Le bureau du Haut-commissariat aux droits de l’homme en Afrique de l’Ouest (HDCH) et celui de la Coordination des affaires humanitaires des Nations Unies au Niger (OCHA), organisent conjointement depuis hier à Niamey, un atelier de cinq jours pour renforcer les capacités de plusieurs civils et militaires dans le cadre du projet «Liptako- Gourma». Le but visé à travers cette formation est de renforcer les capacités des acteurs, mécanismes et structures sur le terrain face aux défis existants dans le domaine de la coordination civilo-militaire. La cérémonie officielle de cette formation, qui vient après celle tenue au Mali, a été présidée par, M. Omer Kebiwou Kalameu, représentant le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, en présence du chef de bureau OCHA au Niger, des cadres de l’administration territoriale et des représentants des Forces de Défense et de Sécurité.
A l’ouverture de la formation, M. Omer Kebiwou Kalameu a rappelé que la région du Liptako-Gourma, située à cheval sur les frontières communes au Burkina Faso, au Mali et au Niger, couvre une superficie de 370.000 kilomètres carrés. Aujourd’hui, a déclaré ce responsable humanitaire, cette région connait une recrudescence de l’insécurité liée à l’activisme des groupes armés terroristes et d’extrémismes violents, à la persistance de la criminalité transfrontalière organisée et à la résurgence des conflits locaux «avec comme résultante de graves abus et violations des droits de l’Homme et du droit international humanitaire». Ce caractère multidimensionnel de la crise au Sahel, a-t-il ajouté, requiert une approche intégrée et coordonnée afin de trouver une synergie et une complémentarité entre l’ensemble des acteurs pour un impact durable des actions sur le terrain.
D’après le représentant du Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, cet atelier «se veut un creuset d’échanges et un cadre de sensibilisation et de formation sur la nécessité d’un partage efficace d’information et d’une meilleure stratégie d’actions communes et concertées afin d’apporter des solutions durables aux questions de coordination civilo-militaire dans la zone des trois frontières». M. Omer Kebiwou Kalameu a également souligné que dans le sens de soutenir l’Autorité pour le Développement Intégré des États du Liptako Gourma (ALG), à relever les défis auxquels ses pays membres sont confrontés, les Agences du Système des Nations Unies dont, le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH), ont développé à partir de 2020 le « Programme Régional Conjoint d’Appui à la mise en œuvre des Activités de Coopération Transfrontalière dans la région du Liptako-Gourma».
Pour sa part, M. Modibo Traoré, Chef de Bureau OCHA au Niger, a expliqué que le ministère de la Défense nationale constitue le partenaire opérationnel le plus important sans lequel il n’y a point de sécurité. «En plus de l’insécurité persistante et la violence perpétrée par des groupes armés contre les civils et les acteurs humanitaires, le changement climatique et ses effets connexes, les inondations saisonnières, les poches de sécheresse et les épidémies fragilisent des milliers de personnes aux conditions déjà précaires», a-t-il dit, avant d’ajouter que 3,7 millions de personnes, identifiées dans le document de l’Aperçu des besoins humanitaires de 2022, ont besoin d’assistance.
Le Chef de Bataillon Salem Abdoulaye Dara, membre des Forces de Défenses et de Sécurité du Niger, a ajouté que le contexte sécuritaire dans lequel évoluent les pays du Sahel doit interpeller aussi bien les acteurs sécuritaires que les humanitaires. Il a indiqué que leurs missions respectives les obligent à interagir en permanence pour atteindre l’objectif commun qui est de soulager la souffrance des populations locales. «Le seul moyen d’atteindre cet objectif passe par une coordination et aussi la connaissance du monde humanitaire par les militaires et vice-versa», a-t-il expliqué. L’officier Salem Abdoulaye Dara a enfin appelé les acteurs militaires qui participent aux travaux de l’atelier de fournir plus d’efforts dans l’apprentissage afin de tirer le meilleur profit possible du fonctionnement des organisations humanitaires.
Rachida Abdou Ibrahim (ASCN)