Le ministre de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales, le Colonel-major Garba Hakimi, a présidé, le mercredi 13 novembre 2024 à Niamey, l’ouverture du Forum National sur le décès maternel et périnatal. Ce forum, qui durera 72 heures, a pour objectif de mobiliser toutes les parties prenantes autour des plus hautes autorités pour un engagement en faveur de l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle et périnatale.
Au cours de ces trois jours de réflexion, les participants feront un diagnostic interne et multisectoriel sur la problématique des décès maternels et périnatals ; et proposeront des interventions efficaces à court, moyen et long termes pour réduire la mortalité maternelle et périnatale et les mécanismes appropriés de leur mise en œuvre. Ils analyseront la situation des décès maternels et périnatals dans le pays, formuleront des recommandations pratiques et prendront des engagements formels pour accélérer la réduction des décès maternels et périnatals évitables pour tendre vers la Couverture Sanitaire Universelle (CSU) et les Objectifs de Développement Durable (ODD).
Dans son discours d’ouverture, le ministre de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales a indiqué que les causes des décès maternels et périnatals, tant directes qu’indirectes, sont nombreuses et traduisent une iniquité dans l’accès aux soins de santé de qualité au Niger. Les trois principales causes directes des décès maternels sont les hémorragies graves avant, pendant et après l’accouchement, représentant 34%, l’hypertension artérielle pendant la grossesse avec 28 % et les infections au cours de la grossesse, après l’accouchement ou l’avortement, représentant 24 %. Quant aux causes indirectes, elles sont dominées par l’anémie qui est responsable du décès maternel dans 71 % des cas, soit sept cas sur dix, suivie du paludisme dans 13 % des cas. Pour ce qui est du décès néonatal, les infections, l’asphyxie et les complications de la prématurité sont les causes les plus rencontrées avec respectivement 32 %, 29 % et 24%.
Ces décès maternels et périnatals ont pour facteurs déterminants le retard dans la prise de décision au niveau des ménages pour le recours aux soins ; le retard pour arriver dans une formation sanitaire dû principalement au manque ou au mauvais état des routes, des ambulances et au faible pouvoir d’achat des communautés ,et enfin le retard pour recevoir les soins dans la formation sanitaire. « Ces décès surviennent dans un contexte socio-sanitaire caractérisé par une faible couverture sanitaire physique à 55,45 %, une faible prévalence contraceptive moderne qui est à 10 % et un faible taux d’accouchement assisté à 42,6 %, signifiant que près de 60 % des accouchements ont lieu à domicile sans assistance qualifiée. Cette situation, qui affecte et endeuille les familles et les communautés, survient le plus souvent chez les jeunes filles et femmes du milieu rural, impactant ainsi le potentiel de productivité de nos populations », a mentionné le ministre en charge de la Santé.
Pour prévenir ainsi les décès maternels et sauver la vie des femmes et du nouveau-né, a dit le ministre, il faut prévenir ou gérer les complications qui sont bien connues. Toutes les femmes doivent avoir accès à des soins de qualité pendant la grossesse et après l’accouchement. Il est important que toutes les naissances soient assistées par des professionnels de santé qualifiés. C’est pourquoi, les plus hautes autorités du pays ont inscrit dans le Programme de Résilience pour la Sauvegarde de la Patrie (PRSP) des actions visant l’amélioration de l’accès aux soins et services de santé et sociaux et visant la maitrise de la croissance démographique. « Cela nous permettra d’honorer nos engagements relatifs aux Objectifs de Développement Durable (ODD) qui sont respectivement de 70 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, 12 décès néonatals pour 1000 naissances vivantes et 25 décès des enfants de moins de 5 ans pour 1000 naissances vivantes », a précisé le Colonel-major Garba Hakimi.
Dans cette optique, il est primordial et crucial, selon le ministre en charge de la Santé Publique, de renforcer la surveillance des décès maternels et périnatals à travers leur enregistrement obligatoire à l’état civil et la conduite systématique des audits de tous les décès pour organiser la riposte adéquate et sauver des vies.
Pour sa part, le Représentant de l’OMS au Niger, Dr Manengu Casimir, a souligné que les dernières estimations publiées dans le rapport des Nations Unies intitulé : « Trends in maternal mortality », ont montré que, toutes les deux minutes, une femme meurt pendant la grossesse ou des suites de l’accouchement. Le même rapport indique qu’entre 2000 et 2020, 287 000 décès maternels ont été notifiés dans le monde dont environ 87 % sont survenus en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Est. « Ces statistiques montrent l’urgence de garantir à chaque femme et à chaque fille un accès à des services de santé essentiels avant, pendant et après l’accouchement », a mentionné Dr Manengu Casimir.
Sauver les vies de ces groupes vulnérables, a poursuivi le Représentant de l’OMS au Niger, contribuera à réaliser les transformations nécessaires qui permettront de façonner un avenir plus prospère et plus viable pour les populations. « Telle est l’ambition de la Stratégie mondiale pour la santé de la femme, de l’enfant et de l’adolescent (2016-2030) lancée en septembre 2015 », a-t-il rappelé.
Auparavant, le Gouverneur de la région de Niamey, le Général de Brigade Assoumane Abdou Harouna, a déclaré que malgré tous les engagements auxquels le pays a souscrit, malgré le plateau technique fort appréciable disponible, malgré l’engagement de l’Etat et l’existence d’infrastructures adéquates, les femmes meurent en donnant la vie et les nouveaux nés meurent du fait de l’homme. Pourquoi ? Questionna-t-il ! « Si à la base certaines filles de salles, matrones, sage-femmes, médecins, pédiatres ne changent pas de comportements et ne s’investissent pas pleinement dans ce sens, pourquoi ils ont été formés à grands frais et recrutés, si les agents de l’Etat du corps repartissent leur temps de travail entre les services de l’Etat et les cliniques et cabinets privés, nous ne serons pas sortis de l’impasse. C’est là que réside le nœud gordien », a estimé le Gouverneur de la région de Niamey.
« Ce forum se doit, s’il est réussi, de nous faire oublier les séquelles de ces abjects souvenirs. Ne nous laissons plus habiter par les indifférents, les négligents et les résignés qui sont toujours au service de l’indolence et de l’absence de toute prise de conscience. Au sortir de ce forum, nous devrions être plus vifs pour avoir fait le constat que le souvenir de ces décès se place au sommet des héros de la condition humaine. Désormais, nous serons attentifs à tous manquements y relatifs », a souligné le Général de Brigade Assoumane Abdou Harouna.
Fatiyatou Inoussa (ONEP)