A l’instar des autres pays francophones, le Niger célèbre ce 20 Mars le cinquantenaire de la Francophonie, dites-nous sous quels auspices cette célébration est-elle placée ?
Nous vous remercions pour l’occasion que vous nous donnez de parler de cette importante date qu’est le 20 Mars. Le traité instituant l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT), ancêtre de l’OIF, a été signé le 20 Mars 1970 à Niamey dans l’hémicycle de notre auguste Assemblée Nationale par 21 pays sous le leadership des Présidents Diori Hamani du Niger, Habib Bourguiba de la Tunisie, Léopold Sédar Senghor du Sénégal et du Prince Norodom Sihanouk du Cambodge.
Au départ c’était une organisation dont le vecteur principal était la seule langue française comme lien entre les pays qui la partagent. Au fil des années, l’Organisation s’est structurée, s’est modernisée, a renouvelé et enrichi ses actions, ses réseaux, ses partenaires. Elle est devenue un acteur multilatéral important et un modèle de diversité. L’année 2020 marque les cinquante ans de la naissance de la Francophonie. La célébration avec un éclat particulier de ce cinquantenaire vise à démontrer le succès de la vision et de l’ambition des Pères fondateurs, car après un demi-siècle, l’Organisation est toujours plus dynamique. Cette célébration constitue un marqueur d’importance capitale de ce qui est fait de l’héritage des Pères fondateurs et de la destinée que les pays membres veulent aujourd’hui assigner à la communauté francophone.
Pouvez-vous nous dire Madame, le bilan qu’on peut tirer de ces 50 ans de coopération entre les pays francophones ?
50 années après, l’OIF se définit aujourd’hui comme un modèle de diversité et un acteur multilatéral d’importance. De 21 pays à sa signature, elle compte aujourd’hui 88 pays. Elle couvre un peu plus de 300 millions de personnes à travers le monde, ce qui représente environ 10% dans le monde. Et cette dynamique est d’autant plus forte en Afrique avec 60% de la communauté francophone.
La vision de 50 ans de Francophonie est de s’adapter à la complexité des nouvelles réalités et aux défis du monde contemporain. La Francophonie est présente partout car le rythme du monde fait face à des crises politiques et humanitaires qui font rage, des défis technologiques et de développement se posent avec acuité, les populations sont exposées et déstabilisées par le terrorisme, les effets dévastateurs du réchauffement climatique menacent la survie de l’humanité. Ce bilan lui permet de se projeter dans l’avenir.
Quels sont les défis auxquels l’OIF est confrontée aujourd’hui ?
Les défis de l’OIF sont les mêmes que ceux du monde actuel, à savoir ceux liés au changement climatique, la promotion de la paix et de la démocratie, l’éducation, le développement durable et la solidarité, l’égalité des chances hommes/femmes, entre autres. C’est aussi l’usage de la langue française, maintenir l’engouement autour de la Francophonie et surtout s’assurer que la jeunesse restera francophone et francophile alors que d’autres langues comme l’anglais s’imposent à tous les niveaux.
Un des objectifs de la Francophonie c’est aussi l’éducation et la lutte contre les inégalités entre le genre, pouvez-vous nous faire le point sur ces deux préoccupations ?
L’ossature de la stratégie de la Francophonie pour la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes repose sur les droits à l’autonomisation des femmes et des filles, et de sa mise en œuvre. La volonté de systématisation de l’approche genre s’incarne à travers un nouveau dispositif dont l’objectif stratégique est de renforcer l’accès des filles et des garçons à une éducation et à une formation de qualité en vue de l’insertion professionnelle et citoyenne. Ce dispositif entend renforcer l’alphabétisation, l’éducation non formelle et l’enseignement bi-plurilingue au cœur des réformes curriculaires. C’est aussi un deuxième programme qui contribue à créer les conditions nécessaires afin que les enseignants de l’éducation de base et les professionnels de l’éducation délivrent un enseignement de qualité du et en français ; un troisième programme qui renforce l’appui aux politiques publiques dans le domaine de la formation professionnelle et technique pour une meilleure insertion professionnelle des jeunes.
En termes de perspectives, qu’envisage l’OIF pour redynamiser le lien entre les pays membres ?
Conformément au programme de Madame la Secrétaire Générale Louise Mushikiwabo, en termes de perspectives, les priorités de l’OIF s’articulent autour de quatre axes principaux, à savoir le rayonnement de la langue française, la pertinence de la Francophonie, l’emploi des jeunes et l’échange de bonnes pratiques.
Ici au Niger, nous bénéficions de l’appui multiforme et multisectoriel de l’OIF. Dans le domaine de l’éducation et de la formation, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Dans le cadre de la coopération au service du développement durable. Pour la promotion de la paix, de la démocratie, de l’Etat de droit et des droits de l’Homme, l’OIF accompagne notre pays dans le processus électoral à travers un appui à la Commission Electorale Nationale Indépendante. Participe aux perspectives de développement dans l’entreprenariat des jeunes, des femmes. Dans le cadre de la connectivité dans la diversité avec le numérique comme vecteur de développement et de solidarité dans l’espace francophone.
Propos recueillis par Mamane Abdoulaye (onep)