Le pétrole brut nigérien est devenu exportable depuis la fin de l’année 2023 avec l’inauguration officielle, par le Premier ministre M. Ali Mahaman Lamine Zeine, du pipeline qui quitte la station initiale de Koulélé jusqu’au port de Semé au Bénin. Cette phase d’exportation du pétrole augure de nouvelles perspectives pour l’économie nigérienne secouée par la pandémie de la covid-19. Le lancement de la mise en production de la phase II du bloc d’Agadem était intervenu le 1er novembre 2023 à Koulélé, point de départ du pipeline. Cette journée est désormais inscrite en lettres d’or dans les annales de l’histoire du Niger. En plus, cet événement majeur marque inéluctablement un tournant décisif pour notre pays qui entend dorénavant exploiter ses richesses dans un élan patriotique pour que les dividendes de nos ressources naturelles puissent profiter à l’ensemble de la population nigérienne.
La mise en production du projet intégré d’amont et d’aval de la phase II du champ pétrolifère d’Agadem constitue la matérialisation concrète du partenariat Chine-Niger dans le secteur pétrolier, un domaine éminemment stratégique pour le développement de notre pays. La manne pétrolière permettra au Niger de répondre avec efficacité et efficience aux multiples défis auxquels le pays fait face : la question sécuritaire ; la résilience des populations face aux effets du changement climatique ; la réalisation des projets structurants pour accélérer le développement et l’amélioration substantielles des secteurs sociaux de base à travers un investissement conséquent. L’exportation du pétrole brut marque un grand changement du rôle du Niger sur la scène économique mondiale dans le domaine du pétrole. Le Premier ministre avait tenu ce jour-là un message d’espoir pour le peuple nigérien, au nom du Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), le Général de Brigade Abdourahamane Tiani.
Le contenu du message est révélateur de la trajectoire sur laquelle le Niger est inscrit. Il s’agit en effet de l’engagement inéluctable, doublé d’une détermination sans faille des autorités de la transition, à travailler sans relâche pour que le Niger puisse s’affranchir, sauvegarder l’honneur et la dignité du peuple souverain. Le curseur sera placé exactement là où se trouvent les intérêts du peuple souverain. Dans cette optique, le Niger reste et demeure ouvert à tous les partenaires au développement qui respectent scrupuleusement ses options de coopération, de développement, ainsi que ses choix stratégiques de souveraineté, de dignité et d’indépendance.
Mieux, le vœu le plus ardent des autorités de la transition est que les ressources issues de l’exportation du brut nigérien soient destinées exclusivement à assurer le développement économique et social de notre pays. En cela, elles veillent méticuleusement à ce que ces ressources soient utilisées à assurer la souveraineté du Niger.
Par ailleurs, la mise en production de la phase II du bloc d’Agadem est aussi un autre pas majeur qui vient d’être fait par rapport à l’ambition du Niger. Ce seront désormais, plus de 90.000 barils par jour de pétrole brut qui seront destinés à l’exportation en plus des 20.000 barils raffinés par la raffinerie de Zinder. Selon le ministre du pétrole M. Mahaman Moustapha Barké Bako, pour atteindre cette nouvelle étape, le Niger a dû réaliser l’un des plus grands investissements de son histoire avec un coût total de plus trois mille milliards de FCFA.
Les péripéties du pipeline Niger-Benin
La réalisation du projet d’exportation du pétrole brut du Niger à travers la construction du pipeline qui quitte la station initiale de Koulélé jusqu’au port de Semé au Bénin devrait permettre aux deux pays frères de consolider et renforcer la coopération bilatérale. Mais malheureusement, les autorités béninoises, obstinées à défendre les intérêts impérialistes et non ceux des populations béninoises, ont décidé de faire fausse compagnie à notre pays dont le péché serait d’abord les événements du 26 juillet 2023, puis les actes de souveraineté (la dénonciation des accords militaires avec la France, le départ des forces françaises du sol nigérien, le retrait des pays de l’Alliance des Etats du Sahel ( Niger, Mali et Burkina Faso) de la CEDEAO ; la dénonciation de certains accords avec le Benin etc. ) qu’il a librement posés au nom de son indépendance.
Ainsi, c’est dans ces relations tendues faites de fermeture de frontière de part et d’autre que les autorités béninoises se sont encore illustrées négativement en proférant à l’encontre de notre pays des chantages infructueux relatifs à la suspension de la vente du pétrole brut à l’international via le port de Semé. Mieux, le pouvoir de Cotonou, cherchant de poux sur un crane totalement rasé, a cru bon d’interpeller et arrêter une délégation de WAPCO Niger, en mission officielle au Bénin. L’objectif assigné à cette mission était de contrôler effectivement la quantité du pétrole brut chargé dans les bateaux à partir du terminal de Semé. Cet épisode a davantage aggravé les relations entre les deux pays et conforte les autorités de la transition dans leur position de ne cautionner aucune compromission où les intérêts du Niger seront lésés, sa souveraineté et dignité, son honneur et son indépendance foulés aux pieds.
Enfin, l’alternative crédible pour l’exportation du pétrole brut est en marche à travers des échanges francs et sincères entre le Niger et Tchad avec l’arrivée d’une délégation du Tchad à Niamey, il y a de cela quelques semaines. Les autorités nigériennes envisagent désormais l’option du recours au pipeline tchadien et son terminal de Kribi au Cameroun.
Hassane Daouda (ONEP)