Son nom, c’est Moussa Toukou ; il est artiste, musicien, chanteur, compositeur et interprète ; né un 28 mai, à Niamey il y a de cela 52 ans, il est un ex agent du Musée National Boubou Hama ; ce chanteur est venu à la musique de manière vraiment hasardeuse. Cependant, il reconnaît fredonner des chansons dès le bas âge, comme tous les enfants de son âge. Par la suite, il a partagé une même chambre avec un ami Mamane Ganda qui possédait une guitare. Chaque jour, en rentrant du travail, il le trouve en train de gratter sa guitare. En ce moment, Toukou aussi jouait un peu de la flute. Alors, un jour, il demanda à son voisin de lui donner sa guitare pour qu’il s’essaye un peu. Sans hésiter, il le lui a donné. ‘’C’est dès les premières notes que j’ai su que je pouvais bien manipuler cet instrument de musique’’, explique l’artiste.
Quelques années après, ayant acquis sa propre guitare, M. Toukou approcha alors un grand frère du nom de Soumaïla Pélé, au quartier Kalley-Est de Niamey, qui l’aida à maîtriser l’instrument. ‘‘Je fais ma musique au début avec simplement une guitare solo mais par la suite, je me faisais accompagner par un tambour’’, confie-t-il. Il explique avoir réellement commencé à jouer la musique en 1987, lors de la première édition du Prix Dan Goumou. ‘‘J’y ai été primé premier soliste. En 1989, j’ai encore remporté le 1er prix soliste et en 1999 aussi, j’ai eu le même prix. C’est en 2007 que je fais ma dernière parution au Prix Dan Gourmou où, pour la quatrième fois, j’ai engrangé le 1er prix soliste’’, cite Moussa Toukou.
En plus, plusieurs déplacements, sur invitation, sont à son actif. C’est ainsi qu’à l’investiture du président malien Amadou Toumani Touré, il s’est rendu au Mali pour y jouer sa musique. Il a aussi été invité plusieurs fois au Bénin, au Nigéria, au Burkina Faso, des pays où il y a de fortes communautés nigériennes. Sur invitation du Centre Culturel Français Jean Rouch, le chanteur effectua un voyage en Suisse, en 1997. En 1988, en compagnie des artistes Maman Barka (aujourd’hui décédé), Maman Bagna et Amadou Lilo, il a visité le Pakistan. ‘‘Dans mes chansons, j’évoque plusieurs thèmes : le mariage, l’amour, la guerre, la paix. Je me rappelle que c’est un morceau que j’ai joué sur la paix au Prix Dan Gourmou qui m’a donné le tout premier prix soliste que j’ai gagné en 1987’’, indique M. Toukou.
L’artiste dit aussi composer des chansons de sensibilisation. C’est d’ailleurs cette sensibilisation qui constitue aujourd’hui la base de ses productions. Même s’il dit évoquer plusieurs thèmes dans ses chansons, ‘‘Fatouma dara’’, ‘‘Rama’’, des morceaux qui évoquent l’amour et les femmes, restent les morceaux les plus célèbres de Moussa Toukou. ‘‘J’estime que c’est naturel, car lorsque je composais ces chansons, c’était vraiment en m’amusant. Mais c’est quand même une histoire vraie, j’ai composé Rama à cause de M. Amadou Seydou Nourou, dit Nourou Ouallam, qui est un ami et qui est aussi un artiste et comédien’’. L’artiste reconnait que l’essentiel des textes qu’il interprète sont écrits par Seydou Nourou. ‘‘Moi, je ne fais qu’interpréter et chanter. ‘‘Fatouma dara’’, c’était une copine de Seydou Nourou, tout comme ‘‘Rama’’, mais ce n’est pas le vrai nom de la personne’’, confie le chanteur. De moins en moins présent sur scène, il justifie cette absence par le fait qu’il compose beaucoup plus pour des partenaires qui font de la sensibilisation, mais aussi à cause de la morosité économique ambiante et surtout à cause du désintéressement des jeunes à la musique locale. ‘‘Par le passé, déclare-t-il, on nous appelait pour telle ou telle activité ou festivité, mais maintenant la musique au Niger est devenue ce qu’elle est devenue. Je puis vous dire qu’au Bénin, les gens me connaissent plus que les jeunes Nigériens qui eux s’intéressent plus aux musiques d’ailleurs’’. ‘’Chaque année, je me rends dans la capitale béninoise, Cotonou, au mieux deux fois, sur invitation, pour animer des festivités’’.
Actuellement, Toukou est en train de travailler sur deux albums, qu’il compte sortir dans deux mois. ‘‘Je suis fasciné par beaucoup d’artistes nigériens, à l’image de Maman Bagna dit Gagé, Issoufou Dan-Yaro Sagé que les mélomanes appellent Mao, Mamoudou Abdou Salam et feu Maman Barka. ‘‘Je respecte et apprécient ces artistes pour leurs textes et pour leurs sons. Pour le reste, leurs musiques sont bonnes mais ils doivent travailler encore plus les contenus de leurs textes. Car à travers la musique, on fait passer un message, certes il y a le son mais c’est surtout le message qui importe et pour bien faire passer un message, le contenu doit être aussi bien conçu’’, conseille-t-il. Moussa Toukou a actuellement une trentaine de tubes à son actif.
Mahamadou Diallo(onep)
31/05/19