
Une Séance d’entrainement au club Samouraï
Le mois de ramadan est une période où l’essentiel des programmes des activités sportives est temporairement suspendu au Niger. Cependant, pour maintenir leur niveau et avoir une performance équilibrée, certains athlètes sont obligés de poursuivre les entrainements à jeûne.
Du 21 au 28 mars 2025, l’équipe nationale de football, le Mena, prend part aux éliminatoires de la Coupe du Monde 2026. Cette participation demande beaucoup d’effort, beaucoup de sacrifice et d’entrainement intenses. En effet, l’essentiel des joueurs convoqués pour ce grand rendez-vous sportif jeûnent. Pourtant, l’encadrement technique a su trouver le juste milieu pour adapter un programme d’entrainement au jeûne afin d’être à la hauteur des défis. Pour les sportifs, cette période nécessite une adaptation de leurs routines afin de concilier une activité physique et le respect du jeûne.
M. Abdoulaye Ousmane est une figure emblématique de l’athlétisme nigérien. Avec passion et dévouement, il œuvre depuis plusieurs années à l’encadrement des jeunes talents, les aidant à développer leur potentiel et à exceller dans cette discipline exigeante. Grâce à son engagement, il contribue au rayonnement de l’athlétisme nigérien sur la scène nationale et internationale.
Durant le mois sacré de Ramadan, Coach Abdoulaye Ousmane a changé le programme d’entrainement de ses poulains afin de préserver la performance de ces derniers. Il explique que chaque entraîneur adopte une approche différente, mais de son côté, il préfère organiser les entraînements après la prière d’Icha. Cette adaptation permet aux athlètes de mieux gérer leur énergie tout en respectant leurs obligations religieuses.
Pour maintenir la forme pendant cette période, Coach Abdoulaye recommande à ses athlètes une hydratation continue tout au long de la nuit, ainsi qu’une alimentation équilibrée. Il préconise notamment la consommation de miel, de dattes, de fruits et de légumes, essentiels pour fournir l’énergie nécessaire aux entraînements nocturnes.
Coach Abdoulaye reconnaît que le début du Ramadan entraîne une baisse de performance due aux changements de régime alimentaire et de rythme physique. Pour minimiser l’impact de ces changements, il ajuste la fréquence et l’intensité des séances d’entraînement. « Pour éviter l’excès de fatigue, je réduis le nombre de séances et l’intensité du travail. Pour rester dans le temps, les athlètes doivent rester concentrés sur leur objectif, respecter les séances et le dosage », explique-t-il.
Ainsi, grâce à une planification minutieuse et une gestion adaptée des entraînements, Coach Abdoulaye Ousmane veille à ce que ses athlètes puissent maintenir un bon niveau de performance tout en respectant les exigences du Ramadan. Son approche illustre parfaitement l’équilibre entre discipline sportive et spiritualité.
L’expérience du Club Samouraï pendant le Ramadan
Au niveau de toutes les disciplines, la stratégie reste la même afin de trouver un équilibre entre la pratique du sport et le jeûne. Maître Soumaila Bako, ceinture noire 6è Dan Harmonique de Judo, encadreur et vice-président du Club Samouraï David Douillet, estime que la pratique du sport pendant le mois sacré de Ramadan doit mettre la foi en avant pour appréhender les défis et les opportunités qu’elle représente.

Maître Soumaila Bako souligne que pratiquer un sport durant le Ramadan est une tâche ardue, notamment en raison des exigences physiques et spirituelles imposées par cette période. Toutefois, il insiste sur l’importance de pratiquer du sport pendant le mois de jeûne et affirme que des ajustements sont nécessaires pour permettre aux athlètes de s’entraîner efficacement sans compromettre leur santé ni leurs obligations religieuses.
Pour s’adapter aux contraintes du Ramadan, le Club Samouraï a mis en place des ajustements spécifiques. Maître Bako explique que les entraîneurs sont disponibles à tout temps et proposent des séances adaptées au mois béni de Ramadan. « Les athlètes rompent leur jeûne chez eux avant de venir s’entraîner après la prière d’Isha. Les séances durent environ 1h 45 mn et ne sont pas trop intenses, suivies de 15 minutes consacrées à des conseils de moralité et de développement personnel », a-t-il expliqué.

