
M. Daouda Adamou
Lors du Conseil des Ministres du 07 février 2025, l’Etat du Niger a décidé de mettre fin à l’occupation des espaces relevant de l’emprise du Stade Géneral Seyni Kountché. M. le Directeur Général, quelles sont les implications de cette décision? Êtes-vous réconforté dans vos projets et ambitions pour ce stade ?
C’est toujours un plaisir pour moi de m’exprimer à travers vos colonnes pour donner mon point de vue sur certaines questions. Aujourd’hui, s’il y a un mot à dire, c’est de rendre grâce à Dieu et remercier, une fois de plus, les plus hautes autorités de notre pays, à la tête desquelles le Président de la République, Chef de l’Etat, SE le Général d’Armée Abdourahamane Tiani. À un moment donné, le stade a été morcelé. Aujourd’hui, l’Etat a trouvé juste de rétablir le stade sur son ancien domaine, son domaine d’origine. Cela veut dire que toutes les parties du stade qui ont été morcelées vont être récupérées et reversées désormais dans son domaine foncier. En termes clairs, même le géant bâtiment en chantier, qui se trouve derrière le stade, est désormais une propriété du Stade Général Seyni Kountché. C’est un bâtiment qui a été cédé à un privé. Maintenant, il revient au stade de voir ce qu’il en fera. On peut le conserver, on peut le modifier, comme on peut complètement le démolir pour réutiliser l’espace dans une architecture sportive. Par rapport à cette question d’actualité, nous nous réjouissons de cette décision de nos autorités, nous sommes de cœur avec elles.
Juste après votre prise de fonction, une lettre de mission vous a été transmise par la tutelle, pour accompagner l’Etat dans sa politique de développement des sports et l’épanouissement de la population. Quelles sont les premières actions entreprises pour atteindre les objectifs fixés, conformément à cette lettre de mission ?
Comme vous l’avez dit, effectivement depuis ma nomination, une lettre de mission m’a été remise par le ministre en charge des Sports, j’ai nommé le Colonel-Major Abdourahamane Amadou qui a placé sa confiance en moi pour diriger ce joyau national. Permettez-moi d’abord de rappeler les points de cette lettre de mission qui sont au nombre de sept (7), à savoir :assainir l’environnement du stade ; réduire les charges et accroître les ressources du stade ; participer à la promotion des activités physiques et sportives ; participer à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes ; renforcer la sécurité autour et à l’intérieur du stade ; rétablir le stade dans les normes de la CAF et FIFA et, enfin, améliorer la visibilité du stade Général Seyni Kountché. Voilà les points qui constituent le support majeur sur lequel j’ai déjà travaillé durant un an.
Quelles stratégies adoptez-vous pour réduire les charges du stade et accroître ses ressources ?
Vous savez, le stade général Seyni Kountché est gigantesque en forme et au fond. Nous avons un personnel composé de plus d’une cinquantaine d’agents et une administration, sans compter les différents services que ce joyau comporte. D’abord comme première action, nous avons essayé de rassurer le personnel. Parce que nous avons trouvé ce personnel complètement désespéré, n’ayant plus goût au travail. Dans la même logique, nous avons essayé d’assainir le cadre administratif et financier de ce stade avec des actions concrètes qui nous ont amené à réduire le personnel administratif constitué déjà des cadres et fonctionnaires du Ministère en charge des Sports. Nous avons, en toute responsabilité rapatrié ces agents à la portion centrale pour qu’ils puissent être orientés dans d’autres services. Ensuite nous avons multiplié des rencontres avec des partenaires du stade pour les rassurer par rapport à notre vision et notre volonté de rétablir le stade dans une forme de gestion saine. L’autre point qui n’est pas à négliger concerne les fournisseurs et les locataires qui étaient, comme les agents, désespérés aussi. Nous avons essayé d’avoir beaucoup de rencontres pour amener tout ce beau monde autour de l’idéal qui est notre vision et qui va permettre au stade de décoller au moins, parce que le stade était pratiquement à terre.
M. le Directeur Général, quelles mesures avez-vous mises en place pour assainir l’environnement du stade et renforcer la sécurité des usagers ?
Nous avons commencé par ce point important. Vous savez, la sécurité est l’élément essentiel pour tout développement. C’est pour cela que nous avons engagé une agence de sécurité pour assurer la sécurité des personnes et des biens à l’entrée comme à l’intérieur du stade. Le stade a aussi un commissariat spécialisé. Nous avons essayé, avec le Commissaire sur place, de mettre en confiance les agents et de les amener à s’approprier la sécurité, en améliorant leurs conditions de travail. Nous avons fait en sorte que chaque agent du stade soit un agent de sécurité. En ce sens, il faut comprendre que chacun a la responsabilité de sécuriser le service dans lequel il se trouve, mais aussi partout où il sera, à l’intérieur du stade, comme à l’extérieur. Cela a contribué à renforcer le climat de confiance des usagers qui peuvent venir et repartir du stade sans aucun problème. Par rapport à l’assainissement, comme pour le volet sécuritaire, chaque agent doit être un agent d’assainissement. Il faut inculquer la notion d’appartenance à cette infrastructure.
