La pollution de l’air est un phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur dans les grandes villes. A Niamey, le phénomène et perceptible de jour comme de nuit à travers la présence de substances polluantes. Selon la règlementation en vigueur, la loi cadre de 1998 relative à la gestion de l’environnement, en son article 37, interdit à toute personne de porter atteinte à la qualité de l’air ou de provoquer toute forme de modification de ses caractéristiques susceptibles de nuire à la santé publique ou à la conservation des biens ; d’émettre dans l’air toute substance polluante, notamment les fumées, poussière ou gaz toxiques, corrosifs ou radioactifs au-delà des limites fixées par les textes d’application de la ladite loi ou par des textes particuliers ; d’émettre des odeurs qui, du fait de leur concentration ou en raison de leur nature, sont particulièrement incommodantes pour l’homme.
D’après Dr Boubacar Thiombiano, spécialiste en soins infirmiers, pédagogue des Sciences de la Santé et intervenant sur le développement durable, la pollution de l’air est la cause de l’émergence de plusieurs phénomènes de santé en lien avec les troubles physiopathologiques essentiellement digestifs, neurologiques, cardio respiratoires, vasculaires, métaboliques, dermatologiques, ainsi que l’observation de certains troubles anatomopathologiques, de la reproduction, embryologiques et de croissance. « S’il faut citer les maladies liées à la pollution, nous pouvons retenir l’hypertension artérielle, l’asthme, le cancer. En plus de cette situation, on assiste de plus en plus à la mutation de certains micro-organismes pathogènes responsables de l’émergence de plusieurs pathologies souvent incontrôlables par des signes atypiques et leur résistance aux molécules déjà présentes sur le marché. Ce qui rend la prise en charge des cas très difficile, voire un mécanisme de prévention inefficace », a-t-il expliqué.
Pour Dr Boubacar Thiombiano, l’action anthropique, comme l’incinération des déchets plastiques et bio médicaux, et l’émission du CO2 liés aux engins à moteur dans l’environnement constituent une cause importante du changement climatique. A l’instar de certains secteurs industriels traditionnellement polluants tels que les secteurs relevant de l’énergie, du transport, de la communication, etc., « toutes ces actions ont leur conséquence sur la chaine d’impact, surtout d’ordre météorologiques, comme les inondations par exemple qui ont un impact réel, surtout sur la santé tant que les normes ne sont pas respectées ».
Selon Dr Boubacar Thiombiano, l’incinération du plastique produit une substance liquide ou gazeuse toxique, sous forme de vapeur ou de fumée en suspension dans l’air. Cet état de fait a des conséquences énormes sur la santé de la communauté, de la famille et de l’individu. Les dégâts sanitaires induits par ces substances inhalées causent plusieurs infections respiratoires aigües sous forme d’allergies, de toux, de bronchite, de rhinite, de sinusite et de rhinopharyngite qui, plus tard, se compliquent en pathologies chroniques dégénératives comme le cancer. « C’est pourquoi, il est important pour la population de préserver l’environnement. L’air que nous respirons est un élément essentiel à la survie de tous les êtres vivants. Par conséquent, nous devons préserver la qualité de cette ressource gratuite, intarissable et inépuisable », a-t-il conseillé.
Les solutions envisageables pour réduire la pollution de l’air
Pour réduire la pollution avec ses corollaires (sécheresses récurrentes, précipitations irrégulières, inondations, épidémie) dans ce contexte de forte vulnérabilité, Dr Boubacar Thiombiano a souligné que la mise en œuvre des directives, des stratégies nationales, régionales et internationales peuvent réduire de façon significative le phénomène de pollution de l’air en agissant sur la qualité et le respect des normes qualitatives, météorologiques et infrastructurelles. « La sensibilisation des individus, de la famille et des communautés reste une action essentielle pour assurer une qualité de l’air. Cela peut se faire à travers la mise en place des incinérateurs communaux, la réduction de l’émission des gaz à effet de serre des moteurs et appareils électroménagers. Il existe aussi des procédés propres qui tendent vers le recyclage industriel des objets plastiques issus des ménages et des services », a-t-il affirmé.
Le spécialiste en soins infirmiers a aussi ajouté qu’en termes de réglementation, plusieurs mesures sont mises en application en conformité avec certains documents normatifs nationaux et internationaux en vigueur pour protéger la population contre la pollution de l’air au Niger. Parmi ces mesures, il a cité, entre autres, le Plan National de l’Environnement pour un Développement Durable ; le Plan d’Action National pour l’adaptation aux changements climatiques, le Programme multisectoriel de résilience au changement climatique Niger, la Stratégie Nationale et Plan d’Action pour la Gestion de l’Environnement Mondial, et la Politique Nationale de Changement Climatique. « Le pays dispose aussi de moyens afin de permettre d’assurer la résilience face au changement climatique et de réduire la vulnérabilité, l’exposition et la sensibilité. En effet, une large sensibilisation sur le respect de l’éthique et de la déontologie des professions est l’une des pistes à mettre en contribution pour attirer l’attention des acteurs pour le respect de toutes les lois et règlements en vigueur, au risque de s’exposer aux différentes sanctions prévues par le Code pénal », a-t-il indiqué. A cela s’ajoute, selon Dr Boubacar Thiombiano, l’engagement du gouvernement de mieux répondre aux enjeux du changement climatique à travers la ratification des accords environnementaux y relatifs ; la mise en œuvre de politiques, de plans, de stratégies et de programmes ; le transfert de technologies et le renforcement des capacités. « La pollution de l’air représente un danger permanent pour la survie et la croissance. La sensibilisation et le respect des normes restent une alternative salutaire pour garantir à tous un environnement sain », a-t-il conclu.
Yacine Hassane (ONEP)