Selon Maître Soumaila Bako, la pratique sportive, en particulier le judo, joue un rôle essentiel dans la discipline et le renforcement mental des jeunes athlètes. Il affirme que continuer l’entraînement pendant cette période leur permet non seulement de garder la forme et l’équilibre, mais aussi d’apprendre de nouvelles techniques sans pour autant s’épuiser.
Maître Bako insiste sur le fait que le sport est bénéfique pour le corps humain, même en période de jeûne. Il encourage vivement les jeunes à surmonter la paresse et à s’investir pleinement dans leurs entraînements. Selon lui, ne pas s’entraîner pendant le Ramadan, c’est donner aux autres l’opportunité de progresser et de prendre de l’avance. Le Club Samouraï démontre qu’avec une bonne organisation et des séances adaptées, il est tout à fait possible de concilier sport et Ramadan, favorisant ainsi un mode de vie équilibrée et disciplinée pour les jeunes athlètes.
Maître Harouna Halidou Kebo, ceinture noire 3e Dan, connu sous le nom de Maître Eto, est un des responsables de l’Association Sportive de Taekwondo du club AS GNN. Il affirme que les entraînements pendant le mois de Ramadan sont essentiels pour les athlètes. Selon lui, il est inconcevable qu’un athlète qui se respecte passe un mois sans s’entraîner.
Afin de s’adapter aux exigences du jeûne, le club AS GNN a mis en place plusieurs ajustements. Les jours d’entraînement sont désormais fixés au lundi, mardi, mercredi, jeudi et samedi. Les séances commencent après la rupture du jeûne et la prière du Maghrib. Les entraînements se composent principalement de footing léger, de cardio modéré, d’échauffements et d’étirements.
Maître Harouna Halidou Kebo explique que l’objectif n’est pas d’épuiser les athlètes, mais plutôt de leur permettre de maintenir leur condition physique sans compromettre leur santé. « Après les échauffements, nous partons faire la prière surérogatoire, puis nous revenons pour travailler les techniques et tactiques de combat. Il est primordial que les athlètes gardent assez d’énergie pour revenir s’entraîner le lendemain sans risque de tomber malade ou de ne plus pouvoir jeûner », précise-t-il.
Selon lui, le sport est bénéfique à tout temps, que ce soit pendant ou en dehors du Ramadan. Chaque séance d’entraînement est une opportunité pour un athlète d’acquérir de nouvelles expériences et de renforcer son esprit. Il insiste sur le fait que le mois de Ramadan ne doit pas être une excuse pour ne pas s’entraîner. « Chez nous, au club AS GNN, les athlètes perçoivent le Ramadan comme une période particulière, quelque chose de nouveau. Donc, ils s’amusent pendant le mois de Ramadan. Ils sont impatients de rompre leur jeûne pour se retrouver au club et continuer à apprendre de nouvelles techniques », a-t-il expliqué.
Un équilibre entre sport et spiritualité au club «Wangari» pendant le Ramadan
Le Taekwondo est une discipline qui requiert rigueur, endurance et engagement. Au club «Wangari», dirigé par Maître Amadou Oumarou dit Bayraykoye, ceinture noire 6è Dan et Directeur Technique National adjoint, les athlètes parviennent à concilier entraînement et obligations religieuses pendant le mois béni de Ramadan.
Les combattants de niveau moyen et superieur du club «Wangari» poursuivent leurs entraînements tout en respectant le jeûne, malgré les défis imposés par la chaleur et la faim. Selon Maître Bayraykoye, cette adaptation prouve que le Niger est aujourd’hui une grande nation de taekwondo. De plus, il souligne que, parmi les pratiquants, nombreux sont ceux qui exercent également des fonctions religieuses telles que des oulémas ou des muezzins. Cela démontre que l’un n’empêche pas l’autre. Il est tout à fait possible, dit-il, d’être un fervent pratiquant du taekwondo et de rester fidèle à ses engagements spirituels.