Nous avons créé des points d’attraction qui sont très visibles à travers des espaces verts, des insignes lumineux, des portraits des plus hautes personnalités de ce pays. Ce sont des actions que nous avons entreprises pour créer une attraction et un engouement au niveau du stade. Et nous sommes ouvert pour prendre les observations et les appréciations des uns et des autres.
Le Stade Général Seyni Kountché de Niamey est suspendu depuis plusieurs années par la CAF pour non-conformité aux normes. Où en êtes-vous dans le processus de remise aux normes CAF et FIFA du stade et quels sont les défis à relever ?
Cette question me plaît beaucoup, en ce sens que les gens voient déjà que des efforts sont en train d’être faits pour aménager l’environnement du stade. Mais la question des normes est toute autre. Les normes dépendent de la structure officielle qui gère cette discipline, notamment la CAF. Nous, nous sommes des gestionnaires, des administrateurs, nous sommes dans un cadre que nous devons faire vivre. Le stade a été suspendu pour une question de normes. Je pense que c’est un projet macro qui est en train d’être géré au plus haut sommet de l’Etat avec le Ministère en charge des sports. Plusieurs actions ont été menées, des études ont été faites pour voir les mesures qu’il, faille prendre très urgemment, pour rendre ce stade conforme aux normes de la CAF et de la FIFA. Mais, d’ores et déjà, beaucoup d’efforts ont été consentis en collaboration avec la Fédération Nigérienne de Football à travers la réussite de l’organisation de plusieurs rencontres sportives sous régionales. Aujourd’hui, si le stade arrive déjà à accueillir des compétitions internationales, je pense que ce n’est pas à négliger. Je suis convaincu que la Fédération Nigérienne de Football, à travers son président, le Colonel-Major Djibril Hima, a mis beaucoup de moyens pour que ces rencontres soient jouées sur nos installations. Ce sont des aspects sur lesquels nous pouvons nous appuyer pour essayer de travailler et faire en sorte que même l’équipe A puisse jouer devant son public. Je pense qu’avec cette synergie d’actions entre les parties prenantes, très rapidement le Mena National pourra jouer ses matchs devant son public, au Stade Général Seyni Kountché.
Pour le commun des Nigériens, le stade est une infrastructure de souveraineté qui contribue sans doute à la promotion des sports et l’insertion socioprofessionnelle des jeunes. Quelles sont les opportunités que ce stade offre au public et comment contribue-t-il à la promotion des activités sportives des jeunes ?
Je pense que si le stade est à féliciter, c’est sur ce point. Même si le stade n’est plus homologué pour recevoir les compétitions internationales de football, je vous assure que ce sont plus de deux mille personnes qui fréquentent le stade par jour pour leurs activités physiques. Dans cette logique, étant donné que nous sommes un établissement de service public, nous avons essayé de jouer sur cet aspect. Ainsi, nous nous sommes donné les moyens pour aménager le circuit de parcours de santé pour permettre à tout le monde de venir faire leurs activités physiques et sportives dans de bonnes conditions et dans un environnement sécurisé. Nous continuons de travailler sur cet aspect pour permettre au plus grand nombre de la population de Niamey et ses environs de venir au stade, que ce soit sur conseil médical ou pour prévenir les maladies. En ce qui concerne le sport proprement dit, nous avons créé les conditions pour faciliter l’accès à nos installations à toutes les disciplines sportives. Notre mission, c’est d’encourager et faire la promotion des activités sportives. A ce niveau, nous travaillons en parfaite collaboration avec les fédérations sportives pour la tenue de leurs activités. Et nous sommes en train d’envisager la création d’autres installations pour les disciplines qui n’ont pas encore d’installations adéquates au stade. Concernant l’insertion socioprofessionnelle, nous sommes venus avec une politique et un agenda qui va nous permettre de créer de l’emploi. Quand je suis arrivé, j’ai compris que, pour mettre le stade en état, il faut des jeunes. Même si nous n’avons pas la possibilité d’engager un grand nombre de jeunes, on peut quand même, sur la base d’un certain nombre de statuts comme le volontariat, le stage payant, le travail temporaire, prendre quelques-uns. Nous avons également créé des ateliers dont un atelier de soudure où nous recevons des centaines de stagiaires des écoles professionnelles. Ces jeunes viennent apprendre beaucoup de choses avec notre service technique. Cela rentre dans le cadre de l’accompagnement de l’Etat dans sa mission d’insertion socioprofessionnelle des jeunes.
Interview Réalisée par Abdoul-Aziz Ibrahim (ONEP)