Produites un peu partout dans la zone de Dirkou à Fachi en passant par Bilma et Djado, les dattes sont considérées comme un des produits pouvant soutenir l’économie du Kawar. Les dattiers se trouvent dans des oasis au cœur du Sahara. Les kawariens disposent d’une grande connaissance du dattier qui compte une importante diversité variétale. Cependant, les rendements de la culture du dattier sont faibles du fait de certains paramètres. Une autre difficulté qui freine le développement de cette filière, c’est le coût du transport et le mauvais conditionnement des dattes récoltées. Cela a pour conséquence la mévente et la réduction drastique des revenus liés à la vente du produit.
Dans leur rapport d’étude sur « le développement d’une filière datte au Kawar », réalisé en Avril 2019, M. Chegou Maman et M. Sanda Malam, ont relevé que le développement de cette filière permettra de contribuer à l’amélioration des conditions des vies des populations du Kawar. « Dans un contexte où on veut stabiliser les jeunes (…) il faut mettre en place un programme ambitieux de développement des palmeraies et de valorisation des dattes. Un tel programme doit permettre de restructurer le secteur dattier par des actions qui se traduisent en amont par la modification du profil variétal, la correction de la densité de plantation, la modernisation des techniques de production qui permettra de doubler les rendements et d’améliorer la qualité ; et en aval par la valorisation de la datte à travers la transformation, la réorganisation des circuits commerciaux, l’appui à l’entrepreneuriat agricole et la structuration des acteurs du secteur », ont-ils recommandé.
La récolte des dattes est un événement annuel très important dans le Kawar. Elle se fait toujours selon la tradition et de manière artisanale. Elle est autorisée par les autorités coutumières (chefs des cantons ou des tribus selon la zone), qui donnent le coup d’envoi de l’opération et en fixent le temps qu’elle durera. Généralement, selon la tradition, les propriétaires de dattiers disposent de deux semaines environ pour la récolte. « Selon la tradition et en guise de solidarité et de renforcement des liens de vivre ensemble entre les différentes communautés du Kawar, après les deux semaines, les autres habitants de la zone qui ne possèdent pas des jardins (champs) dattiers sont également autorisés à passer pour récolter les reliquats de dattes laissées par les propriétaires », explique M. Limane Adamou Moustapha, un des producteurs de dattes de Dirkou.
Aussi, il faut noter que la récolte des dattes se fait en trois étapes au Kawar. La première concerne une faible quantité récoltée au stade Routab ou « Touli » en Kanouri, cette récolte est destinée à la consommation familiale. La seconde récolte concerne le ramassage des dattes sèches tombées sous les dattiers appelées « Owombi » en Kanouri, qui est plus destinée à la vente. Et la troisième récolte, considérée comme la vraie récolte, se fait sur les dattes totalement mûres sur les dattiers. Aujourd’hui, du point de vue commercial, de plus en plus, les dattes du Kawar font face à la concurrence avec celles qui viennent des pays voisins, l’Algérie et la Libye.
Au Kawar, la datte fait l’objet de plusieurs transformations dont la plus connue et plus prisée est le Arsa qui est ce mélange de dattes sèches pilées avec de l’arachide. Aujourd’hui, ce produit fait de plus en plus l’objet d’amélioration y compris en ce qui concerne l’emballage. Par exemple au Salon de l’Agriculture, de l’Hydraulique et de l’Elevage (SAHEL) édition 2019, le produit emballé a obtenu le premier Prix en agriculture. Il y a aussi d’autres transformations, notamment le Tigra (dattes pilées avec du mil), Chirap (dattes pilées avec du mil torréfié) Odoufou (confiture de dattes) Sounougou (pâtes de dattes), et bien d’autres.
Beaucoup d’idées ont été développées autour du ARSA conditionné. D’aucuns soutiennent que ce produit emballé, peut servir de ration aux militaires en mission. Les membres d’une coopérative des femmes transformatrices des dattes, ont même suggéré au Gouvernement, à travers les services qui gèrent des internats, de recommander le ARSA dans l’alimentation, surtout scolaire, dans les écoles nomades à cantine. Ainsi, selon certains chercheurs, ce produit peut être diversifié en cherchant différentes formules avec l’appui du laboratoire de l’INRAN et les laboratoires nutritionnistes.
« En améliorant la qualité et en appuyant les groupements féminins du Kawar et les jeunes entrepreneurs kawariens à améliorer la production sous le label ‘’ARSA du KAWAR’’, un réseau local et même national de distribution pourrait être créé et de grosses commandes pourraient être satisfaites. Les voyageurs qui transitent par le Kawar pourraient en acheter. Des points de ventes pourraient être ouverts dans le Kawar, dans les sites aurifères, à Agadez et à Niamey, voire dans d’autres villes du Niger », ont estimé, M. Chegou Maman et M. Sanda Malam dans leur rapport d’étude sur « le développement d’une filière datte au Kawar ».
Ali Maman ONEP/Agadez