Âgée de 30 ans, Maimouna Salou Mossi est à ce jour la seule boxeuse en activité au Niger. Mesurant 1m 57, avec un poids de 57 Kg la jeune boxeuse est étudiante en 1ère année de psychologie à l’Université Abdou Moumouni de Niamey.
La pratique des Arts martiaux est une passion pour Maimouna. En 2008 déjà, alors qu’elle n’avait que 14 ans, elle intégra le club de Taekwondo de l’EMIG où elle a remporté une médaille d’argent au championnat de la commune V. En 2009, la jeune fille intégra le club de judo du Lycée Technique Dan Kassawa (LTDK) de Maradi, puis la même année elle a déménagé à Niamey pour continuer au club de la ligue Islamique Mondiale de la Rive Droite qu’elle quitta à partir du grade de ceinture jaune. Finalement, son penchant pour la boxe l’emporta sur le Taekwondo et le Judo.
Selon la jeune boxeuse, soigner son hygiène de vie pour une boxeuse est le plus difficile à gérer car, pour rester dans sa catégorie, une boxeuse doit faire très attention à son alimentation. « Quelquefois, il y a un ou deux kilos à perdre avant une compétition et c’est très compliqué », a confié Maimouna. Au Niger, beaucoup de jeunes boxeuses ont jeté l’éponge sans avoir eu la chance de faire leur preuve, a-t-elle dit. « Nous étions nombreuses à pratiquer la boxe au Niger. Mais par manque de suivi, d’organisation de championnat, mes consœurs ont toutes fini par abandonner, parce qu’elles ne voient pas leurs carrières se réaliser là-dedans », a-t-elle fait savoir.
Pour peaufiner sa technique, Maimouna intensifie les entraînements un peu partout au niveau des boxings clubs de la ville à la recherche de ‘’combat’’. « La boxe est un sport de confrontation, on ne peut pas tricher au moment du combat, chaque erreur commise se paye sur le ring, il faut une discipline, une rigueur pour donner le maximum durant les trois rounds de trois minutes sur le ring », explique la jeune sportive. Musculation, technique, tactique, travail en fraction sur piste, Maimouna donne tout à son sport. « Parfois, je me dis : qu’est-ce que je fais là ? Ne devrais-je pas abandonner comme les autres ? » ; s’interroge-t-elle toute émotive.
En 2018, Maimouna a été en Guinée pour le championnat de la Confédération Africaine de boxe zone 2, où elle a été Vice-championne de l’Afrique, puis la même année, au Sénégal pour la qualification aux jeux olympiques, malheureusement elle n’a pas pu combattre en raison d’autres problèmes imprévus. En 2022, la jeune boxeuse a été en Sierra Leone pour le championnat de Confédération Africaine de boxe zone 2, où elle a remporté le titre de Vice-championne une seconde fois.
Comme dans toute chose, les difficultés ne manquent pas. Maimouna a du mal à s’entraîner car étant la seule femme dans ce domaine. « Maintenant je suis obligée de m’entraîner avec les hommes et je ne suis pas vraiment à l’aise. En m’entrainant avec eux, ils se disent que je suis une fille et ils retiennent leur coup ; j’ai demandé à plusieurs reprises à la fédération de m’organiser des combats amicaux avec mes consœurs des pays voisins », a-t-elle ajouté.
Faute de moyens financiers, la boxeuse ne prend pas part à certaines compétions d’envergure internationale. « Il arrive que nous recevions des invitations pour participer aux compétitions auxquelles nous ne pouvons pas être présents par manque de moyens », a-t-elle déploré.
Malgré ces défis, la jeune boxeuse invite les adeptes du sport nigérien, plus précisément les boxeurs à être dynamiques, perspicaces en travaillant dur car, selon elle, la boxe est un art difficile qui n’est pas à la portée de tout le monde. « Au Niger, il y a tellement de gens qui savent combattre que l’on ne connaît pas même à l’intérieur du pays. C’est pourquoi, j’appelle les autorités à fournir des efforts pour que la boxe soit bien pratiquée car, elle peut contribuer à la visibilité d’un pays », a conclu la boxeuse.
Moumouni Idrissa A et Oumarou Farouk Habi (Stagiaires)