Conscient des exigences physiques du jeûne, le club «Wangari» a mis en place un programme d’entraînement spécifique pendant cette période. Les séances se tiennent chaque jour après la rupture du jeûne, à l’exception des dimanches. Elles durent environ 1h 30 mn et se terminent avant la prière d’Ichaa. Ces entraînements sont modérés, évitant toute intensité excessive afin de préserver la santé des athlètes tout en leur permettant de maintenir leur niveau de performance.

Maître Bayraykoye insiste sur les bienfaits de la pratique sportive pendant le Ramadan, non seulement pour la condition physique, mais aussi pour la discipline et le renforcement mental des jeunes athlètes. Il rappelle que le jeûne ne doit pas être une excuse pour l’inactivité, soulignant que les musulmans continuent d’aller à l’école, au travail ou au marché, et que les équipes de football poursuivent leurs matchs. Il estime donc que le taekwondo peut et doit également être pratiqué durant cette période.
Dans un esprit de solidarité et de soutien mutuel, le club «Wangari» organise parfois des ruptures collectives de jeûne. « Ces moments permettent aux athlètes de maintenir leur performance tout en respectant leurs obligations religieuses », a-t-il dit.
Enfin, il a tenu a rappelé l’importance de respecter les règles du Ramadan avant, pendant et après les entraînements. Il souligne que la pratique sportive doit être adaptée aux besoins physiques et spirituels des athlètes musulmans. Il conclut en réaffirmant son encouragement envers la pratique du sport durant le Ramadan, tant qu’elle respecte ces principes fondamentaux. « J’encourage vivement la pratique du taekwondo pendant le Ramadan, cette approche favorise un équilibre entre spiritualité et pratique sportive. Je prends moi-même, à chaque entrainement, quelques minutes pour expliquer à mes disciples certains actes interdits », a-t-il conclu.
Ainsi, au club «Wangari», le taekwondo continue de rayonner pendant le mois sacré, prouvant que sport et spiritualité peuvent parfaitement coexister.
Les Conseils de Dr Souley Kimba pour une pratique sportive adaptée
Selon le Directeur National de la Médecine du Sport, Dr Souley Kimba, plusieurs athlètes de haut niveau continuent leurs entrainements pendant le ramadan, en adaptant leur rythme et leur alimentation. Fort dans son expérience auprès d’athlètes observant le jeûne, Dr Souley Kimba souligne l’importance d’un accompagnement médical adapté. Ayant travaillé avec des joueurs professionnels durant le Ramadan, il observe que l’adaptation des entrainements et une bonne gestion de l’hydratation sont essentielles pour maintenir les performances, sans risquer l’épuisement. « En réalité, le Ramadan n’a pas un impact sur la performance. On peut encourir quelques risques liés à la déshydratation, un arrêt cardiaque et les blessures quand le corps est déshydraté. Mais, il y a des précautions qu’on doit prendre pour pouvoir éviter la survenue de ce genre de problèmes cités » a-t-il expliqué.

Dr Souley Kimba a précisé que le jeûne du Ramadan n’a pas d’impact significatif, ni physique, ni psychologique, sur les joueurs lorsqu’ il est bien géré. « Il faut aller sur des questions de fusion pathologie. Or, pour pouvoir pallier ces problèmes au niveau du souhour, il y a une alimentation adaptée que les joueurs doivent prendre pour avoir l’énergie maximale pour les entraînements et pour les compétitions » a-t-il dit.
Le Directeur National de la Médecine du Sport recommande aux joueurs de haut niveau de prendre une alimentation équilibrée lors du Souhour, riche en glucides et en protéines à digestion lente, mais ils peuvent prendre aussi des aliments qui ont un potentiel glucidique lent à savoir les céréales, le riz, les pattes, afin de fournir une énergie durable tout au long de la journée. De plus, il souligne l’importance d’une hydratation adéquate, suggérant de consommer environ 1,5 litre d’eau pouvant couvrir le besoin journalier de l’organisme en eau.
Assad Hamadou et Fatouma Y. Beidi (Stagiaire)