La vie humaine, reconnait-on, est sacrée dans tous les us et coutumes à travers le monde. Ainsi, qu’il soit vivant ou mort, la dignité et l’honneur de l’homme doivent être préservés. De ce point de vue, la profanation des tombes est strictement interdite et chacun doit participer à la préservation de la dignité de nos morts. Malgré cette volonté, l’on observe dans nos cimetières des actes de profanations et dégradations causés par les animaux, les intempéries, et même parfois par des individus mal intentionnés.
D’après les explications, du président de l’association islamique Faouziyya, chaque musulman a envers un autre six droits. « Le prophète Mahomed (SAW) a dit ‘’Les droits du musulman sur son frère musulman sont au nombre de six : quand il le rencontre, il doit le saluer avec le salam (lui dire ‘’assalam’alaikoum’’); quand il l’invite, il doit répondre à son invitation ; lorsqu’il le consulte sur n’importe quel sujet, il doit lui donner un avis sincère ; lorsqu’il éternue et loue Dieu, il doit demander à Dieu d’être miséricordieux envers lui ; lorsqu’il est malade, il doit lui rendre visite ; et lorsqu’il quitte ce monde, il doit assister à ses funérailles », Hadith rapporté d’Abu Hourayra par Muslim.
Selon ce leader religieux, l’accompagnement est la chose la plus précieuse pour le défunt et doit être accomplie dans la concentration, le respect des autres qui sont dans leurs tombes. « Si l’on constate quelque chose à arranger on le fait automatiquement tel que le fait de fermer une tombe ouverte. Qu’il y ait décès ou pas, le prophète (SAW) a recommandé aux fidèles de visiter les tombes pour renforcer leur foi et prier pour les autres », a-t-il précisé.
Relativement à la saturation des cimetières, Oustaz Moustapha Ahoumadou a précisé qu’il n’y a pas un temps bien déterminé ou précis pour fermer un cimetière. Toutefois, a-t-il souligné, il y a quelques principes à suivre. Ainsi la fermeture d’un cimetière dépendra de la nature du sol ou du lieu d’enterrement. Car, le sol peut être humide, argileux, sablonneux ou rocailleux. Ceci participe à accélérer ou à retarder la décomposition ou la disparition du corps. C’est ainsi que Oustaz Moustapha Ahoumadou a conseillé de respecter les chiffres suivants 33 jours, 63 jours, 93 jours. A partir de ce dernier chiffre, l’on suppose que, quelle que soit la nature du sol, le corps pourrait disparaitre ou devenir poussière. « Le fait de retrouver un corps lors du creusage d’une tombe n’est pas un acte de profanation du moment où l’acte n’est pas délibéré », a-t-il précisé.
Pour notre interlocuteur, la cohabitation entre vivants et morts n’est pas souhaitable. « Car, dans certains cas nous les dérangeons avec des bruits (la musique, les bruits des moulins) et vice-versa. Les vivants également peuvent être effrayés s’ils entendent ou voient des choses troublantes qui se passent au niveau des cimetières », fait-il observer.
Ce leader religieux épouse l’idée de la fermeture du cimetière à condition d’ouvrir un autre mais sécurisé. « C’est lorsqu’on isole le cimetière de la ville que le risque de profanation est plus grand. Car, certains animaux qui se nourrissent de la chaire peuvent allégrement déterrer des corps. En plus, certains esprits malveillants, pour des raisons obscures, peuvent sectionner certains organes du défunt pour des usages mystiques. C’est pourquoi, la sécurisation de ce lieu est primordiale », a-t-il dit.
Actions citoyennes autour de nos cimetières
Dans le cadre de la préservation et de la sécurisation des cimetières, beaucoup d’associations des jeunes et des femmes mènent des actions citoyennes, notamment la salubrité, le désherbage, voire la restauration des tombes. Ces initiatives louables doivent être encouragées et soutenues. Ces actions s’accentuent surtout pendant la saison des pluies où le problème de la dégradation des tombes se pose avec acuité. D’où la nécessité de coordonner ces actions des bonnes volontés pour que cela soit plus utile dans l’intérêt public. Notons que, d’après les experts en la matière, ‘’cette dérive morale’’, à savoir la profanation des tombes, prend de l’ampleur, surtout en période électorale. Certaines sources préfèrent citer la survivance de l’animisme comme l’une des causes de ces agissements déviants.
Mamane Abdoulaye (ONEP)