‘’Chaque année, 25 millions d’avortements non sécurisés sont pratiqués dans le monde. La moitié de ces avortements a été pratiquée dans les pays en développement dont l’Afrique. Entre 2015 et 2019, une Moyenne annuelle de 73,3 millions d’avortement provoqués a été enregistré dans le monde ». Ces chiffres indiquent tout simplement que la situation des avortements non sécurisés est préoccupante dans le monde. Elle l’est encore plus dans les pays en développement dont l’Afrique’’ où presque tous les cas d’avortement à risque avaient été réalisés.
Face au phénomène qui prend de l’ampleur, les spécialistes de la santé ont décidé de rompre le Silence sur les Avortements Non Sécurisés en Afrique de l’Ouest et du Centre. Au cours d’une visioconférence tenue le 27 Décembre dernier, Dr Sosthène Dougrou, Directeur – Ipas Afrique Francophone et Jean-Claude Mulunda Directeur Pays Ipas RDC, ont largement débattu du sujet avec une trentaine de journalistes africains. Professionnel de la santé publique, humanitaire, formateur en Santé Sexuelle et Reproductive, docteur en médecine, Sosthène Dougrou est prestataire de services de SSR et militant des droits des femmes. Le second panéliste, Dr Jean Claude Mulunda milite depuis plus de 12 ans en faveur de la santé et des droits sexuels et reproductifs, et de l’accès universel à des soins de santé sexuelle et reproductive de qualité.
Chiffres à l’appui, le Directeur – Ipas Afrique Francophone a clairement expliqué pourquoi les avortements non sécurisés sont aujourd’hui préoccupants en Afrique où, « au moins 6 millions de femmes interrompent leur grossesse dans des conditions dangereuses ; Plus de 9 femmes sur 10 en âge de procréer vivent dans des pays dont la législation en matière d’avortement est restrictive ; Seulement 1 avortement sur 4 est pratiqué dans des conditions de sécurité. Pour eux, « imposer des restrictions, n’empêche pas le recours à la pratique, mais augmente la probabilité que les femmes utilisent des méthodes dangereuses qui mettent potentiellement en danger leur vie ».
Cette rencontre avec les journalistes a été une occasion pour lui de mettre en exergue les textes de référence aux niveaux international et régional sur les droits sexuels et reproductifs. Il s’agit du Programme d’action du Caire 1994 qui définit les DSSR ; du Programme d’action de Pékin 1995 et du protocole de Maputo en Afrique en 2003. Beaucoup d’informations a été donné sur les DSSR des jeunes et des adolescents, qui selon les textes, ont le droit d’accéder à des soins et services de santé, de la meilleure qualité possible et de services sûrs, efficaces, accessibles acceptables et à des coûts abordables.
Un aperçu général sur la problématique des Conséquences de l’avortement non sécurisé sur la santé des femmes a été donné par le Directeur de Ipas Afrique Francophone qui a ensuite relevé les conditions de vie générale de la Femme africaine sous-éduquée avec des difficultés dans l’accès aux soins de santé ; une femme victime des violences basées sur le genre, du mariage forcé et dont les conditions économiques sont difficiles.
« Tout ceci a amené les pays à adopter le Protocole à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples relative aux droits de la femme en Afrique », selon Dr Sosthène Dougrou. Il s’est beaucoup appesanti sur ce protocole dit de Maputo signé par 49 sur 54 Etats membres. Ratifié et déposé par 37 Etats membres.
Le deuxième panéliste, Dr JeanClaude Mulunda est intervenu sur le cas de la République Démocratique du Congo. Il a donné beaucoup d’explications sur l’application du Protocole de Maputo en RDC; l’élaboration de normes et directives; l’intégration des droits des patientes en matière de SRR dans la réponse nationale apportée à la crise de la Covid-19.
Selon le Directeur Pays de Ipas RDC, « les indicateurs relatifs aux droits des patientes en matière de SSR sont faibles en RDC (forts besoins en matière de contraception non satisfaits, mortalité maternelle élevée, tradition de violence sexuelle, faible autonomie des femmes dans la prise de décision en matière de SSR) ». Entre autres, qu’il a faites lors de cette visioconférence, Dr JeanClaude Mulunda estime qu’il est important « d’utiliser l’information sur les besoins sanitaires et sur l’état de santé général des patientes afin d’obtenir le soutien et la volonté de leadership politiques ».
IPAS est une ONG Internationale créée depuis 1973 et qui oeuvre dans le domaine de la Santé Sexuelle et Droits de la Reproduction. Elle a un Focus spécial sur la réduction de la mortalité maternelle à travers l’offre de service Contraceptif/PF, l’Avortement sécurisé…
Par Fatouma Idé(onep)