redevabilité, par l’élaboration, la publication et la vulgarisation des rapports annuels des institutions de la République.
Dans le domaine de la gouvernance juridique et judiciaire, plusieurs actions sont défiées pour atteindre l’objectif d’une Justice accessible, équitable, efficace. Il y a aussi un axe relatif à l’optimisation des instruments de lutte contre la corruption, à travers l’évaluation et le renforcement de la HALCIA pour la rendre plus apte à prévenir et à lutter contre la corruption et la concussion en particulier, et la poursuite de la revalorisation des inspections des services et la mise en place d’un cadre coordonné de leurs interventions.
En matière de gouvernance économiques et financières les mesures se traduiront par un renforcement du cadre macroéconomique et la transformation économique. L’objectif visé est de porter, à la fin du mandat en 2026, le taux de croissance annuel moyen à 8%, réduire la pauvreté de 40,3% en 2018 à 25% en 2025, et maintenir le taux d’inflation en deçà de 3% à travers la mise en œuvre des projets structurants.
Au volet politique budgétaire et financement de l’économie, il est prévu, entre autres mesures, de poursuivre une politique budgétaire prudente avec un déficit raisonnable compatible avec les besoins de la relance économique post-COVID; d’assurer l’atteinte des cibles du Pacte de Convergence notamment le déficit public à travers principalement deux leviers : une mobilisation des ressources internes plus fortes avec comme objectif de porter le taux de pression fiscal à 20% en 2025 ; et une allocation des ressources mettant l’accent sur la qualité et l’efficacité de la dépense publique, la création d’un espace budgétaire nécessaire au financement des besoins prioritaires et projets structurants. S’y ajoute la promotion du financement de l’économie avec un système bancaire plus large et plus favorable au financement du secteur privé local formel avec une dotation des ressources importantes au profit du Fonds d’appui au PME/PMI (FONAP) destiné à la bonification des taux d’intérêts bancaires et à la mise en place des garanties bancaires pour les PME/PMI.
D’autres mesures portant sur des réformes structurelles sont également énoncées à travers le programme de gouvernance du nouveau Président de la République.
Assane Soumana(onep)