De nombreux jeunes nigériens se lancent de plus en plus dans la transformation et la confection d’articles multiples et multiformes. Certains de ces artisans font preuve d’un savoir-faire hors pair. Munis d’outils de travail traditionnels, les artisans détournent certains articles de leurs usages initiaux, leur donnent de la valeur et rentabilisent leur business. C’est le cas de Mohamed, jeune artisan, fabricant de paniers.
Comme beaucoup de ses collègues, il s’approvisionne en matière première au niveau du Grand marché de Niamey. Ces artisans achètent ainsi des nattes en plastique toutes neuves avec lesquelles ils confectionnent des paniers pratiques très appréciés des utilisatrices.
Assis à quelques mètres du rond-point « pain doré » avec ses collègues de travail, Mohamed, un jeune garçon âgé d’une vingtaine d’années, excelle dans la transformation des nattes en petits paniers facilement transportables. Ambitieux, le jeune Mohamed l’est pour avoir joint couteaux, charbon brulant, nattes à son esprit créatif et pour confectionner de très beaux paniers sous plusieurs formes. « C’est un travail manuel harassant que nous faisons à longueur de journée. Ce travail, comme tous les autres, nécessite une forte dose de patience et de persévérance pour parvenir au résultat escompté », confie le jeune artisan. Mohamed fait appel à la créativité et surtout à la rigueur car, avec une forte concurrence dans la filière, le secret de l’écoulement des articles réside dans la rigueur liée à la confection. « Nous payons les nattes neuves au niveau du grand marché, et nous nous en servons pour confectionner des paniers avec des motifs de toutes sortes et de différentes tailles », a-t-il expliqué.
Avec une seule natte payée à 2.000 FCFA, Mohamed peut confectionner un ensemble de paniers (grands et petits). « Le prix d’un ensemble de paniers varie de 3.500 F à 4.000 F. On vend aussi par unité à 1.000F, 1.250 F, voire 2.000F. Il y a aussi ceux qui ont des couvercles qui peuvent coûter jusqu’à 6.000 F », a-t-il indiqué.
Ce jeune travaille depuis six ans devant le feu et avec des couteaux chauffés. Malgré la pénibilité de cette activité, c’est une passion pour lui. « Je me suis plusieurs fois fait brûler les doigts, mais avec le temps j’ai bien maitrisé le couteau. Maintenant c’est devenu un jeu d’enfant pour moi », a-t-il souligné Ce travail lui permet de vivre sans dépendre de quelqu’un. « Dieu merci, ce travail m’a beaucoup apporté ; je ne manque de rien et ma famille aussi. Actuellement, je suis en train de préparer mon mariage qui s’approche à grand pas. Je fais également de l’élevage et tout ça, c’est grâce à ce travail », confie-t-il d’un air souriant.
Le jeune artisan confie qu’il ya des gens qui viennent acheter leurs articles en gros, pour aller les revendre sur le marché. Il y a aussi les clients ordinaires qui viennent acheter par unité. C’est le cas de Kadidjatou Boubacar venue acheter son panier chez le fabricant. « Je suis enseignante, chaque année, je viens acheter ce genre de panier pour y mettre tous mes cahiers de préparations. C’est facile à porter et c’est consistant », a-t-elle témoigné.
Cependant, a ajouté Mohamed, il existe des journées où la clientèle se fait complètement absente. « Actuellement, nous sommes au bord du goudron. Le fait de travailler sur la route aussi n’est pas confortable ; on ne se sent pas en sécurité parce que la place est mal indiquée pour ce genre de travail. On avait tenté de trouver une place à l’intérieur du marché pour nous installer, mais en vain », a-t-il précisé. Ainsi, pour donner plus de valeur à leur travail, Mohamed demande à l’Etat de leur trouver un lieu adapté pour exposer leurs articles et les aider à avoir du matériel plus sophistiqué. « Nous voudrons que, dans l’avenir, le Niger soit un exemple en matière d’artisanat à travers notre créativité », a-t-il souhaité.
Salima H. Mounkaila (ONEP)