Le paludisme est un véritable problème de santé publique au Niger. Pour s’en convaincre de l’ampleur de cette maladie, il suffit de faire un tour dans les formations sanitaires publiques comme privées aussi bien dans la capitale Niamey, qu’à l’intérieur du pays. Cette maladie prend des proportions inquiétantes surtout en cette période de pluies considérée comme propice à l’éclosion des larves de moustiques qui se développent rapidement et se propagent partout. Pour se prémunir contre la piqure de l’anophèle qui est l’agent causal du paludisme, il existe fort heureusement un certain nombre de comportements à adopter en l’occurrence une bonne hygiène du milieu ou le cadre de vie ; le réflexe de dormir tous les jours sous une moustiquaire imprégnée, etc.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’État à travers le programme de lutte contre le paludisme distribue gratuitement les moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDA) et procède chaque année à une large campagne de sensibilisation des populations. Mieux, l’Etat met à la disposition de toutes les formations sanitaires les produits antipaludiques pour la prise en charge gratuite des patients présentant les symptômes de cette maladie à l’issue du diagnostic (test rapide du paludisme).
Pour lutter efficacement contre le paludisme, une maladie mortelle dans notre pays, l’État a décidé, en plus de la distribution des moustiquaires imprégnées, de
mettre à la disposition des formations sanitaires des produits antipaludiques pour une meilleure prise en charge des cas de paludisme. Dans les différents centres de santé intégrés (Saguia, Gamkallé, Boukoki II, Lazaret et Kombo) que nous avons sillonnés, ce lundi 29 août 2022, les médicaments antipaludiques sont disponibles et tous les
patients qui s’y rendent en reçoivent gratuitement. Néanmoins, on constate que beaucoup des patients ne savaient pas que, la prise en charge du paludisme est gratuite. Certains citoyens disent qu’ils n’ont pas une compréhension claire liée à cette gratuite. «J’entends parler de cette gratuité des médicaments du paludisme. Mais je pense que les sérums n’en font pas partie. C’est à travers le réseau social WhatsApp que j’ai appris la nouvelle de la gratuité des antipaludiques», témoigne Hamsatou Ibrahim.
Oumar Rabiou affirme n’avoir pas été informé que les médicaments contre le paludisme sont gratuits. «Quand je souffre du palu, je me contente de faire l’auto-médication parce qu’il faut avoir les moyens pour se rendre au dispensaire. Je ne savais vraiment pas que les cas du paludisme sont pris en charge gratuitement», explique-t-il avec regret. Quant à Farida Ibrahim, habitante du quartier Boukoki II, elle ne s’est pas présentée au CSI pour le paludisme. Mais contrairement à Oumar, Farida a appris de bouche à oreille dans le quartier que, les antipaludéens sont donnés gratuitement au CSI du quartier.
Certes les produits antipaludiques notamment les ACT sont disponibles, mais on relève un déficit d’information par rapport à la prise en charge. Il est donc plus que nécessaire que les populations soient informées et sensibilisés à l’échelle du pays.
Accostée dans les locaux du CSI quartier Abidjan ce lundi matin, Mme Haoua Sani, est venue pour la consultation postnatale avec son bébé emmitouflé au dos, Haoua dit avoir souffert énormément du paludisme au mois de juillet passé. Elle témoigne n’avoir reçu que du paracétamol pour traiter son paludisme. «Quand j’étais venue pour le traitement du paludisme, l’agent de santé m’avait fait comprendre que c’était son heure de descente et qu’elle ne pouvait rien faire pour moi. J’étais partie à la pharmacie pour payer le TDR afin de réaliser le test. Je suis revenue au CSI pour signaler que le test est positif. Comme médicaments, je n’ai reçu qu’une plaquette de paracétamol», raconte-t-elle.
Dans le même mois de juillet, Mariama Hamidou confie que, pour traiter le paludisme dont souffrent ses enfants, elle a dû payer les produits à la pharmacie. Au CSI, elle n’a eu que des comprimés de paracétamol.
Contactée par nos soins relativement aux témoignages de ces deux (2) dames et d’autres anonymes dans les cas similaires par rapport à la prise en charge gratuite du paludisme avec les ACT, la responsable du CSI quartier Abidjan, n’a pas voulu répondre, exigeant que, nous lui présentions une autorisation pour fournir les informations dont nous avons besoin.
On se rappelle que le 1er juin 2022, le ministre en charge de la Santé Publique avait aminé un point de presse relatif la gratuité de la prise en charge des cas de paludisme au Niger. A cette occasion, Dr Idi Illiassou Maïnassara a annoncé que les médicaments antipaludiques, voie orale (ACT) et injectables (artésunate) sont donnés gratuitement quel que soit l’âge. De même que les tests de dépistage rapide (TDR) sont réalisés gratuitement en cas d’urgence. «Tout enfant de 0 à 5 ans suspect de paludisme, reçoit un test de dépistage rapide gratuit. En cas de positivité, un traitement antipaludique par voie orale avec les ACT lui est administré pendant 5 jours gratuitement. En cas de paludisme grave, il est souhaitable de référer le patient à l’Hôpital de District après traitement d’urgence gratuitement», avait-il expliqué.
Il est à noter que les patients de plus de 5 ans sont soumis aux dispositions de la loi sur le recouvrement des coûts de 1996 en ce qui concerne le payement du forfait, qui indique que «tout malade dont l’âge est supérieur à 5 ans, quelle que soit la maladie doit payer un montant qui varie de 900 à 1.100 FCFA en fonction des CSI puis reçoit un test de dépistage rapide gratuit». En cas de positivité, un traitement antipaludique par voie orale avec les ACT lui est administré pendant 3 jours gratuitement. En cas de paludisme grave, il est référé à l’Hôpital de District après traitement d’urgence à base d’artésunate gratuitement.
Aussi, pour les malades de plus de 5 ans, le paiement de ce montant forfaitaire ne prend pas en charge les adjuvants ou produits qui accompagnent la prise en charge du paludisme tels que «les solutés, les perfuseurs, les seringues, les cathéters, le paracétamol, l’anti émétique, l’anti convulsion et les examens complémentaires comme la numération formule sanguine, le taux hémoglobine, la glycémie».
Au vu de cette situation, une large campagne de sensibilisation s’impose par rapport à la prise en charge gratuite en vue de réduire la charge du paludisme en cette saison de pluie.
Oumar Issoufou(onep)