Monsieur le Directeur Général, l’Office Nigérien de la Population (ONP) a récemment été créé, voudriez-vous nous dire les missions assignées à cet office et qu’est-ce qui a guidé sa création ?
Merci de nous avoir donné l’occasion de parler de l’ONP dans les colonnes de l’hebdomadaire Sahel Dimanche. Avant de parler des missions, il faut d’abord préciser que l’Office Nigérien de la Population a été créé par décret présidentiel pris en conseil des ministres, en l’occurrence le décret N°2022-375/PRN du 27 avril 2022. C’est un établissement public à caractère administratif qui a pour principales missions de développer des stratégies de communication institutionnelle et de mobilisation sociale sur la planification familiale, le mariage précoce, la scolarisation des filles, les violences basées sur le genre communément appelées (VBG) et l’autonomisation des femmes. Il a aussi pour missions de veiller sur la qualité des statistiques de routine concernant la planification familiale, le mariage précoce, la scolarisation des filles, les VBG, l’autonomisation des femmes, les accouchements assistés, de suivre et analyser les indicateurs dimensionnels du dividende démographique. L’ONP a également la mission de concevoir, analyser, suivre et évaluer l’exécution des politiques et programmes en vue de la capture du dividende démographique. Pour savoir ce qui a motivé la création de l’ONP, il faut souligner que cette création matérialise un fort engagement politique au plus haut niveau de l’Etat afin de mieux traiter les questions de population et développement.
C’est d’ailleurs pourquoi l’ONP est directement rattaché à la Présidence de la République pour donner une impulsion et des orientations claires dans la mise en œuvre de toutes les actions concernant les questions démographiques.
Quelles sont les stratégies qui sont aujourd’hui mises en œuvre ou en voie de l’être par votre institution pour maitriser la croissance démographique et favoriser la capture du dividende démographique ?
La principale stratégie mise en œuvre est la promotion du changement social, d’attitudes et de comportement des populations sur les thématiques citées plus haut.
Cette stratégie est sou-tendue par la création de partenariat avec les acteurs locaux (chefs traditionnels, leaders religieux, femmes leaders, jeunes leaders, les enseignants, agents de santé, médias…). Nous avons aussi comme stratégie l’installation des comités consultatifs régionaux départementaux et communaux, la mise en œuvre des initiatives communautaires (Ecoles des maris, Distribution à base communautaire, clubs de santé scolaire.), la production des supports de communication adaptés à notre contexte socioculturel, la réalisation des études sur les comportements sociaux en lien avec les questions démographiques et la prise en compte des variables démographiques dans les plans, politiques et stratégies de développement.
Quels sont les grands défis que vous rencontrez, quand on sait que le Niger est l’un des pays avec le plus fort taux de fécondité qui est estimé à 7,6 enfants par femme ?
D’abord, retenez que le taux synthétique de fécondité a évolué au Niger. Il est aujourd’hui de 6,2 enfants/femme. Les principaux défis sont relatifs aux pesanteurs culturelles et aux mauvaises interprétations des préceptes religieux.
Comme vous le savez, au Niger la majorité de la population a un comportement pro nataliste; pour beaucoup de nos compatriotes avoir beaucoup d’enfants est synonyme de richesse et de considération sociale sans prendre en compte toutes les conséquences qui peuvent en découler en termes d’éducation, de santé, de nourriture, d’emploi, de logement décent…
Doit-on comprendre qu’une population nombreuse est un frein au développement d’un pays ?
Une population nombreuse ne constitue pas un frein au développement d’un pays. Toutefois, il faut que cette population soit en bonne santé, bien nourrie, bien logée, qu’il y ait des emplois décents pour les jeunes afin de booster le développement socioéconomique du pays.
C’est pourquoi nous disons qu’il faut nécessairement une adéquation entre la croissance démographique et la croissance économique du pays pour enclencher la capture du Dividende démographique qui n’est rien d’autre que l’amélioration des conditions de vie des populations. L’adéquation revenus/besoins constitue l’équilibre déterminant qui doit habiter l’esprit de chaque responsable d’une charge de gouvernance d’une communauté. C’est à ce titre que l’on peut prétendre obtenir le capital humain indispensable au bien-être familial et à la capture du dividende démographique.
Après un an d’existence, quels sont aujourd’hui les acquis ou réalisations à mettre à l’actif de l’ONP ?
Je tiens à préciser que l’Office Nigérien de la Population a été créé en avril 2022, soit 15 mois d’existence.
Pendant cette période, notre première tâche a consisté à l’installation de l’office avec la mise en place de l’équipe et l’élaboration du plan d’actions quinquennal. A cela, il faut ajouter la réalisation de quelques activités dont la mission d’identification des membres des comités consultatifs régionaux, l’organisation d’un atelier de plaidoyer pour le financement du dividende démographique, l’organisation d’un atelier sur la problématique de l’autonomisation et de l’éducation de la jeune fille dans la capture du dividende démographique au Niger.
Quels sont les partenaires techniques et financiers qui accompagnent l’Office Nigérien de la Population et quelles sont leurs contributions dans l’accomplissement de vos missions ?
A l’heure actuelle, nos principaux partenaires sont la Banque Mondiale, l’UNFPA, la CEA et d’autres ONG nationales et internationales intervenant dans le domaine de population et développement.
Nous continuons à ce sujet à mener des actions de plaidoyer afin de mobiliser d’autres partenaires susceptibles de nous accompagner dans l’accomplissement de nos missions car, les plus hautes autorités, notamment son Excellence le Président de la République Chef de l’Etat, accordent une place de choix aux questions démographiques.
Aussi, compte tenu du caractère transversal des questions de population, nous collaborons avec les ministères sectoriels tels que, le ministère de la Santé Publique, le ministère de la promotion de la Femme, le ministère de l’Education Nationale, le ministère du Plan, le ministère de la Jeunesse, le ministère de la Culture, le ministère de la Formation Professionnelle, le ministère de l’Emploi.
Propos recueillis par Hamissou Yahaya (ONEP)