À l’ère du développement des technologies de l’information et de la communication (TIC), la police judiciaire est confrontée à plusieurs défis dans la lutte contre la criminalité. Ces défis sont en grande partie dus aux avancées technologiques rapides qui ont transformé la manière dont les criminels opèrent et interagissent mais aussi complexifient la tâche. Ces défis sont entre autres :
- La complexité de la cybercriminalité qui a beaucoup évolué et est devenue de plus en plus sophistiquée. Les criminels utilisent des techniques avancées pour accéder illégalement à des systèmes, voler des informations sensibles, commettre des fraudes en ligne et perturber les services en ligne ;
- L’anonymat en ligne : les criminels utilisent fréquemment des outils et des techniques pour masquer leur identité en ligne, rendant difficile l’identification et la localisation des auteurs d’infractions. Cela rend les enquêtes plus complexes et exige des compétences spécialisées pour retracer les criminels cachés derrière des identités numériques ;
- La rapidité de propagation de l’information et ou renseignements criminels : les réseaux sociaux et les plateformes en ligne permettent aux informations de se propager rapidement, ce qui peut entraîner des situations où les crimes se propagent rapidement ou prennent des dimensions virales.
- La protection des données à caractère personnel et le respect de la vie privée : dans la lutte contre la criminalité en ligne, les services de police doivent accéder à des données personnelles et sensibles pour enquêter. Cependant, cela peut soulever des questions sur la protection des données des citoyens et le respect de leur vie privée, nécessitant un équilibre délicat entre les besoins d’enquête, la sécurité et les droits individuels.
A titre d’illustration, entre juillet et août 2024, la Direction de la Police Judiciaire à travers la Division de la Lutte contre la Cybercriminalité au Niger, a enregistré 2869 plaintes de citoyens répartis à travers l’ensemble du pays. La majorité des plaintes sont relatives à des anarques en ligne commises à travers une plate-forme internet dénommée « Data Robot ». Ladite plate-forme a fait miroiter à ses victimes des revenus rapides et importants en leur proposant d’investir dans l’Intelligence Artificielle (IA) et la robotique. L’enquête a permis d’interpeller et déférer six (06) personnes pour un préjudice qui s’élève à 1.313.369.8080 Fcfa. Les principales victimes sont des pensionnés, des étudiants, des agents des Forces de Défense et de Sécurité et quelques commerçants à la recherche du gain facile.
Cependant, parmi les cybercriminels, on note malheureusement une forte implication de la communauté socialement instruite. Ils sont de plus en plus disposés à monter des entreprises d’arnaque en ligne, soit localement soit avec des complicités établies à l’extérieur
Afin de pouvoir réagir à tout moment, pour contrôler les situations qui peuvent entrainer des troubles graves à l’ordre public, voir même à la sécurité nationale, la Police Judiciaire se spécialise et se renforce dans les nouveaux domaines, tels que la cybercriminalité, la récupération de données numériques, l’analyse de données, le big data, l’analyse criminelle, l’intelligence artificielle, etc. Dans ce sens, des investissements importants doivent être faits en ressources humaines et en matériels afin d’accompagner la Police Judiciaire à atteindre un niveau de compétence optimale.
Les crimes en ligne ne reconnaissent pas les frontières géographiques et physiques. Cet état de fait complique la coordination entre les différentes juridictions nationales et internationales. La coopération internationale est essentielle pour poursuivre les criminels qui opèrent à l’échelle mondiale avec des organismes dédiés comme INTERPOL. Cela passe également par l’édification des textes solides et la prise en charge des spécificités.
Cela passe surtout par l’élaboration et l’adoption d’un cadre juridique et légal adapté qui tienne compte des réalités socioculturelles nationales et des tendances d’évolution des pays de la sous-région et à travers le monde.
En cela il faut saluer l’adoption par le Gouvernement de la loi n°2019-33 du 03 juillet 2019 portant répression de la cybercriminalité au Niger, modifiée significativement le 12 juin 2024 pour mieux préciser les peines applicables aux infractions de diffamation et d’injures en ligne, ainsi qu’à la diffusion de données nuisibles.
Il faut également saluer l’adoption par le Gouvernement de l’ordonnance n°2024- 43 du 27 août 2024 instituant le « Fichier des personnes, groupes de personnes ou entités impliquées dans des actes terroristes ou toutes autres infractions portant atteinte aux intérêts stratégiques et/ou fondamentaux de la Nation ou de nature à troubler gravement la tranquillité et la sécurité publique », marque une étape importante dans le renforcement de notre sécurité nationale.
En attendant, les instruments d’application de cette ordonnance, on peut affirmer que son adoption constitue un renforcement de l’arsenal des instruments de prévention et de gestion des menaces terroristes et de la grande criminalité. Ce qui constitue en soi la réponse appropriée aux menaces et défis sécuritaires du moment, et confirme l’engagement des plus hautes autorités du pays à protéger les intérêts vitaux de la nation.
Enfin, il faut également se féliciter que le Gouvernement compte bientôt adopter deux projets de texte dont l’un portant institution d’un titre de voyage pour les réfugiés et fixant les modalités de son attribution et l’autre instituant une Carte Nationale d’Identité Biométrique en République du Niger.
En effet, le titre de voyage pour réfugié confère à son titulaire le droit de circuler sur l’ensemble du territoire national. Il est aussi un document de voyage international pour son titulaire. Les caractères du titre de voyage pour réfugié, les conditions de délivrance, de renouvellement et de validité ainsi que les sanctions pénales y sont clairement détaillés dans le projet.
Quant à la Carte Nationale d’Identité Biométrique Sécurisée, c’est un document officiel qui a pour objet de certifier la nationalité de son titulaire. Elle peut également servir à son titulaire de titre voyage ou à tout usage suivant les modalités fixés par arrêté. L’âge minimum obligatoire de détention de la Carte Nationale d’Identité Biométrique Sécurisée est de 15 ans révolu.
Les chantiers portés par le Projet WURI-Niger à travers la constitution prochaine d’une base de données biométrique nationale de toutes les personnes vivant au Niger est une opportunité à saisir pour la Police nationale car ils faciliteront la constitution des registres spécifiques qui permettront de moderniser et de sécuriser les prestations de services à la population : passeport, carte nationale d’identité, visas d’entrée, carte de séjour, certificat de résidence, contraventions, etc.
Le Service Central de l’Information, des Relations Publiques, des Sports et de la Culture de la Police Nationale
(SCIRPS/SC)