Principal matière de travail des stylistes et couturiers, le tissu, aux côtés du pagne et du bazin, continue de jouer un rôle de premier plan dans l’habillement des Nigériennes. Favorablement accueillis à leur introduction sur le marché, les tissus qui servaient à la confection de hidjabs sont utilisés aujourd’hui pour la confection de jolies robes stylisées, très prisées par les jeunes filles et les mères de famille à Niamey. Cette tendance, au-delà du traditionnel, fascine et façonne les pratiques vestimentaires de différentes générations de femmes de la capitale en quête de renouveler leurs garde-robes.
Cousues dans la plus grande attention, avec une finition fine et élégante digne d’un chef-d’œuvre artistique, les robes confectionnées à partir de ces tissus s’arrachent comme du petit pain. Il faut parfois faire la queue pendant de longs moments devant les nombreux ateliers de coutures éparpillés autour du grand marché de Niamey, pour se les procurer. Ces couturiers formés sur le tas offrent, de l’avis des femmes, les meilleurs services et produits finis.
Mme Ramatou fait partie de ses femmes qui ne jurent plus que par ces nouvelles robes tendances. Pourtant, elle avoue être parmi les détracteurs de la première heure qui ont dénoncé l’utilisation des tissus de hidjabs pour en faire des robes et pantalons.
« Mais depuis que je l’ai essayé, je ne peux plus m’en passer. Ces robes sont pratiques et recouvrent tout le corps et nous fait économiser du temps que nous perdons souvent dans les ateliers de coutures », dit-elle. Mme Ramatou apprécie également, la simplicité de ces tissus qui permettent de coudre n’importe quel modèle de robes, souvent trouvé sur internet.
Les robes sont taillées dans des tissus de diverses matières et qualités. Leurs prix abordables les rendent encore plus populaires. Les tissus, explique un tailleur de la place, portent des noms familiers comme Dan Katsina et Dan Gomna dont le mètre se vend seulement 1.000f CFA. « Il y a aussi des tissus fleuris, en coton, élastique et non élastique. Malgré que c’est la même marque, les qualités diffèrent et les prix ne sont pas les mêmes. Nous avons les tissus au roseau dont le mètre est à 1.000 f CFA, le tube élastique et non élastique qui coûte entre 1.250f et 1.500f CFA, et pour finir, nous avons les tissus appelés Matan Gomna, les plus chers, dont le mètre se vend à 2.000f CFA », poursuit-il.
Non loin de ce spécialiste peu bavard, M. Abdoul Bassit, vendeur et couturier, indique que le choix du type de tissus à utiliser dépend du modèle choisi par la cliente. A cause de leur nombreux avantages, souligne t-il, ils sont utilisés par certains « pour la décoration d’intérieur ou pour couvrir les coussins des canapés, une sorte de chef-d’œuvre pour embellir l’intérieur. Cependant, la majorité les confectionnent soit en hidjabs, en jupes et chemises ou en robes », a-t-il précisé.
La plupart des clientes, témoigne M. Abdoul Bassit, préfèrent se faire coudre des robes évasées ou des robes de soirées pour se démarquer des autres femmes. D’autre par contre, moins nombreuses, commandent des pantalons, des jupes et des chemises. La vocation première qui consiste à fabriquer des hidjabs stylisés, perdure toujours. « Le prix de la confection n’est pas fixe chez nous. il est fonction du modèle choisi et aussi du type de tissus. Nous confectionnons les articles le même jour, en présence de la personne, malgré la complexité de certains modèles qui nécessitent l’utilisation de plusieurs accessoires. Tous les tissus que nous utilisons peuvent être cousus selon le modèle choisi. Par contre, pour faire ressortir la forme de l’article, il y’a des tissus exceptionnels », précise encore le couturier.
Fatiyatou Inoussa (ONEP)